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IRSTEA : la science au cœur de l’environnement

Dossier : Dossier FFEMagazine N°724 Avril 2017
Par Véronique BELLON-MAUREL

Qu’est-ce que Irstea ?

Irs­tea est un éta­blis­se­ment public à carac­tère scien­ti­fique et tech­no­lo­gique spé­cia­li­sé dans la recherche pour l’environnement et de l’agriculture.

Label­li­sé ins­ti­tut Car­not depuis 2006, Irs­tea tra­vaille en col­la­bo­ra­tion avec des par­te­naires indus­triels et publics. 

Quelles compétences apportez-vous à vos partenaires ?

Nos par­te­naires attendent de nous des com­pé­tences de recherche et d’expertise, ce qui donne lieu à dif­fé­rents types de par­te­na­riats, des rela­tions B to B aux pro­jets de recherche col­la­bo­ra­tifs menés sur plu­sieurs années, et finan­cés par l’agence natio­nale de la recherche (ANR), l’Europe ou encore le FUI (Fonds unique inter­mi­nis­té­riel). Les indus­triels pro­posent-ils leur projet ? 

Nous sommes régu­liè­re­ment impli­qués dans des col­la­bo­ra­tions « recherche/industrie » où les indus­triels viennent cher­cher des com­pé­tences scien­ti­fiques sur les tech­no­lo­gies, les méthodes innovantes. 

Paral­lè­le­ment, nous tra­vaillons avec les déci­deurs publics locaux ou éta­tiques pour faire pro­gres­ser les connais­sances propres à étayer la déci­sion publique. 

Un cheval de bataille d’Irstea est la méthanisation ?
Pourquoi vous y intéressez-vous ?

La métha­ni­sa­tion est un thème ancré depuis plu­sieurs années à Irs­tea. Elle per­met de pro­duire une éner­gie renou­ve­lable à par­tir de nos déchets ména­gers et agri­coles. En théo­rie, c’est la solu­tion rêvée pour réduire conjoin­te­ment notre fac­ture éner­gé­tique et notre volume de déchets (ordures ména­gères, boues…). 

En pra­tique, de nom­breux ver­rous doivent encore être levés. 

L’essor de la méthanisation dépend des ressources disponibles, des caractéristiques de l’économie locale. Quelle solution pour la France ?

En Alle­magne, il existe des cen­taines d’unités de métha­ni­sa­tion dans les fermes où des céréales (maïs) sont culti­vées spé­cia­le­ment pour être métha­ni­sées, ce qui pose cer­taines ques­tions de mobi­li­sa­tion de la res­source foncière. 

En France, la stra­té­gie n’est pas la même : on cherche plu­tôt à métha­ni­ser des effluents d’élevage et des déchets. 

Que penser de cette option ?

C’est une bonne idée, car elle ne consomme pas de terre agri­cole, mais elle est com­pli­quée à mettre en oeuvre à l’échelle d’une seule exploi­ta­tion, car elle réclame des déchets de dif­fé­rents types. 

Notre but est de tra­vailler sur des pro­jets de métha­ni­sa­tion ter­ri­to­riaux, ce qui génère des dif­fi­cul­tés d’ordre tech­nique et orga­ni­sa­tion­nel : il faut être ain­si sûr que, sur un ter­ri­toire don­né le gise­ment d’effluents, soit assu­ré aus­si long­temps que l’amortissement du maté­riel et qu’il per­mette un modèle éco­no­mique pérenne. 

C’est à dire ?

Il faut être capable d’analyser les gise­ments (loca­li­sa­tion, typo­lo­gie, péren­ni­té) sur un ter­ri­toire. C’est impor­tant dans la mesure où il s’agit de loca­li­ser le métha­ni­seur à l’endroit ad hoc afin de ne pas obé­rer son béné­fice envi­ron­ne­men­tal par des coûts envi­ron­ne­men­taux dus au transport. 

Nous sommes bien là dans un pro­jet qui relève de l’économie durable. 

TROIS DÉPARTEMENTS POUR UN ORGANISME DE RECHERCHE

Département « eaux » : travaux sur la gestion quantitative et qualitative de l’eau de surface : la disponibilité de la ressource, les pollutions, les écosystèmes aquatiques, les systèmes d’irrigation, l’ingénierie écologique et sur les risques naturels liés à l’eau (inondations, avalanches, sécheresse…)
Département « territoires » : travaux sur l’écologie et de l’économie du territoire en particulier la gestion des ressources naturelles.
Département « écotechnologies » : travaux sur les technologies de traitement et valorisation des eaux et déchets, agro-équipements, technologies pour la sûreté alimentaire (froid).

UN EXEMPLE DE VALORISATION : LES EAUX USÉES

« Les eaux usées contiennent des matériaux extrêmement intéressants », confie Véronique Bellon-Maurel. « Le traitement s’emploie aujourd’hui à les éliminer des eaux qui retournent vers le milieu naturel. Nous voulons essayer au contraire de les recycler.
À titre d’exemple, nous travaillons sur le recyclage du phosphore présent dans les boues issues du traitement des eaux usées et qui pourrait être utilisé pour remplacer certains engrais dans l’agriculture. Nous étudions aussi l’utilisation des eaux usées traitées pour irriguer. »

Vous n’oubliez pas l’aspect scientifique…

Bien au contraire. On étu­die la métha­ni­sa­tion à toutes les échelles, depuis la com­pré­hen­sion des pro­ces­sus micro­biens d’émission du CH4 en met­tant en oeuvre l’écologie micro­bienne, jusqu’au sys­tème, avec la métha­ni­sa­tion territoriale. 

La méthanisation est une valorisation énergétique.
Travaillez-vous sur d’autres pistes ?

Oui, bien sûr : Irs­tea a mis au point un pro­cé­dé très inno­vant, la bio élec­tro­syn­thèse micro­bienne, pour construire des « molé­cules pla­te­formes » à par­tir de déchets. L’idée est de cher­cher des sub­sti­tuts au pétrole ! Nous sommes bien dans la recherche, pas dans l’application de solutions. 

Quelle est votre ambition dans les années futures ?

Irs­tea a l’ambition de deve­nir un lea­der euro­péen de la recherche pour l’environnement et la réfé­rence scien­ti­fique pour l’appui aux poli­tiques publiques euro­péennes en s’appuyant sur des logiques mul­ti­sec­to­rielles et de territoires. 

Le tout en mesu­rant l’impact envi­ron­ne­men­tal et social des tech­no­lo­gies et pra­tiques que nous met­tons au point.

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