France et Allemagne, deux modèles différents

Dossier : L’entreprise dans la sociétéMagazine N°690 Décembre 2013
Par Stéphan GUINCHARD (94)

La com­para­i­son n’a de sens que pour éclair­er et mieux com­pren­dre. Il est vain de ten­ter de définir le meilleur mod­èle. L’exemple de l’Allemagne nous offre ain­si plusieurs enseigne­ments à méditer sur la rela­tion au tra­vail et à l’entreprise, le dia­logue entre les parte­naires soci­aux, ain­si que la con­tri­bu­tion poten­tielle de l’entreprise à l’innovation, à la for­ma­tion et à l’avenir des jeunes.

Au-delà de l’histoire et des effets con­jonc­turels, les écarts de per­for­mances économiques entre les deux pays sont le résul­tat de choix de stratégie économique très dis­tincts, reflets d’une per­cep­tion très dif­férente de l’économie et de la place de l’entreprise dans la société.

REPÈRES
L’Allemagne compte env­i­ron 81 mil­lions d’habitants con­tre 66 mil­lions en France (ratio 0,8). En 2012, la France était en retard sur l’Allemagne en ter­mes de PIB (ratio 0,7), de PIB par habi­tant (0,87), d’exportations (0,39), d’exportations par habi­tant (0,48).
La France priv­ilégie sa demande intérieure – la con­som­ma­tion – et reste, rel­a­tive­ment par­lant, peu tournée vers l’exportation.
L’Allemagne a très claire­ment préservé la com­péti­tiv­ité de ses pro­duc­teurs-expor­ta­teurs, priv­ilé­giant l’export à la demande intérieure, demande sous con­trainte du fait de la mod­éra­tion salar­i­ale mise en place depuis l’entrée dans l’euro.

La capacité à exporter

L’entreprise alle­mande est perçue comme source de crois­sance de par sa capac­ité à exporter (capac­ité à capter la crois­sance à l’étranger) et donc comme source d’emploi. Tout doit être mis en œuvre pour lui faciliter la tâche. En France, le con­som­ma­teur est priv­ilégié, dans l’hypothèse qu’il va assur­er par sa con­som­ma­tion la bonne tenue de l’économie.

Un choix judicieux

En France, le con­som­ma­teur est cen­sé assur­er la bonne tenue de l’économie

Il n’y a pas de mod­èle dom­i­nant. Mais, au vu de la con­jonc­ture des dix dernières années, le choix alle­mand se révèle plus judi­cieux. Les pays émer­gents, et notam­ment la Chine, ont été le gise­ment prin­ci­pal de crois­sance dans le monde : la Chine est l’usine du monde ; mais qui équipe l’usine du monde ? L’Allemagne.

Alors que la France s’est détournée de l’industrie depuis la fin des années 1990, avec le mythe de « l’industrie sans usines » puis de la « ter­tiari­sa­tion de l’économie », l’Allemagne est restée con­cen­trée sur son point fort : sa base indus­trielle. Effet d’aubaine, peut-être.

Tou­jours est-il que 80 % du com­merce inter­na­tion­al repose sur des biens tan­gi­bles, et qu’une capac­ité man­u­fac­turière com­péti­tive est la clé pour béné­fici­er de ce commerce.

Foire ou salon

La capac­ité indus­trielle est aus­si cri­tique pour capter la valeur ajoutée créée. Elle est cru­ciale pour con­ver­tir des inno­va­tions en pro­duits marchands, et donc en réalis­er la valeur, ain­si que pour capter la valeur ajoutée dans une filière.

Emploi mal payé con­tre chômeur
Le taux de chô­mage est, grosso modo, deux fois moins élevé en Alle­magne qu’en France. Cette sit­u­a­tion, qui éclaire les écarts de per­for­mance économique, révèle une dif­férence fon­da­men­tale : l’Allemagne a claire­ment choisi l’option « un emploi mal payé plutôt qu’un chômeur de plus ».
Cela révèle de pro­fondes dif­férences quant à la place du tra­vail dans la société et de la rela­tion au travail.

