Jean-Claude Ponsin (50)

Dossier : ExpressionsMagazine N°669 Novembre 2011
Par Jacques DENANTES (49)

Nous apprenons le décès de notre cama­rade Jean-Claude Pon­sin, à l’âge de 81 ans. Ses obsèques ont eu lieu jeu­di 4 août 2011 au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Il avait réus­si ces dernières années, grâce à sa volon­té inébran­lable, à tri­om­pher d’un can­cer. Il est mort brusque­ment d’une intox­i­ca­tion par des champignons vénéneux.

Vocation sociale

Jean-Claude Pon­sin avait par­ticipé à la créa­tion du groupe de tra­vail qui, sous l’égide de Jacques Gal­lois, a pris en charge la rubrique « Forum social » de notre revue. Orig­i­naire du départe­ment du Gers, il était né dans une famille de mil­i­tants communistes.

Le vrai sens de la solidarité
Alors qu’il était encore enfant, sous l’Occupation alle­mande, au grand dam de sa mère, Jean- Claude Pon­sin déci­da que, pour man­i­fester leur sol­i­dar­ité avec les Juifs per­sé­cutés, sa sœur et lui iraient à l’école en por­tant l’étoile jaune cousue sur leur vêtement.

Bril­lant élève, il inté­gra l’X, puis enta­ma une car­rière d’ingénieur à Cuba dans les travaux publics où il pas­sa trois années de la décen­nie 1960. À l’âge de 40 ans, il entre­prit des études pour devenir médecin. Il exerça ensuite sa nou­velle pro­fes­sion au ser­vice des plus vul­nérables, dans le XVI­I­Ie arrondisse­ment de Paris. C’est en tant que médecin qu’il créa l’Association Pili­er d’angle, qui était une entre­prise d’insertion de chômeurs de longue durée.

Luttes politiques

Dés­in­téressé sur le plan financier, il a toute sa vie été engagé dans des luttes poli­tiques, au Sal­vador jusqu’en 1992, et surtout en Pales­tine. C’est en tra­vail­lant dans un kib­boutz, où il s’était porté volon­taire dans les années 1950, qu’il avait pris con­science du sort des Pales­tiniens. Cette décou­verte déter­mi­na son engage­ment jusqu’aux derniers jours de sa vie, en faveur de la recon­nais­sance de leurs droits. Il a notam­ment con­sacré ses dernières années à la mise sur pied et au fonc­tion­nement, en liai­son avec un parte­naire du camp de réfugiés d’Aïda (Beth­léem), de la com­pag­nie de théâtre Al-Rowwad, com­posée de jeunes Pales­tiniens, dont la dernière tournée en France vient de s’achever.

ll laisse une épouse, des enfants et des petits-enfants, et aus­si de nom­breux amis en France et dans les pays où il a milité.

Dans un numéro de La Jaune et la Rouge pub­lié en 1998 sur le thème de la frac­ture sociale, Jean-Claude Pon­sin a présen­té l’Association d’insertion Pili­er d’angle qu’il avait créée en 1987 avec un groupe de malades alcooliques ren­con­trés dans l’exercice de sa pro­fes­sion de médecin. Il s’agissait de les réin­sér­er sociale­ment en leur procu­rant des emplois du sec­ond oeu­vre du bâti­ment, la pre­mière con­di­tion de leur recrute­ment étant l’abstinence. En 1990, recon­nue par l’administration, l’entreprise s’est ouverte à d’autres publics de chômeurs de longue durée, notam­ment les sor­tants de prison. L’entreprise a con­nu un cer­tain développe­ment lui per­me­t­tant de salari­er jusqu’à cinquante emplois, mais, con­fron­tée aux aléas de son marché, elle a été mise en liq­ui­da­tion judi­ci­aire en 1997. Quelques rescapés ont ten­té de la relancer sous la forme d’une SCOP, mais cela n’a per­mis qu’un pro­longe­ment de quelques années. Dans son arti­cle, Jean-Claude Pon­sin présente deux cas de réin­ser­tion réussie, et il souligne la dif­fi­culté, pour une petite organ­i­sa­tion tenue au respect du droit social, de résis­ter à la con­cur­rence du tra­vail « au noir », que ce soit chez les par­ti­c­uliers ou dans la sous-trai­tance qui per­met à de grandes entre­pris­es d’employer des tra­vailleurs en sit­u­a­tion d’illégalité.

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