Formation en biologie moléculaire et cellulaire à l'École polytechnique

La biologie à l’X : un enseignement novateur

Dossier : BiotechnologiesMagazine N°726 Juin/Juillet 2017
Par Yves MECHULAM (80)

La biolo­gie se situe au car­refour des sci­ences. Les prob­lèmes qu’elle doit résoudre néces­si­tent les out­ils les plus per­for­mants de chaque dis­ci­pline. La pluridis­ci­pli­nar­ité qui car­ac­térise l’École per­met un enseigne­ment nova­teur de la biolo­gie aux inter­faces avec l’informatique, la mécanique, la physique, la chimie ou les math­é­ma­tiques appliquées. 

La biolo­gie, tout au moins ain­si désignée, a été fondée aux XVIIIe et XIXe siè­cles par d’illustres nat­u­ral­istes qui ont observé la bio­di­ver­sité et en ont déduit les lois fon­da­men­tales qui régis­sent le vivant. 

“ Une première révolution : celle de la biologie moléculaire ”

Lin­né, Lamar­ck, puis Dar­win, Pas­teur, Mendel, ont joué un rôle clé dans l’établissement de la théorie de l’évolution qui fonde notre com­préhen­sion du vivant. 

L’intégration de ces travaux a abouti à une intense activ­ité autour de la chimie du vivant, avec en par­ti­c­uli­er la démon­stra­tion en 1944 par Avery que l’ADN con­stitue le sup­port de l’information génétique. 

C’est l’association de biol­o­gistes, comme James Wat­son, de chimistes et de physi­ciens, comme Ros­alind Franklin et Fran­cis Crick, qui a per­mis de com­pren­dre en 1953 les bases du fonc­tion­nement de cette macromolécule. 

L’élucidation de la struc­ture de l’ADN a entraîné une pre­mière révo­lu­tion : celle de la biolo­gie moléculaire. 

REPÈRES

L’X a été la première école d’ingénieurs généraliste française à introduire la biologie dans le cursus de ses élèves. Le département de biologie offre aux futurs ingénieurs et docteurs une culture solide en biologie afin de les sensibiliser aux enjeux sociétaux qui touchent à cette discipline tels que la santé, l’éthique ou la bio-ingénierie.
Il comporte deux laboratoires de recherche : le laboratoire de biochimie et le laboratoire d’optique et biosciences. Le département est fort de 46 enseignants et chercheurs dont 33 résidents à l’X. 250 élèves de chaque promotion suivent au moins un cours de biologie, et une trentaine se spécialise dans la discipline.

LA RÉVOLUTION GÉNOMIQUE

La deux­ième révo­lu­tion, celle de la génomique, a com­mencé au milieu des années 1990. Elle a été mar­quée par le séquençage du génome humain, un code de plus de 3 mil­liards de lettres. 

“ L’analyse des gros volumes de données générés par la biologie est un enjeu majeur ”

Ce suc­cès a néces­sité des développe­ments tech­nologiques con­sid­érables dans les domaines de la physique, de l’électronique, de l’informatique, de la chimie et de la biologie. 

Les con­séquences sont con­sid­érables, tant pour notre com­préhen­sion du vivant que pour les appli­ca­tions. Nous pou­vons main­tenant abor­der la com­plex­ité du vivant non plus unique­ment de manière ana­ly­tique mais de manière glob­ale à l’échelle des dizaines de mil­liers de macro­molécules qui inter­agis­sent entre elles pour faire fonc­tion­ner une cel­lule, un tis­su, un organ­isme entier. 

La voie est ouverte vers une véri­ta­ble médecine personnalisée. 

UNE NOUVELLE RÉVOLUTION : LA CONVERGENCE

L’enjeu est main­tenant une com­préhen­sion de plus en plus fine des phénomènes biologiques à toutes les échelles, de celle des atom­es à celle des organ­ismes, et même celle des écosys­tèmes. Les pro­grès de l’optique per­me­t­tent d’obtenir des images de plus en plus détail­lées des cel­lules, de leur dynamique et des struc­tures sub­cel­lu­laires qui orchestrent leur fonctionnement. 


L’X pro­pose à ses élèves de deux­ième année une for­ma­tion solide en biolo­gie molécu­laire et cellulaire.
© ÉCOLE POLYTECHNIQUE — JÉRÉMY BARANDE

L’analyse des gros vol­umes de don­nées générés par la biolo­gie est un enjeu majeur. Les mod­èles math­é­ma­tiques néces­saires pour ren­dre compte de ce fonc­tion­nement pro­gressent à grands pas. 

De tels mod­èles seront indis­pens­ables pour con­necter les dys­fonc­tion­nements des sys­tèmes aux patholo­gies afin d’identifier de nou­velles cibles thérapeu­tiques. Les réflex­ions éthiques autour de ces pos­si­bil­ités d’action doivent rester au cœur de nos préoccupations. 

De plus, le coût de plus en plus élevé de ces nou­velles thérapies implique de con­sid­ér­er avec soin les ques­tions économiques. Les sci­ences de l’homme et de la société ont donc un rôle impor­tant à jouer. 

On le voit, la biolo­gie se situe au car­refour des sci­ences. Les prob­lèmes qu’elle doit résoudre néces­si­tent des approches con­ver­gentes, dans lesquelles les out­ils les plus per­for­mants de chaque dis­ci­pline doivent être intégrés. 