Exem­ple sim­ple, la pro­duc­tion de sauciss­es, chaîne de valeur où l’élevage porcin, français, est peu rentable mais où la trans­for­ma­tion de la viande et la fab­ri­ca­tion de machines, alle­man­des, acca­parent l’essentiel de la valeur ajoutée.

Notons qu’en Alle­magne la chancelière inau­gure la Han­nover Messe (la Foire d’Hanovre, le plus grand salon mon­di­al de l’industrie et des tech­nolo­gies), tan­dis qu’en France, c’est le Salon de l’agriculture qui tient une place de choix dans le cal­en­dri­er présidentiel.

La prox­im­ité de la pro­duc­tion et de la R & D est égale­ment cri­tique pour la com­péti­tiv­ité : la con­cep­tion des pro­duits doit inté­gr­er les con­traintes spé­ci­fiques de la pro­duc­tion afin de réduire les coûts de pro­duc­tion et d’assemblage.

Les entreprises de taille intermédiaire

Il faut impéra­tive­ment dis­tinguer les dif­férents types d’entreprises pour en éval­uer le rôle dans la société.

Il ne faut pas con­fon­dre inter­na­tion­al­i­sa­tion et délocalisation

En France, par « entre­prise », on entend prin­ci­pale­ment « grand groupe» ; par­fois, mais rarement, la petite PME, voire depuis peu, l’auto-entrepreneur. En pleine cohérence avec notre héritage d’un État cen­tral­isé fort, ancré dans l’histoire par la France du Roi-Soleil, nous n’avons d’yeux que pour quelques entre­pris­es du CAC 40, qui sem­blent faire à elles seules notre économie : Air­bus, L’Oréal, Miche­lin, LVMH, Ker­ing, etc.

Les cham­pi­ons cachés
En Alle­magne, le fameux Mit­tel­stand représente bien, et depuis fort longtemps, le cœur même du tis­su économique. Les 12 000 entre­pris­es du Mit­tel­stand alle­mand génèrent 70% des expor­ta­tions du pays.
Les seuls 1307 « cham­pi­ons cachés » alle­mands (dont le chiffre d’affaires est inférieur à 3 mil­liards d’euros) en représen­tent 25% (voir La Jaune et la Rouge, n° 687, août-sep­tem­bre 2013, p. 50).

À l’opposé du spec­tre règne une cer­taine sym­pa­thie pour la PME de 50 per­son­nes, sous-trai­tant de l’un de ces gros don­neurs d’ordre.

Ce n’est qu’en 2008 que la France a décou­vert ses « entre­pris­es de taille inter­mé­di­aire » (ETI) : entre 250 et 5 000 employés, entre 50 et 1 500 mil­lions d’euros de chiffre d’affaires. En effet, ces ETI n’existent offi­cielle­ment dans les reg­istres de l’INSEE que depuis 2008. La France pos­sède quelques grands groupes de plus que l’Allemagne. Elle dis­pose égale­ment d’un fort esprit entre­pre­neur­ial (620 000 entre­pris­es créées en France – pour moitié créa­tions d’auto-entrepreneurs – con­tre 450 000 en Alle­magne, en 2010) mais la dif­férence, sig­ni­fica­tive, se fait avec les « entre­pris­es de taille intermédiaire ».

La proximité du tissu économique

La fer­me­ture d’une PME n’émeut mal­heureuse­ment pas l’opinion publique dans la même pro­por­tion que la fer­me­ture d’un site indus­triel d’un grand groupe. En Alle­magne, du fait de la struc­ture plus décen­tral­isée du pays, organ­isé en Län­der, l’écosystème local est beau­coup plus proche de son tis­su économique de PME et d’ETI. Enfin, les ETI mon­trent qu’il ne faut pas con­fon­dre inter­na­tion­al­i­sa­tion et délocalisation.

Les grands groupes ten­dent à installer des struc­tures locales à l’étranger pour prof­iter de la crois­sance inter­na­tionale. Les struc­tures de plus petite taille ten­dent à exporter plus, à par­tir d’une base domes­tique qui n’est pas remise en cause par l’internationalisation de l’activité, et qui bien au con­traire s’en trou­ve ren­for­cée (Porsche con­tin­ue à pro­duire en Alle­magne ; les ETI gar­dent jalouse­ment leurs cen­tres de R&D dans leur « ter­roir d’origine » pour n’ouvrir que des bureaux com­mer­ci­aux ou de représen­ta­tion dans les pays émergents).

