Investisseur sur le long terme au secours des PME en difficulté

Dossier : SupplémentMagazine N°748 Octobre 2019
Par Franck KELIF

Perce­va se posi­tionne comme un investis­seur sur le long terme afin d’aider les entre­pris­es français­es en crise à se repo­si­tion­ner. Expli­ca­tions de Franck Kelif, directeur général de la société d’investissement Perceva.

Sur le marché du retourne­ment, vous avez la spé­ci­ficité d’agir comme un investis­seur sur le long terme. Pourquoi ce choix de positionnement ? 

Notre stratégie pre­mière con­siste à accom­pa­g­n­er des pro­jets d’entreprise. Nous accom­pa­gnons ain­si des PME et des ETI dont le chiffre d’affaires est com­pris entre 50 et 500 mil­lions d’euros, qui dis­posent d’un savoir-faire humain et indus­triel, ain­si que d’un posi­tion­nement de référent sur leur seg­ment, mais qui pour divers­es raisons sont con­fron­tées à une phase de dif­fi­cultés et à la néces­sité de se repo­si­tion­ner. Il peut s’agir de dif­fi­cultés liées à :

  • Des prob­lé­ma­tiques actionnariales ;
  • Des prob­lé­ma­tiques stratégiques ou opérationnelles ;
  • Des prob­lé­ma­tiques de rentabil­ité ou d’équilibre financier comme bilantiel.

Dans ces sit­u­a­tions, notre pre­mière approche est d’identifier dans un délai court la nature des dif­fi­cultés, les points forts de l’entreprise, et de com­pren­dre s’il est pos­si­ble de recréer un momen­tum entre l’entreprise, son corps social, ses four­nisseurs et ses créanciers. Dès cette équa­tion partagée avec une équipe de man­age­ment, nous veil­lons à recap­i­talis­er l’entreprise et met­tre à sa dis­po­si­tion notre réseau d’experts afin de l’accompagner dans la mise en œuvre de son repo­si­tion­nement à moyen terme.

Plus par­ti­c­ulière­ment, quelles sont les entre­pris­es qui vous intéressent ? Sur quels critères vous appuyez-vous ?

Nous nous appuyons sur des critères précis :

  • Des entre­pris­es français­es qui peu­vent avoir un développe­ment à l’international ;
  • Des entre­pris­es qui ont un savoir-faire et un poten­tiel de développe­ment, ain­si qu’une capac­ité à devenir un con­sol­i­da­teur du marché. Nous n’investissons ain­si pas dans des repo­si­tion­nements ou des réor­gan­i­sa­tions complètes ;
  • Des entre­pris­es qui ont un pro­jet humain : nous investis­sons dans une équipe et son pro­jet d’entreprise.

Nous sommes vrai­ment sur une stratégie de ‘‘fix & build’’ que nous avons, par exem­ple, déployée aux cotés des dirigeants d’Emova (ex Mon­ceau Fleurs), d’Ocealliance, ou de Shark, en leur don­nant les moyens de se recon­stru­ire sans con­trainte de temps, de devenir réfèrent de leur indus­trie puis de se posi­tion­ner comme con­sol­i­da­teur de leur secteur au tra­vers d’acquisitions.

En par­al­lèle, quelles sont les ten­dances qui mar­quent actuelle­ment le marché du retourne­ment ?

Mal­heureuse­ment, il y a encore trop peu d’acteurs dans ce domaine, qui néces­site une impli­ca­tion opéra­tionnelle impor­tante et une stratégie d’accompagnement de long terme. Con­traire­ment à d’autres seg­ments du Pri­vate Equi­ty, ce n’est pas un marché de vol­umes et les opéra­teurs doivent avoir une stratégie ciblée, avec des équipes spé­cial­isées, à même de con­sacr­er le temps req­uis à chaque société, à l’inverse d’une logique de porte­feuille impor­tant reposant sur des durées de déten­tions cour­tes. Dans un écosys­tème français qui béné­fi­cie pour­tant d’une réelle écoute de l’environnement pub­lic, peu d’acteurs ont réus­si à ce jour à mobilis­er les fonds néces­saires sur ce seg­ment, qui s’apparente à une cul­ture et une démarche industrielle.
Nous pen­sons cepen­dant que le développe­ment de ce seg­ment est essen­tiel, et encour­a­geons les ini­tia­tives en ce sens. Au-delà du car­ac­tère très val­orisant pour les équipes d’accompagner des entre­pris­es sur des pro­jets à forts enjeux stratégiques, où l’humain occupe une place cen­trale, per­me­t­tre le rebond de PME et ETI français­es lors d’accidents de par­cours est un enjeu déter­mi­nant pour le tis­su indus­triel français.

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