La modélisation et la simulation au service de la qualité de l’air

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°771 Janvier 2022
Par Xavier LITRICO (90)
Par Jacques MOUSSAFIR

Pol­lu­tion atmo­sphérique, dégra­da­tion de la qual­ité de l’air, change­ment cli­ma­tique… sont autant de phénomènes que la mod­éli­sa­tion et la sim­u­la­tion per­me­t­tent de mieux appréhen­der. En met­tant leurs forces en com­mun, ARIA Tech­nolo­gies et le groupe SUEZ pro­posent aujourd’hui des solu­tions inno­vantes et haute­ment tech­niques aux indus­tries et aux col­lec­tiv­ités locales pour faire face à ces enjeux. Expli­ca­tions de Jacques Mous­safir, fon­da­teur et DGA de ARIA Tech­nolo­gies et Xavier Litri­co (90), directeur recherche et sci­en­tifique du Groupe SUEZ.

Quelle a été la genèse d’ARIA Technologies ?

Jacques Mous­safir : ARIA Tech­nolo­gies a vu le jour en 1990 alors que j’étais chercheur à EDF dans le domaine de l’environnement. Dans ce cadre, je tra­vail­lais notam­ment sur le développe­ment de sys­tèmes de cal­cul des pol­lu­ants et des émis­sions dans le monde de l’énergie et du nucléaire. Cette péri­ode coïn­cide, d’ailleurs, avec l’explosion de Tch­er­nobyl. À l’époque, nous avions déjà une cer­taine avance sur le sujet. Nous étions con­scients du fait que le risque exis­tait et qu’il était essen­tiel de le prévenir. 

Avec deux asso­ciés, nous avons quit­té EDF et avons créé ARIA Tech­nolo­gies afin d’apporter des solu­tions pour le cal­cul de la dis­per­sion des pol­lu­ants atmo­sphériques dans le secteur de l’énergie. Depuis nous avons élar­gi notre périmètre d’action aux col­lec­tiv­ités locales, aux indus­tries, au suivi du traf­ic, à l’évaluation du risque san­i­taire, et plus récem­ment du risque climatique… 

Au cœur de votre activité, on retrouve la simulation de l’air. De quoi s’agit-il et quelles en sont les applications ?

J.M. : Les prin­ci­pales appli­ca­tions que nous avons dévelop­pées sont des mod­èles qui per­me­t­tent de faire une car­togra­phie 24/24 de l’impact des rejets atmo­sphériques d’une usine (sta­tion d’épuration de l’eau, raf­finer­ie, cimenterie, cen­trale ther­mique…). L’idée est d’avoir un sys­tème opéra­tionnel en con­tinu pour décrire avec pré­ci­sion la car­togra­phie de l’impact d’une instal­la­tion indus­trielle et pou­voir inter­venir en cas de prob­lème, de dys­fonc­tion­nement ou d’augmentation du niveau de pol­lu­tion… 

ARIA Tech­nolo­gies est égale­ment capa­ble de pro­pos­er ce ser­vice à l’échelle d’une ville, d’une col­lec­tiv­ité locale, d’une région, voire d’un pays. Dans ce cas de fig­ure, nous ne nous intéres­sons plus unique­ment aux usines, mais à l’ensemble des émis­sions : traf­ic auto­mo­bile, chauffage domes­tique… En cap­i­tal­isant notam­ment sur des mod­èles dévelop­pés par le CNRS, comme le mod­èle pho­tochim­ique CHIMERE, ou codévelop­pés avec le CEA comme le code PMSS, nous pou­vons faire des cal­culs en temps réel et avec une réso­lu­tion métrique à l’échelle d’une ville ou d’une région. 

Les cal­culs haute per­for­mance que nous réal­isons nous per­me­t­tent aus­si de définir les lignes d’optimisation : créa­tion de zones à cir­cu­la­tion lim­itée, réduc­tion des points chauds, suivi par­ti­c­uli­er des écoles ou des étab­lisse­ments rece­vant du public… 

En mai 2020, ARIA Technologies a été rachetée par le groupe SUEZ. Qu’en est-il ? 

Xavier Litri­co : Depuis 150 ans et à une échelle inter­na­tionale, SUEZ est un acteur majeur de la ges­tion de l’ensemble du cycle de l’eau et des déchets. Récem­ment, nous avons dévelop­pé une 3e ligne de solu­tions, Smart & Envi­ron­men­tal Solu­tions, qui sont des solu­tions dig­i­tales au ser­vice de l’environnement. Au sein de cette busi­ness unit, il y a une divi­sion « Air et Cli­mat » qu’ARIA Tech­nolo­gies a inté­gré suite à son rachat par le groupe SUEZ. L’objectif glob­al de cette busi­ness unit est de pro­pos­er des solu­tions pour amélior­er la qual­ité de l’air, et pour con­tribuer à la lutte con­tre le dérè­gle­ment cli­ma­tique. ARIA Tech­nolo­gies, forte de ses capac­ités et exper­tis­es dans le domaine de la sim­u­la­tion et de la mod­éli­sa­tion, va nous per­me­t­tre de pro­pos­er à l’ensemble de nos clients des solu­tions à forte valeur ajoutée sur ces dimen­sions Air et Climat. 

