Gérard Pilé (41) en Grand Uniforme

Gérard PILÉ (41), un rédacteur en chef humaniste

Dossier : TrajectoiresMagazine N°710 Décembre 2015
Par Jean DUQUESNE (52)

Sorti dans le corps des admin­is­tra­teurs de l’INSEE, Gérard Pilé a débuté sa car­rière au secré­tari­at général à l’Aviation civile et com­mer­ciale (ancêtre de la DGAC actuelle), puis a pris en charge le ser­vice « cal­culs » (mécanographique, dis­ait-on à l’époque) du CEA – sur le plateau de Saclay, un précurseur.

Vers la fin des années 1950 il « pan­tou­fle » chez Sim­ca, devenant l’un des très proches col­lab­o­ra­teurs du fon­da­teur H.T. Pigozzi à la direc­tion de la plan­i­fi­ca­tion et des études économiques.

“ Un caractère ouvert et une grande curiosité intellectuelle ”

À la fin de la décen­nie suiv­ante, il pour­suit sa car­rière dans le pét­role, à l’Union des cham­bres syn­di­cales de l’Industrie pétrolière (UCSIP, aujourd’hui UFIP), dont il devient directeur des études.

Ayant assisté aux pre­mières loges au pre­mier choc pétroli­er, il pub­lie en 1975 (avec Alain Cuberta­fond) Pét­role : le vrai dossier aux Press­es de la Cité. Il devient alors prési­dent du Comité pro­fes­sion­nel du pét­role (CPDP) jusqu’à sa retraite, qu’il com­mence active­ment en 1986 en dirigeant le Cen­tre pro­fes­sion­nel des lubri­fi­ants avant de rejoin­dre La Jaune et la Rouge.

De Descartes à Bernanos

Cette car­rière témoigne de son car­ac­tère ouvert et de sa grande curiosité intel­lectuelle. Celle-ci se man­i­fes­tait en par­ti­c­uli­er en matière lit­téraire, où sa cul­ture était sin­gulière­ment éten­due. Il en fit béné­fici­er La Jaune et la Rouge, par exem­ple avec des arti­cles sur Descartes, Dos­toïevs­ki ou Bernanos.

Il était égale­ment féru d’histoire, au point de faire des con­férences impromptues sur la révo­lu­tion de 1848 à l’équipe de rédac­tion de La Jaune et la Rouge. Cette pas­sion put s’exprimer par­ti­c­ulière­ment en 1994, année du Bicen­te­naire de l’X.

Gérard Pilé avait suc­cédé à Jean-Pierre Cal­lot (31), auteur entre autres œuvres d’une célèbre His­toire de l’École poly­tech­nique.

Un sens aigu de la prospective

Au cours de ses années à la tête de La Jaune et la Rouge, la revue avait abor­dé des thèmes indus­triels et économiques comme le verre, l’emballage, la qual­ité, l’ingénierie finan­cière, mais aus­si des sujets tou­jours à l’ordre du jour sur un plan plus général, comme la cli­ma­tolo­gie, l’environnement, l’eau, l’espace rur­al ou la Russie, ce qui témoigne de son sens aigu de la prospective.

Gérard Pilé était ami de per­son­nages de tout pre­mier plan comme Mau­rice Allais (31), Bernard Esam­bert (54) ou Mau­rice Lau­ré (36) et bien d’autres. Il leur avait ouvert les colonnes de la revue, pour des arti­cles fort appréciés.

À l’écoute

Gérard Pilé était un homme char­mant et affa­ble, tou­jours à l’écoute de ses inter­locu­teurs et peu porté à impos­er ses vues, sauf sur les points qu’il esti­mait, à juste titre, être fondamentaux.

Bien qu’il en par­lât peu, c’était un chré­tien, mais cer­taine­ment à cause de sa fonc­tion, qui l’amenait à côtoy­er toutes les écoles de pen­sée et de spir­i­tu­al­ité, il était très réservé en ce domaine.

Tant que sa san­té le lui per­mit, il fut très assidu au Comité édi­to­r­i­al de La Jaune et la Rouge, où ses inter­ven­tions étaient tou­jours pleines de bon sens et de pertinence.

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