Les grands groupes

Alors que les grands groupes pèsent autant dans les deux économies, nous noterons quelques dif­férences dans l’impact qu’ils ont sur le tis­su économique nation­al. Les notions de sol­i­dar­ité de fil­ière et de préférence nationale sont beau­coup plus présentes en Allemagne.

Elles exis­tent égale­ment en France, mais de façon plus iné­gale entre les secteurs d’activité : l’aéronautique en est un exem­ple posi­tif. En revanche, c’est beau­coup moins le cas dans l’automobile. Une ques­tion aus­si sim­ple que celle des délais de paiement, ques­tion de tré­sorerie, devient vite une ques­tion de vie ou de mort pour une PME. Elle est sous-estimée, en France, par l’État et les grands groupes, têtes de filières.

Les partenaires sociaux

Un point frap­pant de dif­férence de cul­ture économique entre les deux pays est la nature des rela­tions entre parte­naires soci­aux. L’Allemagne est bien con­nue pour la spé­ci­ficité de sa gou­ver­nance, Mitbes­tim­mung (« coges­tion » ou « codéter­mi­na­tion »), car­ac­térisée par la recherche du con­sen­sus entre les par­ties prenantes de l’entreprise : les syn­di­cats, les employés sont représen­tés dans les organes de déci­sion des grandes entre­pris­es et par­ticipent ain­si aux ori­en­ta­tions stratégiques et aux choix, même les plus difficiles.

L’Allemagne se con­cen­tre sur la créa­tion de la valeur avant d’aborder la ques­tion de son partage

En France, nous noterons la nature trop sou­vent con­flictuelle de ces rap­ports, dans une logique suran­née de « con­flits de classes ».

L’Allemagne se con­cen­tre sur la créa­tion de valeur avant d’aborder la ques­tion de son partage, alors que la France peut par­fois abor­der la ques­tion du partage trop rapi­de­ment, sans s’assurer au préal­able qu’il y a quelque chose à partager.

À ce titre, il est sur­prenant que la presse ait beau­coup plus large­ment cou­vert la dis­tri­b­u­tion de primes spé­ciales par Volk­swa­gen à ses employés alle­mands ces dernières années, que la con­tri­bu­tion de Nis­san aux primes spé­ciales des employés français de Renault.

La réticence à grandir

La France ne compte des ETI que depuis 2008. Cette incon­gruité est révéla­trice du manque de com­préhen­sion de la plu­part des Français vis-à-vis de ces entre­pris­es et de leurs dirigeants, sou­vent action­naires (70% des ETI sont des entre­pris­es de nature patrimoniale).

La con­trainte des seuils
En France, à franchir les seuils, cer­tains fatidiques, de 50, puis 250 salariés, on ne risque que de s’attirer des con­traintes sup­plé­men­taires. Alors que ces entre­pris­es restent encore très frag­iles, les exi­gences de la lég­is­la­tion se dur­cis­sent rapi­de­ment, drainant à des fins moins utiles leurs ressources encore maigres.
De plus, le patron court le risque de per­dre son image, somme toute bon­homme et pos­i­tive, de « patron de PME », pour celle, plus tein­tée de soupçons, de « patron de grosse boîte ».

Ces entre­pris­es sont donc mal con­nues en France, et, quand leurs patrons sor­tent de l’ombre, c’est sou­vent pour béné­fici­er de l’image de « patrons voy­ous », si en vogue de nos jours. Il est frap­pant de sen­tir la réti­cence qu’ont les patrons de PME à trop grandir, et même à trans­met­tre leur entre­prise à leurs enfants.

En Alle­magne, ces ques­tions ne se posent pas : la crois­sance est le salut de la petite entreprise.