Ce n’est qu’ainsi que la recherche cog­ni­tive pour­ra pro­gress­er et que les défis biotech­nologiques pour­ront être relevés. La troisième révo­lu­tion de la biolo­gie a com­mencé, c’est celle de la convergence. 

LA BIOLOGIE À L’X

Le car­ac­tère pluridis­ci­plinaire de la biolo­gie en fait une sci­ence qui a toute sa place à l’X. L’ingénieur poly­tech­ni­cien, futur cadre dirigeant, se doit de pos­séder les bases sci­en­tifiques lui per­me­t­tant de se forg­er une opin­ion éclairée à pro­pos de l’annonce d’une décou­verte ou d’une nou­velle tech­nolo­gie de la biologie. 

“ La capacité à aborder ces questions de façon pluridisciplinaire est un atout considérable ”

D’autre part, de plus en plus de métiers néces­si­tent une com­pé­tence en biolo­gie, que ce soit dans la recherche, l’industrie ou les ser­vices. La capac­ité à abor­der ces ques­tions de façon pluridis­ci­plinaire est un atout con­sid­érable. Les secteurs sont très nom­breux : médica­ment, sécu­rité san­i­taire, tech­nolo­gies médi­cales, économie de la san­té, pro­tec­tion de la bio­di­ver­sité et de l’environnement, sécu­rité agroal­i­men­taire, phy­tosan­i­taire, éner­gies, trans­for­ma­tion des matières pre­mières, éval­u­a­tion des risques. 

Dans ce con­texte, l’X pro­pose à ses élèves de deux­ième année une for­ma­tion solide en biolo­gie molécu­laire et cel­lu­laire, qui s’ouvre vers un cours trai­tant des patholo­gies humaines. 

La biolo­gie des pop­u­la­tions, explic­i­tant les fonde­ments et les enjeux de la bio­di­ver­sité, est égale­ment enseignée. Le dis­posi­tif est com­plété par un enseigne­ment expéri­men­tal tourné vers des prob­lé­ma­tiques de recherche. 

Plus de la moitié de chaque pro­mo­tion suit au moins l’un de ces cours. En troisième année, les élèves peu­vent se spé­cialis­er dans les métiers liés à biolo­gie à tra­vers un pro­gramme d’approfondissement tourné soit vers les con­séquences de la génomique, soit vers les inter­faces de la biolo­gie avec les autres sci­ences. Des par­cours tournés vers l’entrepreneuriat sont égale­ment possibles. 

L’X forme ain­si une trentaine de biol­o­gistes par an. Les débouchés en qua­trième année sont mul­ti­ples, mas­ters en France ou à l’étranger, ou encore écoles d’ingénieurs (Mines-biotech­nolo­gies, Agro ParisTech). 

programme gradué original tourné vers le bioentrepreneuriat et l’innovation biomédicale,
L’X par­ticipe avec HEC, l’Institut Imag­ine et l’Université Paris-Descartes à un pro­gramme gradué orig­i­nal tourné vers le bioen­tre­pre­neuri­at et l’innovation bio­médi­cale, qui asso­cie des étu­di­ants médecins avec des ingénieurs et des spé­cial­istes de l’économie et de la régle­men­ta­tion. © ÉCOLE POLYTECHNIQUE — JÉRÉMY BARANDE

LE SÉQUENÇAGE À LA PORTÉE DE TOUS

Le coût du premier séquençage a été estimé à 3 milliards de dollars. À partir de 2005, les progrès des nanotechnologies, de l’électronique, de l’informatique, de l’optique et de l’ingénierie des protéines ont permis une parallélisation massive du séquençage. Séquencer un génome humain ne coûte plus aujourd’hui qu’environ 500 euros !

UNE MATIÈRE PAR ESSENCE PLURIDISCIPLINAIRE

Tous les parcours proposent des cours au cœur de la biologie et de l’écologie, mais aussi aux interfaces avec l’informatique, la mécanique, la physique, la chimie ou les mathématiques appliquées.
Le thème de l’environnement est ainsi plus particulièrement traité dans un programme pluridisciplinaire : « Sciences pour les défis de l’environnement ».

DES PROGRAMMES PARTAGÉS AVEC D’AUTRES INSTITUTIONS

L’X par­ticipe à plusieurs mas­ters de l’Université Paris-Saclay, dont Biolo­gie-San­té, Bioin­for­ma­tique et Bio­sta­tis­tiques, Bio­mé­canique, Math­é­ma­tiques du vivant. L’enjeu pour l’École est main­tenant de prof­iter de sa pluridis­ci­pli­nar­ité pour con­stru­ire de nou­velles formations. 

Des cours de biolo­gie sont ain­si pro­posés dans le pro­gramme bach­e­lor. L’X par­ticipe avec HEC, l’Institut Imag­ine et l’Université Paris-Descartes à un pro­gramme gradué orig­i­nal tourné vers le bioen­tre­pre­neuri­at et l’innovation bio­médi­cale, qui asso­cie des étu­di­ants médecins avec des ingénieurs et des spé­cial­istes de l’économie et de la réglementation. 

Une voie de développe­ment pour l’X con­siste main­tenant à utilis­er ses savoir-faire pluridis­ci­plinaires pour créer des for­ma­tions pro­fes­sion­nal­isantes orig­i­nales au ser­vice de l’innovation, du développe­ment et de l’ingénierie en rap­port avec les per­spec­tives ouvertes par la biologie.

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