Géopolymer ‘99 organise pour son vingtième anniversaire la deuxième conférence internationale

Dossier : Libres ProposMagazine N°545 Mai 1999

Une con­férence inter­na­tionale d’un car­ac­tère excep­tion­nel aura lieu à Saint-Quentin (dans l’Aisne) en fin juin, début juil­let. Nous invi­tons les X à y venir nombreux.

À la base de tout il y a une décou­verte remar­quable du pro­fesseur doc­teur J. Davi­dovits : les géopolymères. On appelle ain­si des polymères de la chimie de la sil­ice et de l’a­lu­mine (non du car­bone) qui ont comme qual­ité fon­da­men­tale d’être par­faite­ment incom­bustibles et de résis­ter aux très hautes tem­péra­tures. De là découle un très grand nom­bre d’ap­pli­ca­tions : moules pour fon­dre des alliages haute­ment cor­rosifs, pro­tec­tion con­tre l’in­cendie, boucliers ther­miques aus­si bien pour les voitures de course que pour les habita­cles d’avions, for­ma­tion de ciments à prise ultra­ra­pi­de, traite­ments de déchets radioac­t­ifs, etc., et ce n’est pas fini…

Sculpture dramatisée réalisée en géopolymère.
Sculp­ture drama­tisée réal­isée en géopolymère.
GEORGES GRIMAL

L’In­sti­tut supérieur des sci­ences et tech­niques de l’u­ni­ver­sité de Picardie, à Saint-Quentin, aide le Geopoly­mer Insti­tute à organ­is­er la série de con­férences et d’ex­po­si­tions pour les 30 juin, 1er et 2 juil­let 1999. Plus de cent par­tic­i­pants venant du monde entier sont attendus.

Cet exem­ple de pro­mo­tion dans le monde de la recherche appliquée française a déjà reçu de nom­breuses dis­tinc­tions comme le Ruban d’Or de l’in­sti­tu­tion améri­caine Nation­al Asso­ci­a­tion for Sci­ence, Tech­nol­o­gy and Soci­ety et de la Nation­al Acad­e­my of Engi­neer­ing, récom­pen­sant une des plus remar­quables décou­vertes tech­nologiques de la décen­nie (au même titre que la tuile céramique de la navette spa­tiale, les cristaux liq­uides, la fibre optique et le laser en cascade…).

Un trait de notre civil­i­sa­tion, dont nous sommes fiers, va, pen­sons-nous, ressor­tir de ces con­férences : nos esprits curieux en matière de sci­ence et de tech­nique aus­sitôt après avoir trou­vé quelque chose cherchent des retombées non seule­ment dans le sil­lon tech­nique entamé mais en tous autres domaines : soci­aux, his­toriques, artis­tiques, humains et… en trou­vent de surprenants.

1) D’abord, dans le cas présent, de l’archéolo­gie ! Des con­férenciers exposeront que les anciens Égyp­tiens con­nais­saient ces réac­tions et savaient “fab­ri­quer” des objets en pierre dure. Ces con­nais­sances furent nég­ligées puis oubliées lorsque l’ap­pari­tion du bronze puis du fer émer­veil­lèrent les arti­sans en leur per­me­t­tant de tailler les pier­res à leur fan­taisie ! Les civil­i­sa­tions sont mortelles, hélas ! La joie qu’en­traîne une décou­verte fait oubli­er cer­taines autres manières de faire.

2) Et puis il y a les con­séquences artis­tiques. La sou­p­lesse d’emploi que per­met la pierre arti­fi­cielle ouvre de larges per­spec­tives comme celles des sculp­tures “drama­tisées”.

Georges GRIMAL (29)

Qu’est-ce que le géopolymère ?

En 1979, le pro­fesseur Joseph Davi­dovits invente une nou­velle branche du génie chim­ique : les géopolymères. Tech­niques d’a­vant-garde, les matéri­aux conçus à l’aide des réac­tions de “géopolyméri­sa­tion” boule­versent les idées reçues dans les domaines de la chimie minérale. Cette nou­velle généra­tion de matéri­aux qu’elle soit util­isée pure, chargée ou ren­for­cée trou­ve des appli­ca­tions dans tous les domaines de l’in­dus­trie. Ces appli­ca­tions se ren­con­trent dans l’in­dus­trie auto­mo­bile, l’aérospa­tiale, l’avi­a­tion, la fonderie et la métal­lurgie, les BTP, les plas­tiques, le stock­age des déchets, etc.

Créés la même année à Saint-Quentin, le lab­o­ra­toire Cor­di-Géopolymère et l’In­sti­tut Géopolymère (plus con­nu sous le nom de Geopoly­mer Insti­tute) coor­don­nent la recherche fon­da­men­tale dans le monde entier à tra­vers dif­férents cen­tres de recherche publique ou privée et uni­ver­sités. Ils promeu­vent égale­ment les appli­ca­tions mis­es au point par l’in­dus­trie. Ce rapi­de aperçu vous révélera com­ment les géopolymères peu­vent chang­er la vie quotidienne.