Et le suc­cès d’une généra­tion dirigeante ne saura se mesur­er qu’à sa capac­ité à trans­met­tre à la généra­tion suiv­ante une entre­prise de taille plus impor­tante et en meilleure san­té que celle qu’elle a reçue de la généra­tion précé­dente. Quant à pren­dre en charge l’entreprise famil­iale, cela relève pour ain­si dire du devoir pour la généra­tion suivante.

Enfin, soulignons qu’en France tout l’écosystème (aides de l’État, acteurs financiers, ban­ques, marché, etc.) est struc­turé pour tra­vailler avec les grands groupes, d’une part et les PME d’autre part, mais qu’il reste glob­ale­ment inadap­té aux entre­pris­es qui réalisent entre 200 mil­lions et 1 mil­liard d’euros de chiffre d’affaires, notam­ment pour les ques­tions de financement.

Coopération, concurrence et domination

La dif­férence entre l’approche con­sen­suelle alle­mande et les échanges plus con­flictuels français éclaire deux rela­tions très dif­férentes à l’autorité. Les soci­o­logues dis­tinguent trois logiques de rap­port à autrui : la logique de con­cur­rence, courante aux États-Unis, la logique de coopéra­tion, dom­i­nante en Alle­magne et la logique de dom­i­na­tion, qui pré­vaut en France.

Attir­er les apprentis
L’entreprise, notam­ment l’entreprise indus­trielle, offre de fab­uleuses per­spec­tives à un grand nom­bre de pro­fils : autant aux plus appliqués ou manuels, qu’à ceux des grandes écoles. L’Allemagne a su dévelop­per une sym­biose per­for­mante entre cur­sus de for­ma­tion tech­nique et oppor­tu­nités au sein des entre­pris­es, qui se font le pro­longe­ment du sys­tème édu­catif (sys­tème de for­ma­tion pro­fes­sion­nelle en alter­nance, die Lehre).
En France, à titre d’exemple, soulignons les dif­fi­cultés que PSA éprou­ve à attir­er ses appren­tis en poste à Rennes ou Sochaux sur son site de Pois­sy, pour des ques­tions de loge­ment (les appren­tis, ne béné­fi­ciant pas du statut d’étudiant, n’ont pas accès aux rési­dences universitaires).

Cela est con­fir­mé par la notion de « dis­tance hiérar­chique ». La dis­tance hiérar­chique est beau­coup plus impor­tante en France (68 sur un indice de 100) qu’aux États-Unis (40) ou qu’en Alle­magne (35). Ain­si, la fig­ure d’un leader charis­ma­tique, froid et dis­tant, est mieux tolérée en France, où ces traits sont égale­ment plus forte­ment asso­ciés à la compétence.

Cet héritage se trou­ve néan­moins de plus en plus en con­flit avec le besoin d’empathie et d’échanges néces­saires dans les rela­tions pro­fes­sion­nelles d’aujourd’hui. Nous retrou­vons ici une con­tra­dic­tion toute française : fas­ci­na­tion et désamour simul­tanés vis-à-vis de la fig­ure d’autorité, qui nuisent à la qual­ité des rela­tions au sein de l’entreprise.

Le rôle des employés

Aujourd’hui, l’entreprise joue un rôle clé dans la société mod­erne. Tout d’abord, par l’environnement de tra­vail qu’elle offre à ses employés, tant en ter­mes de cadre de tra­vail que de per­spec­tives d’évolution. La pro­duc­tiv­ité horaire reste très impor­tante en France, supérieure de plus de 7% à celle de l’Allemagne.

Néan­moins, ces dernières années, on a pu con­stater, en France, une baisse de la con­fi­ance des salariés à l’égard de leur entre­prise. Le turnover, plus impor­tant en France, représente une charge de recrute­ment et de for­ma­tion sup­plé­men­taire pour l’entreprise, ain­si qu’un risque de pertes de savoir-faire et de compétences.

La place des jeunes

L’entreprise détient une place cri­tique dans les per­spec­tives qu’une société offre à ses jeunes. Aujourd’hui, la France, en dépit de son excel­lent sys­tème édu­catif, souf­fre d’un chô­mage exces­sif par­mi les jeunes. Les diplômes obtenus par « l’élite » des étu­di­ants sont de moins en moins une garantie con­tre le chômage.

