L'écosystème du CSF Nouveaux Systèmes Energétiques.

Faire de la transition énergétique une opportunité de réindustrialiser la France

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°788 Octobre 2023
Par Aurélie PICART (X02)

Auré­lie Picart (X02), Délé­guée géné­rale du Comi­té Stra­té­gique de Filière des Nou­veaux Sys­tèmes Éner­gé­tiques, nous en dit plus sur cet orga­nisme qui accom­pagne les entre­prises afin que leur démarche de décar­bo­na­tion contri­bue à la réin­dus­tria­li­sa­tion de la France. Explications.

Qu’est-ce qu’un comité stratégique de filière ? Plus particulièrement, quelle est la mission de votre comité de filière Nouveaux Systèmes Énergétiques ? 

Les Comi­tés stra­té­giques de filière ont été créés en 2010 avec pour prin­ci­pale mis­sion de réin­dus­tria­li­ser la France. Ces comi­tés stra­té­giques de filière réunissent l’État, des indus­triels, des orga­ni­sa­tions syn­di­cales, etc. au sein du Conseil natio­nal de l’industrie, pré­si­dé par le Pre­mier ministre.

Le Comi­té Stra­té­gique de Filière des Nou­veaux Sys­tèmes Éner­gé­tiques, qui a vu le jour en 2018, sous l’impulsion de l’État, d’EDF, d’Engie, de Tota­lE­ner­gies et de Schnei­der Elec­tric a pour mis­sion de faire de la tran­si­tion éner­gé­tique une oppor­tu­ni­té de réin­dus­tria­li­ser nos ter­ri­toires. Pré­si­dée par Syl­vie Jéhan­no (X89) et Sté­phane Michel (X91), l’association ras­semble l’ensemble des par­ties pre­nantes autour d’une feuille de route por­tée par deux ambi­tions prin­ci­pales : mener une tran­si­tion éner­gé­tique juste et équi­table tout en déve­lop­pant l’industrie des nou­veaux sys­tèmes éner­gé­tiques en France et en Europe. L’industrialisation en Europe et à grande échelle des pro­duits concou­rant à la tran­si­tion éner­gé­tique est un enjeu majeur.

“L’association rassemble l’ensemble des parties prenantes autour d’une feuille de route portée par deux ambitions principales : mener une transition énergétique juste et équitable tout en développant l’industrie des nouveaux systèmes énergétiques en France et en Europe.”

Qui sont vos principaux membres ?  

Au-delà des groupes fon­da­teurs que j’ai pré­cé­dem­ment men­tion­nés, on retrouve au sein de Nou­veaux Sys­tèmes Éner­gé­tiques des grands groupes comme Arke­ma, Blue Solu­tions, Cap­ge­mi­ni, Ene­dis, GRDF, Green­Flex, GRT­gaz, Ime­rys, John Cocke­rill, Ora­no, RTE, SLB, Sol­vay, Tech­nip Ener­gies, Téré­ga, Valeo, Véo­lia… 

Enfin, au sein des Nou­veaux Sys­tèmes Éner­gé­tiques, nous avons sou­hai­té don­ner leur place à toutes les entre­prises, de la petite entre­prise à forte crois­sance aux grands groupes et plus par­ti­cu­liè­re­ment aux ETI, qui jouent un rôle cen­tral dans notre indus­trie. 

Votre action s’articule essentiellement autour de quatre axes. Quels sont-ils ?  

Nous concen­trons nos efforts autour de 4 axes prin­ci­paux : 

  • les éner­gies renou­ve­lables avec un focus sur la cha­leur dont le poten­tiel est lar­ge­ment sous-esti­mé ; 
  • Le sto­ckage d’énergie (élec­tri­ci­té, gaz, cha­leur) avec pour objec­tif de créer un éco­sys­tème per­met­tant d’accélérer le déploie­ment de giga­fac­to­ries de bat­te­ries en France ;
  • Les réseaux éner­gé­tiques, qui repré­sentent un mar­ché pour de nom­breuses entre­prises et jouent un rôle majeur dans le déploie­ment des éner­gies renou­ve­lables et la cybersécurité ;
  • Les tech­no­lo­gies d’efficacité éner­gé­tique et de décar­bo­na­tion, avec un focus plus par­ti­cu­lier sur leur déploie­ment dans l’industrie et le bâtiment.

Les Nou­veaux Sys­tèmes Ener­gé­tiques comptent déjà plus de 1 200 contri­bu­teurs de divers hori­zons répar­tis dans plus de 20 groupes de travail.

En com­plé­ment, nous avons des démarches trans­ver­sales cen­trées sur le pas­sage à l’échelle des tech­no­lo­gies de décar­bo­na­tion, d’où l’accent mis sur l’Europe, les PME-ETI, la recherche, l’international et les compétences.

Cartographie des technologies de décarbonation.
Car­to­gra­phie des tech­no­lo­gies de décarbonation.

En matière de décarbonation, vous avez lancé l’initiative « Je-decarbone ». De quoi s’agit ? Quelles sont les principales actions que vous déployez dans ce cadre ? 