Con­crète­ment, SUEZ va pou­voir éten­dre son offre, ren­forcer son posi­tion­nement et pren­dre de nou­velles parts de marché avec : 

Les col­lec­tiv­ités locales : face à l’enjeu du change­ment cli­ma­tique et de la qual­ité de l’air (par­tic­ules fines, pol­lu­ants…), les capac­ités de sim­u­la­tion et de mod­éli­sa­tion d’ARIA Tech­nolo­gies nous per­me­t­tent d’aller plus loin. Ain­si, actuelle­ment, nous testons dans les préaux d’écoles et les sta­tions de métros, qui sont des espaces con­finés et semi-con­finés, des cap­teurs et des solu­tions de traite­ment de l’air pour élim­in­er les pol­lu­ants et les micro-particules ; 

Les indus­triels : nous tra­vail­lons sur la min­imi­sa­tion de l’impact de l’industrie au tra­vers du développe­ment d’applications pour mieux mesur­er l’impact sur l’environnement, réduire les nui­sances et traiter effi­cace­ment les émis­sions en temps réel. 

J.M. : Depuis plus de 30 ans, ARIA Tech­nolo­gies est un acteur incon­tourn­able dans le domaine de la sim­u­la­tion numérique de la pol­lu­tion atmo­sphérique. Au fil des années, nous avons adap­té et fait évoluer nos out­ils de cal­cul en cap­i­tal­isant sur les meilleures tech­nolo­gies disponibles en matière de cal­cul inten­sif et haute per­for­mance. Au cours de ces trois décen­nies, nous avons dévelop­pé notre activ­ité en France mais aus­si dans le monde avec 75 % de notre chiffre d’affaires réal­isés à l’export. Ce rap­proche­ment avec SUEZ va nous per­me­t­tre d’élargir encore plus notre périmètre d’action aus­si bien en ter­mes de ser­vices et de solu­tions que sur le plan géo­graphique en allant à la con­quête de nou­veaux marchés. En effet, grâce à la force de frappe mon­di­ale du groupe SUEZ, nous allons pou­voir nous posi­tion­ner sur des marchés qu’ARIA Tech­nolo­gies ne pou­vait pren­dre en charge seule, mais aus­si explor­er de nou­velles per­spec­tives comme le développe­ment d’équipements de dépol­lu­tion pour l’industrie et les villes. 

Dans un contexte marqué par l’urgence climatique et la question de la qualité de l’air, quelle est votre proposition de valeur ? 

J.M. : La propo­si­tion de valeur de SUEZ dans le domaine de l’air est de don­ner les moyens à nos clients col­lec­tiv­ités et indus­triels d’améliorer la qual­ité de l‘air sur leur ter­ri­toire et de con­tribuer à l’atténuation et à l’adaptation aux change­ments cli­ma­tiques. Les tech­nolo­gies que nous util­isons ont été dévelop­pées en col­lab­o­ra­tion avec le CNRS et le CEA. Nous réal­isons des cal­culs d’adaptation au change­ment cli­ma­tique afin de déter­min­er les bonnes pra­tiques et opti­miser la prise de décision.

Nous avons notam­ment été chargés de tra­vailler sur 13 pays en voie de développe­ment situés en Afrique, pour les aider à com­pren­dre et à tir­er par­ti des don­nées du GIEC afin de guider leur prise de déci­sions, de déter­min­er les actions et ini­tia­tives à déploy­er pour lim­iter les impacts sur leur économie et la san­té publique. 

Ces travaux sont générale­ment financés par des grandes insti­tu­tions inter­na­tionales comme l’ONU ou la Banque Mon­di­ale. Et dans ce cadre, nous essayons aus­si de trans­met­tre ces com­pé­tences, savoir-faire et exper­tis­es à ces pays. 

Quels sont vos enjeux et vos ambitions dans cette continuité ? 

J.M. : Au sein du groupe SUEZ, ARIA Tech­nolo­gies a la pos­si­bil­ité d’être un « game chang­er ». En nous appuyant sur notre équipe de sci­en­tifiques et de chercheurs, mais aus­si sur les moyens humains, tech­niques et financiers de SUEZ, rien ne nous empêche de pro­pos­er des solu­tions com­plètes qui cou­vrent toute la chaîne de valeur, du mon­i­tor­ing de la qual­ité de l’air aux solu­tions de traite­ment. C’est un enjeu et un objec­tif qui mobilisent et motivent l’ensemble des équipes d’ARIA Technologies ! 

X.L. : Aujourd’hui, nous sommes en mesure de pro­pos­er une offre struc­turée et inter­na­tionale sur l’air et le cli­mat à l’ensemble de nos clients dans le monde entier. La mod­éli­sa­tion et la sim­u­la­tion de l’air, de l’atmosphère et des émis­sions de gaz à effets de serre sont des sujets d’avenir. Le développe­ment de ces domaines néces­site des com­pé­tences et des exper­tis­es pour être tou­jours à la pointe et pro­pos­er des solu­tions per­ti­nentes et dif­féren­ciantes. Nous invi­tons bien évidem­ment tous les ingénieurs qui s’intéressent à ces sujets d’avenir à nous rejoin­dre. Dans le domaine de la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique, nous avons besoin de tous les tal­ents pour inven­ter les solu­tions de demain ! 

Poster un commentaire