Il est frap­pant de con­stater la mécon­nais­sance totale par les étu­di­ants, même les mieux diplômés, des PME et des ETI : leur périmètre de recherche d’emploi reste tou­jours lim­ité aux grands groupes et à quelques fameuses start-ups.

Franchir les frontières

Dans l’économie mon­di­al­isée, l’entreprise con­stitue une excel­lente oppor­tu­nité de s’ouvrir sur l’étranger. Pour des raisons his­toriques, nous con­sta­tons que les entre­pris­es français­es ont plus de mal à franchir les fron­tières que les entre­pris­es allemandes.

Force est de con­stater que les Français ne maîtrisent pas aus­si bien la langue anglaise (la France se situe au 23e rang du classe­ment TOEIC alors que l’Allemagne est à la 4e place des pays européens) et cela, en dépit d’un nom­bre d’heures de cours de langues étrangères par semaine plus important.

Recherche fondamentale ou appliquée

Les entre­pris­es tirent l’innovation vers le haut, de par leur capac­ité à la com­mer­cialis­er et à génér­er un retour sur l’investissement R&D. L’Allemagne con­sacre une part plus impor­tante de son PIB à la R&D : 3,5 % à com­par­er à une moyenne OCDE de 2,4% et un chiffre de 2,2% pour la France (chiffres 2009, OCDE).

La com­para­i­son des plus gros déposants de brevets des deux pays révèle la présence dans le « top 30 » de groupes uni­ver­si­taires en France et d’ETI en Allemagne.

Cela éclaire des dif­férences clés : la pré­dom­i­nance d’une recherche plus fon­da­men­tale en France, par rap­port à une recherche plus appliquée en Alle­magne ; une inno­va­tion plus en rup­ture en France, par rap­port à l’innovation con­tin­ue déployée par les entre­pris­es alle­man­des ; le rôle plus pronon­cé de l’entreprise dans l’innovation du pays en Allemagne.

Faire découvrir les ETI

En France, les étu­di­ants ignorent les PME et les ETI

Les entre­pris­es tien­nent aujourd’hui une place essen­tielle dans nos sociétés, tant par leur rôle économique, par les per­spec­tives qu’elles offrent aux jeunes, que par leur rôle dans le développe­ment per­son­nel de leurs employés et par leur impact sur les inter­ac­tions entre dif­férents groupes soci­aux. Après la crise, tant crise économique que de valeurs, tra­ver­sée depuis 2009, il paraît fon­da­men­tal de pos­er un regard juste sur l’entreprise et ses dif­férents acteurs.

Les ETI, et tout par­ti­c­ulière­ment les plus per­for­mantes d’entre elles, pro­posent des pistes qui méri­tent atten­tion : elles démon­trent les bien­faits d’un cap­i­tal­isme pro­duc­tif, qui crée de la valeur de façon tan­gi­ble par de l’innovation, de la pro­duc­tion et de la coopéra­tion ; elles met­tent en avant une caté­gorie de patrons-action­naires respon­s­ables, inté­grés dans leur envi­ron­nement social et économique – dont le prin­ci­pal souci quo­ti­di­en est d’assurer la péren­nité des emplois de leurs salariés ; elles mon­trent com­ment les employés peu­vent trou­ver dans l’entreprise un lieu de tra­vail prop­ice au développe­ment per­son­nel, un tra­vail source de moti­va­tion et d’engagement, avec un meilleur aligne­ment entre objec­tifs du groupe et objec­tifs personnels.

Aus­si paraît-il impor­tant de décou­vrir ces entre­pris­es, de les faire con­naître tant des pou­voirs publics, que des jeunes diplômés, trop focal­isés sur les grands groupes, puis de recon­naître leurs con­tri­bu­tions à la crois­sance et donc à l’emploi et à la bal­ance commerciale.

