Investir dans la transition énergétique et écologique

Dossier : Dossier FFEMagazine N°720 Décembre 2016
Par Jean-Guillaume PÉLADAN (88)

CHOISIR LE BON PÉRIMÈTRE

Le pre­mier écueil con­siste à lim­iter l’analyse à un périmètre tron­qué. L’impact car­bone, qui jouit pour­tant d’une nomen­cla­ture stan­dard­is­ée, nous réserve des sur­pris­es. Ain­si, l’empreinte car­bone d’une auto­mo­bile se décom­pose en moyenne en 3 % pour le con­struc­teur, 17 % pour les sous-trai­tants et 80 % pen­dant l’utilisation du véhicule. 

Or un investis­seur dis­pose au mieux des émis­sions directes du con­struc­teur, soit 3 % ! Et les émis­sions directes et indi­rectes ne con­stituent que la moitié du sujet… 

N’oublions pas les émis­sions évitées. Prenons un fab­ri­cant d’isolants en laine de roche (Rock­wool) : la pro­duc­tion est très éner­gi­vore et for­cé­ment très émis­sive de CO2. Pour­tant, l’isolant per­me­t­tra d’économiser une cen­taine de fois l’énergie req­uise pour sa fab­ri­ca­tion. Mais une sélec­tion sim­pliste con­duira à écarter ce fab­ri­cant d’un porte­feuille « bas-carbone ». 

Ce n’est pas fini ! Si vous prenez comme seul critère l’efficacité car­bone, vous serez mécanique­ment con­duits, pour l’automobile, à priv­ilégi­er le diesel par rap­port à l’essence, car une motori­sa­tion diesel émet env­i­ron 15 % de gaz à effet de serre en moins. Or, les motori­sa­tions à essence émet­tent moins de NOx et de par­tic­ules fines que le diesel. Il faut donc élargir l’analyse à la qual­ité de l’air pour éviter des con­tre-sens gênants. 

CHOISIR LE BON DÉNOMINATEUR

Le sec­ond écueil réside dans le dénom­i­na­teur util­isé pour divis­er les flux de pol­lu­tion. Admet­tons que les impacts posi­tifs et négat­ifs soient con­nus, il reste à les jauger en les comparant. 

“ DIVISER UNE UNITÉ PHYSIQUE PAR UNE AUTRE UNITÉ PHYSIQUE ”

Mais par quoi divis­er par exem­ple les flux annuels de CO2 émis ? Par le chiffre d’affaires ? Cela favoris­era les con­struc­teurs de gross­es voitures chères et plus émet­tri­ces de CO2 au détri­ment de con­struc­teurs de voitures plus petites, le ratio tCO2 émis par M€ de CA étant plus bas pour les gross­es voitures. 

Divi­sons alors par la cap­i­tal­i­sa­tion bour­sière ? Le ratio, exprimé en tCO2 par an et par M€ investi, vari­era au gré du cours de l’action et les con­struc­teurs de gross­es voitures seront encore jugés plus bas-carbone. 

Com­ment faire ? Il faut tout sim­ple­ment divis­er une unité physique par une autre unité physique — dans le secteur auto­mo­bile, il s’agit du kilo­mètre par­cou­ru par pas­sager. Seuls les con­struc­teurs four­nissant le mix de véhicules les moins émis­sifs pour­ront alors être qual­i­fiés de bas-carbone. 

EN BREF

Fondée en 2001, Sycomore Asset Management, leader indépendant de la gestion ISR en France, est une société de gestion entrepreneuriale détenue majoritairement par ses associés fondateurs et collaborateurs.
Notée « High Standards » par Fitch Ratings depuis 2008, elle gère 4,5 milliards d’euros d’actifs au travers de fonds ouverts et de mandats dédiés.

Les com­para­isons entre secteurs sont plus déli­cates et néces­si­tent des approches générales du type CTEE, Con­tri­bu­tion à la Tran­si­tion énergé­tique et écologique, comme celle de Syco­more Eco Solutions. 

PENSER SOLUTIONS

Le bon sens sug­gère d’élargir sa vision à l’ensemble de l’empreinte envi­ron­nemen­tale et aux impacts posi­tifs des fonc­tion­nal­ités fournies. 

Que l’on finance des entre­pris­es cotées ou non-cotées, la clé est de mon­ter en com­pé­tence sur l’analyse environnementale.

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