Georges Dobias

Georges Dobias (56) acteur engagé de l’économie des transports et de l’aménagement des territoires

Dossier : TrajectoiresMagazine N°771 Janvier 2022Par Olivier PAUL-DUBOIS-TAINE (59)

Décédé le 20 juin 2021, Georges Dobias, ingénieur général des Ponts et Chaussées, a exer­cé d’importantes respon­s­abil­ités dans l’équipement et les trans­ports : gare RER du Châtelet, recherche tech­nique et socio-économique, ges­tion des trans­ports en Île-de-France.

Né le 27 mars 1936, Georges Dobias, après l’X, l’École des ponts et l’Algérie, est affec­té au ser­vice des affaires économiques et inter­na­tionales, créé en 1960 pour coor­don­ner au sein du min­istère des Travaux publics et des Trans­ports l’établissement des plans de mod­erni­sa­tion et d’équipement. Cette apti­tude à « con­seiller le décideur, résis­ter au compt­able et dis­ci­plin­er le tech­ni­cien » le con­duit, en 1964, à pilot­er le « groupe trans­port en com­mun » des P & C de la Seine.

Le tronçon central du RER A

Ce groupe pré­parait les pro­grammes d’équipement en trans­ports col­lec­tifs d’une région parisi­enne en pleine muta­tion, avec l’analyse de leurs impacts tech­niques et économiques. Par­mi les opéra­tions envis­agées, la réal­i­sa­tion rapi­de du tronçon cen­tral du RER A entre les sta­tions Auber et Nation con­sti­tu­ait un pro­jet stratégique, en con­cur­rence celui de la rocade autoroutière A8. Ayant par­ticipé à l’époque à ce débat d’une forte inten­sité, j’ai pu appréci­er les capac­ités de Georges pour clar­i­fi­er et ordon­ner les argu­ments con­tra­dic­toires de la RATP et la SNCF face aux défenseurs du « tout routi­er » et pour en extraire une solu­tion de com­pro­mis orig­i­nale retenue in fine par le gou­verne­ment. Cette déci­sion empor­ta notam­ment la réal­i­sa­tion fin 1977 de la gare souter­raine de Châtelet-les-Halles, accueil­lant plus de 30 mil­lions de voyageurs en 2019.

La recherche sur les transports

Après quelques postes de haute respon­s­abil­ité au min­istère de l’Équipement, Georges a dirigé, de 1985 à 1995, l’Institut nation­al de recherche sur les trans­ports et leur sécu­rité (Inrets), chargé de la recherche-développe­ment, de l’expertise et l’aide à la déci­sion, et de la val­ori­sa­tion des con­nais­sances dans le champ des trans­ports ter­restres. Dans cette fonc­tion d’animation mul­ti­dis­ci­plinaire, sa présence dans les cer­cles nationaux et européens est dev­enue incon­tourn­able : forums européens, enseigne­ment et direc­tion de thès­es à l’École des ponts, Con­seil supérieur de la recherche et de la tech­nolo­gie. Il nous a notam­ment lais­sé des analy­ses et réflex­ions « fon­da­tri­ces » sur la robo­t­i­sa­tion auto­mo­bile (Vers la voiture auto­mate : cir­cu­la­tion et sécu­rité, 2003) et sur la « lis­i­bil­ité de la route » (à l’origine des recom­man­da­tions actuelles pour la con­cep­tion sécu­ri­taire des amé­nage­ments routiers urbains et périurbains).

La gestion des transports franciliens

En 1988, Georges Dobias retourne à des tâch­es opéra­tionnelles, en prenant la vice-prési­dence du syn­di­cat des trans­ports parisiens, autorité organ­isatrice des trans­ports de la région Île-de-France. Il est chargé de fix­er les con­di­tions générales d’exploitation des trans­ports parisiens (tar­ifs et titres de trans­port), de con­trac­tu­alis­er des ser­vices à réalis­er par les exploitants (prin­ci­pale­ment RATP et SNCF) et de « cadr­er » les investisse­ments de mod­erni­sa­tion du réseau. Il pré­pare en même temps la tran­si­tion des années 2000, qui sera mar­quée par l’extension des inter­ven­tions du syn­di­cat, la décen­tral­i­sa­tion de sa gou­ver­nance et la crois­sance du traf­ic voyageurs.

À sa retraite, Georges pour­suit son activ­ité économique et prospec­tive. Prési­dent de l’Association pour le développe­ment des tech­niques de trans­port, d’environnement et de cir­cu­la­tion, prési­dent du Comité trans­ports de l’IESF, il aura, avec mod­estie mais une grande fer­meté, témoigné jusqu’à la fin de sa vie de la déon­tolo­gie de l’ingénieur qui, au-delà de la maîtrise sci­en­tifique et tech­nique, s’interroge en per­ma­nence sur les con­di­tions économiques et sociales d’usage de l’innovation technique.

Poster un commentaire