Commentaire

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Four­cy Etiennerépondre
6 janvier 2014 à 13 h 46 min

France et Alle­magne, deux mod­èles différents 

Mer­ci pour cet arti­cle très intéres­sant qui prêche un con­va­in­cu. Je serais moins nuancé quant à l’af­fir­ma­tion “l’Alle­magne et la France sont tour à tour le grand malade de l’Eu­rope”: depuis Bis­mar­ck l’Alle­magne a tou­jours été pre­mière indus­trielle­ment et s’est notam­ment tou­jours relevée des cat­a­stro­phes post guerre. L’Alle­magne vainc facile­ment la France en 1871 face à des Français trop arro­gants et sûrs d’eux. C’est la nais­sance à la Galerie des glaces de Ver­sailles de l’Alle­magne unifiée. Bis­mar­ck développe l’in­dus­trie, les grands groupes et rejoint le niveau de la Grande Bre­tagne référence en la matière.

Elle arrive en 1914 en tant que grande puis­sance indus­trielle et avec un déficit budgé­taire moin­dre que la France (Déjà niveau d’ex­por­ta­tion impor­tant). L’e­stampille “made in Ger­many” imposée par la Grande Bre­tagne pour dis­crim­in­er les impor­ta­tion alle­mande s’est retournée con­tre les Anglais, car les pro­duits étaient in fine de meilleurs qual­ité. La guerre 14–18 aurait pû être gag­née par l’Alle­magne. Jusqu’à la moitié du con­flit cette dernière tenait 2 fronts Est et Ouest. Après la révo­lu­tion russe, et la con­cen­tra­tion des moyens sur un seul front, il a quand même fal­lu le groupe­ment des alliés pour en venir à bout … de justesse. L’of­fen­sive de la Somme en avril 1918 par l’Alle­magne a réus­si sur une grande dis­tance la per­cée tant atten­due, jusqu’à Compiègne.

Après guerre on con­nait le rebond indus­triel de l’Alle­magne sous le régime nazi, mais déjà amor­cé sous la république de Weimar. En 45 c’est l’an­née 0. Puis la moitié de l’Alle­magne (RFA) devient 3ème puis­sance mon­di­ale à la fin des années 60 der­rière le Japon et les Etats-Unis. Vient ensuite la capac­ité à réu­nir les 2 Alle­magnes. Donc non, l’Alle­magne a tou­jours été très organ­isée et puis­sante indus­trielle­ment avec la volon­té effec­tive­ment tou­jours affir­mée de juguler l’in­fla­tion (Sou­venir de l’hy­per­in­fla­tion de 1923/1924 ancré dans les gènes), les déficits (ges­tion prag­ma­tique en bon père de famille), et de favoris­er les expor­ta­tions (Evi­dent pour gag­n­er de l’ar­gent au niveau d’un Etat). Je ne pense pas que la France aurait eu une telle capac­ité avec sa poli­tique trop col­bertiste et centralisée.

Il est égale­ment du ressort des grandes écoles de pro­mou­voir les PME et ETI auprès des élèves. D’in­cul­quer l’e­sprit d’en­tre­pre­nar­i­at. Il n’y a pas que les grands groupes qui offrent des car­rières intéres­santes, loin de là. Il faut favoris­er ce lien avec cette taille d’en­tre­prise. Les PME et ETI ont du mal à recruter des ingénieurs comme si ils leur était inac­ces­si­bles (En dehors des cir­cuits ?). Favoris­er l’al­ter­nance. L’in­dus­trie est la pre­mière source de valeur et de savoir faire, sur lesquelles peu­vent ensuite se gref­fer des fonc­tions ter­ti­aires : ser­vices, con­seils. C’est la base pour créer de l’emploi. Le fait que les grands groupes tar­dent dans le paiement des PME, et met­tent ain­si leur tré­sorerie en péril, est une honte et est une illus­tra­tion d’un pays décousu, non sol­idaire, pour qui la préférence nationale n’est pas une priorité.

L’Alle­magne a davan­tage le sens du tra­vail en équipe que la France, qui a un sys­tème d’é­d­u­ca­tion bien trop éli­tiste, favorisant le cha­cun pour soi, et lais­sant sur le côté un trop grand nom­bre d’élèves auprès de qui on ne val­orise pas assez les métiers manuels de l’in­dus­trie. Cet arti­cle va dans la prise de con­science des uns et des autres, et surtout des décideurs,

Merci.

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