L’horlogerie de luxe : un univers idéal pour les ingénieurs !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°789 Novembre 2023
Par Raphaël ORIEL (X94)

Raphaël Oriel (X94), Watch Oper­a­tions Direc­tor au sein de Carti­er, retrace pour nous son par­cours. Il nous en dit égale­ment plus sur les oppor­tu­nités de car­rière que l’horlogerie de luxe peut offrir à des ingénieurs. Rencontre.

Des bancs de Polytechnique au monde du luxe, quel a été votre parcours ?

J’ai débuté ma car­rière dans le con­seil en man­age­ment, d’abord au sein de PEA Con­sult­ing, un cab­i­net spé­cial­isé dans le domaine de la Sup­ply Chain puis chez Capgem­i­ni. À la nais­sance de mes jumeaux, j’ai quit­té cet univers pour me « séden­taris­er ». J’ai rejoint Renault au tech­no­cen­tre de Guyan­court où j’ai con­tribué à de grands pro­grammes de trans­for­ma­tion des sys­tèmes d’information achat et PLM.

Quand mes enfants sont devenus suff­isam­ment grands, je suis repar­ti dans le con­seil au sein du cab­i­net Aneo. J’ai aus­si créé ma pro­pre entre­prise ce qui m’a, par ailleurs, amené à col­la­bor­er avec mon pre­mier employeur, Hervé Hillion (X80). Enfin, il y a cinq ans j’ai rejoint Richemont en Suisse au siège où j’ai pris en charge les pro­jets de trans­for­ma­tion logis­tique et Sup­ply Chain des Maisons du groupe. J’ai ensuite inté­gré la mai­son Carti­er pour pren­dre en charge la Sup­ply Chain des mon­tres et des pièces de rechange. 

En votre qualité de Watch Operations Director, quelles sont les grandes lignes de votre feuille de route ? 

Nous sommes qua­tre directeurs des opéra­tions. Nous avons la respon­s­abil­ité de l’ensemble des proces­sus sup­ply chain de Carti­er. Nous étab­lis­sions les plans de vente et de pro­duc­tion et assurons la dis­tri­b­u­tion des pro­duits vers les points de vente fin­aux, internes et externes. Nous avons ain­si la respon­s­abil­ité du stock de la Mai­son qui, dans le secteur du luxe, représente le prin­ci­pal investissement.

Son pilotage est cri­tique pour la per­for­mance et la crois­sance de Carti­er. Dans le con­texte incer­tain et volatile actuel, cela nous oblige à dévelop­per et à ren­forcer notre agilité pour être en mesure d’ajuster à la hausse ou à la baisse le plan de pro­duc­tion afin de préserv­er les objec­tifs financiers de la Maison.

Il y a une ving­taine d’années, les cycles de déci­sion étaient très longs. Aujourd’hui, il faut être réac­t­if, agile, et en capac­ité de pren­dre des déci­sions plus rapi­de­ment et beau­coup plus fréquem­ment. La pandémie et la crise de la Covid sont des exem­ples de cette nou­velle donne et de la com­plex­ité inhérente à la ges­tion d’une forte insta­bil­ité des marchés.

Sur un plan plus personnel, qu’appréciez-vous dans votre entreprise et dans votre métier ?

La sup­ply chain a tou­jours été mon cœur de méti­er. C’est un univers que j’apprécie énor­mé­ment. On y retrou­ve une dimen­sion très tech­nique dans laque­lle un ingénieur va pou­voir se retrou­ver et être con­tin­uelle­ment chal­lengé sur le pan intellectuel.

Au-delà, la sup­ply chain est par essence une fonc­tion col­lab­o­ra­tive dans l’entreprise. Elle ne peut pas fonc­tion­ner en autonomie. Elle tra­vaille avec le mar­ket­ing, les équipes com­mer­ciales, les man­u­fac­tures, et elle con­tribue au développe­ment de la Mai­son sur les dif­férents marchés. Nous sommes en quelque sorte « au cœur du réac­teur » et c’est juste­ment ce qui rend ce domaine pas­sion­nant. Pour des ingénieurs, c’est la pos­si­bil­ité de tra­vailler sur des sujets très tech­niques tout en col­lab­o­rant de manière trans­ver­sale avec les autres métiers à une échelle internationale !

Quelles sont les opportunités de carrière qu’un acteur incontournable du luxe comme Cartier peut offrir à de jeunes ingénieurs ?

L’horlogerie relève de la micro-mécanique. Des ingénieurs qui ont une appé­tence pour cette dis­ci­pline pour­ront trou­ver des choses très intéres­santes à réalis­er dans les mail­lons amont de la chaîne de valeur, notam­ment dans le développe­ment ou la pro­duc­tion. Nous avons de nom­breux X dans les métiers de l’horlogerie. Le directeur du développe­ment est un Alumni !

Au-delà des métiers du développe­ment, du man­age­ment des man­u­fac­tures, de la pro­duc­tion, les ingénieurs peu­vent aus­si avoir de très belles car­rières dans la sup­ply chain où ils retrou­veront notam­ment une dimen­sion data forte, entre data Ana­lyt­ics et intel­li­gence arti­fi­cielle au ser­vice d’une prise de déci­sion optimisée…

Par­mi les qua­tre directeurs des opéra­tions, nous sommes trois X.

Le monde du luxe est très dif­férent des autres secteurs et per­met véri­ta­ble­ment d’appréhender divers­es dimen­sions. Par ailleurs, Carti­er attache une atten­tion par­ti­c­ulière à l’épanouissement de ses tal­ents, à leur mon­tée en com­pé­tences et à leur évo­lu­tion au sein de la Mai­son mais aus­si au sein des autres entités du groupe. Enfin, nous sommes basés en Suisse, où il y a une cul­ture prop­ice au développe­ment per­son­nel. 

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