Avec « Je-decar­bone », notre objec­tif est d’aider les indus­triels à concré­ti­ser leurs pro­jets en matière de sobrié­té, d’économies d’énergie et/ou de décar­bo­na­tion en met­tant en avant les solu­tions Made in France en cohé­rence avec la mis­sion de notre comi­té stra­té­gique de filière. Nous res­tons mar­qués par l’expérience du solaire : nous avions sou­te­nu le déve­lop­pe­ment du pho­to­vol­taïque, nous dis­po­sions des com­pé­tences et d’un savoir-faire tech­no­lo­gique avé­rés, mais nous n’avons pas réus­si à main­te­nir et à déve­lop­per la pro­duc­tion des pan­neaux solaires en France. 

Aujourd’hui, notre état d’esprit sur l’industrie est dif­fé­rent. Tout le monde s’accorde à accé­lé­rer la tran­si­tion éner­gé­tique et de plus en plus de voix se font entendre pour que cette tran­si­tion nous offre l’opportunité de nous réin­dus­tria­li­ser.  

“En France et aussi plus largement en Europe, il est impérieux de mieux faire connaître les compétences scientifiques, techniques et industrielles dont nous avons besoin pour réussir la transition énergétique et d’attirer les jeunes et les moins jeunes vers ces métiers.”

En lien étroit avec les minis­tères de l’Industrie et de la Tran­si­tion éner­gé­tique, mais éga­le­ment avec le CEA, l’ADEME, l’Alliance ALLICE et de nom­breux autres par­te­naires, nous avons lan­cé l’initiative « Je-decar­bone » pour accé­lé­rer la décar­bo­na­tion et le déve­lop­pe­ment des solu­tions tech­no­lo­giques sur l’ensemble du ter­ri­toire. Autour de « Je-decar­bone », nous fédé­rons ain­si un véri­table échange entre les entre­prises, les asso­cia­tions et les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales enga­gées dans la tran­si­tion éner­gé­tique. 

Concrè­te­ment, l’initiative repose sur 4 outils :

  • Une pla­te­forme de mise en rela­tion entre les acteurs qui ont un besoin d’économies d’énergie ou de décar­bo­na­tion et ceux qui pro­posent des solutions ;
  • La mise à dis­po­si­tion de fiches et de sché­mas méthodologiques ;
  • L’organisation de ren­contres busi­ness sur l’ensemble du territoire ;
  • Une série de webi­naires qui pré­sentent les outils de décar­bo­na­tion et exposent des retours d’expérience d’industriels. 

En nous appuyant sur ces dif­fé­rents outils, nous offrons la pos­si­bi­li­té à l’ensemble de l’écosystème d’appréhender la décar­bo­na­tion de manière concrète et prag­ma­tique et d’avoir à por­tée de main des outils très opé­ra­tion­nels. 

À ce jour, la pla­te­forme compte plus de 3 000 uti­li­sa­teurs de 850 entre­prises et asso­cia­tions par­te­naires qui peuvent y trou­ver plus de 700 solu­tions de décar­bo­na­tion. Chaque évè­ne­ment que nous orga­ni­sons en région ras­semble entre 150 et 250 per­sonnes. 

Les outils Je-decarbone

Sur la question de la décarbonation, quelles sont les pistes de réflexion que vous pourriez partager avec nos lecteurs ?

Les actions de sobrié­té ou d’efficacité éner­gé­tique avec la mise en place de sys­tèmes de pilo­tage et des adap­ta­tions mineures des pra­tiques génèrent en moyenne 20 à 30 % d’économies. Elles consti­tuent le plus sou­vent le point de départ d’une démarche de décar­bo­na­tion plus glo­bale. 

70 % de la consom­ma­tion d’énergie finale dans l’industrie sert à pro­duire de la cha­leur. Le poten­tiel de la cha­leur en matière de décar­bo­na­tion est lar­ge­ment sous-esti­mé. Récu­pé­rer la cha­leur fatale, déve­lop­per la géo­ther­mie, le solaire ther­mique ou encore avoir recours à la bio­masse ou sto­cker la cha­leur qui se trans­porte et se trans­forme sont autant de moyens mobi­li­sables pour décar­bo­ner l’industrie. « Je-decar­bone » s’emploie à pro­mou­voir ces solu­tions insuf­fi­sam­ment connues. 

Au-delà de ces actions de mise en rela­tion et de déve­lop­pe­ment tech­no­lo­gique, nous avons à rele­ver un véri­table enjeu de déve­lop­pe­ment des com­pé­tences. Dans cet esprit, nous tra­vaillons sur la mise en place d’un label des métiers de la tran­si­tion éner­gé­tique. En France et aus­si plus lar­ge­ment en Europe, il est impé­rieux de mieux faire connaître les com­pé­tences scien­ti­fiques, tech­niques et indus­trielles dont nous avons besoin pour réus­sir la tran­si­tion éner­gé­tique et d’attirer les jeunes et les moins jeunes vers ces métiers. 


Le Comité Stratégique de Filière Nouveaux Systèmes Énergétiques en chiffres

  • 15 000 entre­prises dans la filière
  • 210 000 emplois directs et indi­rects 
  • 41 mds d’euros de chiffre d’affaires 

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