Force des armes, force des hommes

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°607 Septembre 2005Par : Marc DÉFOURNEAUX (57)Rédacteur : François BRESSON (56)

Cet ouvrage brillant et sti­mu­lant est tout à l’image de la per­son­na­li­té hors normes de son auteur : notre cama­rade, ingé­nieur géné­ral de l’armement, a été géné­ral adjoint au com­man­dant de la Pre­mière armée et direc­teur des études à Coët­qui­dan ; doc­teur ès sciences, il est para­chu­tiste ; consul­tant dans le trai­te­ment des crises, il a été en 1995 adjoint au coor­di­na­teur de l’ONU dans Sara­je­vo assiégée.

Il traite bien enten­du les pro­blèmes d’actualité évo­qués par son titre : mul­ti­pli­ca­tion des conflits asy­mé­triques, dia­lec­tique entre la sophis­ti­ca­tion des arme­ments et la rus­ti­ci­té des forces. Mais au-delà de ces sujets appa­rem­ment limi­tés ou réser­vés à des ini­tiés, il pré­sente de façon ori­gi­nale une vaste réflexion his­to­rique, poli­tique, voire phi­lo­so­phique ou même éthique sur ce qui fait la force ou la fai­blesse d’une socié­té dans les conflits d’aujourd’hui.

Cette réflexion tous azi­muts est quel­que­fois inat­ten­due mais tou­jours passionnante.

Sans pou­voir entrer dans les détails d’une pré­sen­ta­tion foi­son­nante, on peut en don­ner une idée en citant quelques-uns des prin­ci­paux thèmes abor­dés dans les cinq par­ties de l’ouvrage :

• “De l’animal à l’homme”. Au cours de l’évolution, qu’estce qui a fait la force de sur­vie de l’espèce humaine ? Pour­quoi le mythe de David, “ le faible qui gagne ” ? Le res­pect des valeurs morales dans nos démo­cra­ties conduit-il à une posi­tion de faiblesse ?

• “ L’intelligence et les armes ”. La dis­sé­mi­na­tion iné­luc­table des arme­ments est-elle liée à celle de la “ force scien­ti­fique ” ou à celle de la “ force indus­trielle ” ? Des pilotes sont-ils encore utiles dans les avions ? et les sol­dats dans le com­bat terrestre ?

• “ Forces et fai­blesse humaines ”. Qu’est-ce qui fait dire : “ il faut mou­rir pour la patrie”? Pour­quoi meurt-on ? Huma­nisme et ratio­na­li­té sont-ils com­pa­tibles et jusqu’où ? Un pays riche, donc jalou­sé mais amol­li par son confort, est-il capable de se défendre ?

• “ Fai­blesse des forts et force des faibles ”. La supé­rio­ri­té tech­no­lo­gique est-elle indé­pen­dante du théâtre d’opérations ? Où est l’essentiel, le “ rap­port de forces ” ou le “ rap­port de vulnérabilités ” ?

• “ L’exploitation de la fai­blesse ”. La guerre peut-elle être mora­li­sée ? Le plus faible a‑t-il tou­jours rai­son ? La guerre peut-elle être “ propre ” ? Le “ risque zéro ” a‑t-il un sens ?

Défour­neaux emmène son lec­teur au coeur de toutes ces ques­tions, dans un style rapide et vivant ; il illustre son pro­pos d’une grande abon­dance d’exemples his­to­riques ou actuels, de cita­tions d’œuvres lit­té­raires ou ciné­ma­to­gra­phiques, maniant volon­tiers l’humour (par­fois grin­çant…) et le para­doxe péda­go­gique. On ne reste pas indifférentœ

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