Les nouvelles céramiques de haute technologie

Des moules et des outils de haute technologie pour les matériaux composites, aluminium superplastique et titane

Péchiney a dévelop­pé un matéri­au réfrac­taire en géopolymère pour couler des alliages d’aluminium/lithium haute­ment corrosifs.

Depuis 1986, Das­sault Avi­a­tion utilise les géopolymères dans le développe­ment du chas­seur Rafale.

Northrop Avi­a­tion (USA) utilise un out­il­lage fait en matéri­aux com­pos­ites géopolymère pour la créa­tion de pièces d’un nou­veau bom­bardier de l’US Air Force.

Plus d’une cen­taine d’outils et d’ob­jets ont été délivrés à l’in­dus­trie aéro­nau­tique (Air­bus) pour fab­ri­quer des struc­tures en aluminium.

Les nouveaux matériaux composites résistant au feu

Aucun matéri­au com­pos­ite ne résiste au feu et à la haute tem­péra­ture, seuls les matéri­aux com­pos­ites créés en géopolymère y résis­tent indéfiniment.

;Depuis 1985, les cen­trales nucléaires français­es et anglais­es sont équipées de fil­tres à air com­posés de géopolymère mis au point par la société française Sofil­tra-Cam­fil pour une pro­tec­tion jusqu’à 500 °C.

Le géopolymère pro­tège les bâti­ments indus­triels jusqu’à 1 200 °C grâce au “plas­tique minéral” mis au point par la société alle­mande Hüls AG (Dyna­mit Nobel).

Durant les grands prix de for­mule 1, 1994 et 1995, la Benet­ton-Renault était équipée d’un boucli­er ther­mique en com­pos­ite car­bone-géopolymère. Cela per­mit à Michael Schu­mach­er et à l’équipe tech­nique de devenir cham­pi­on du monde des pilotes et des con­struc­teurs deux fois de suite. D’autres écuries utilisent aujour­d’hui ces pro­duits (Prost-Ligi­er et MacLaren).

La très puis­sante Fed­er­al Avi­a­tion Admin­is­tra­tion (FAA États-Unis) et d’autres uni­ver­sités et insti­tu­tions éval­u­ent les capac­ités de ces pro­duits afin d’im­pos­er au monde aéro­nau­tique ce stan­dard de la pro­tec­tion au feu.

Les nouveaux ciments de haute technologie

En 1991, le monde était impres­sion­né par la rapid­ité de déploiement des forces améri­caines pour la con­struc­tion de pistes d’at­ter­ris­sage dans le désert d’Ara­bie Saou­dite lors de la guerre du Golfe. L’une des raisons était l’u­til­i­sa­tion par l’US Air Force d’un nou­veau ciment à prise ultra- rapi­de et de hautes per­for­mances, le Pyra­ment®. Ce ciment est le fruit d’une col­lab­o­ra­tion entre l’in­dus­trie cimen­tière améri­caine Lone Star et des mem­bres du Geopoly­mer Insti­tute de Saint-Quentin. Et ce ciment a bien d’autres appli­ca­tions comme la répa­ra­tion des routes et des ouvrages d’art en moins de qua­tre heures.

Le nouveau traitement des déchets radioactifs et toxiques

Le pro­gramme européen Geo­cis­tem, cofi­nancé par l’U­nion européenne, a comme objec­tif la réha­bil­i­ta­tion d’un des sites miniers européens les plus con­t­a­m­inés, celui des mines d’u­ra­ni­um de Wis­mut, situé en Saxe et Thuringe (Alle­magne, ex-RDA). Ce site de plusieurs cen­taines de kilo­mètres car­rés de super­fi­cie a servi jusqu’en 1989 à l’ex­trac­tion et la trans­for­ma­tion de l’u­ra­ni­um des­tiné depuis 1950 à la fab­ri­ca­tion des armes nucléaires de l’ex-Union sovié­tique. La con­t­a­m­i­na­tion du site des mines de Wis­mut est due à la radioac­tiv­ité, à la pol­lu­tion chim­ique et minérale.

Le gou­verne­ment fédéral alle­mand prévoit que la réha­bil­i­ta­tion du site néces­sit­era vingt années, pour un coût total de près de 100 mil­liards de francs. Un pro­gramme pilote est en cours d’é­val­u­a­tion asso­ciant des mem­bres du Geopoly­mer Insti­tute et Wis­mut afin de stock­er sans dan­ger cette pol­lu­tion pour une durée dépas­sant la dizaine de mil­liers d’années.

Poster un commentaire