EURAZEO : accélérateur de croissance

Dossier : Dossier FFEMagazine N°729 Novembre 2017
Par Patrick SAYER (77)

Patrick Sayer, pouvez-vous nous expliquer en quelques mots le métier du capital investissement tel que vous le concevez chez Eurazeo ?

Détecter des poten­tiels de crois­sance est la pre­mière étape de notre méti­er. Eurazeo investit dans des entre­pris­es évolu­ant dans des secteurs por­teurs béné­fi­ciant de ten­dances sous-jacentes favor­ables, mais aus­si dans des sociétés dotées d’un poten­tiel de trans­for­ma­tion pour devenir les cham­pi­ons de demain. 

Nos équipes sont ensuite aux côtés des entre­pris­es et de leur man­age­ment en sou­tien de leur trans­for­ma­tion : dig­i­tal­i­sa­tion, inter­na­tion­al­i­sa­tion, inté­gra­tion des pra­tiques respon­s­ables, etc. Action­naires act­ifs et respon­s­ables, nous activons tous les leviers de crois­sance financiers et humains néces­saires à l’accélération de la transformation. 

Nous avons en effet la con­vic­tion que c’est en alliant nos com­pé­tences et nos ressources à la vision entre­pre­neuri­ale de nos par­tic­i­pa­tions que nous pou­vons ensem­ble créer de la valeur dans la durée. 

De par son mod­èle — absence de dette struc­turelle, ressources pro­pres —, Eurazeo reste maître du tim­ing de ces­sion. Un atout qui lui per­met de céder ses par­tic­i­pa­tions au moment le plus oppor­tun pour nos action­naires comme pour nos sociétés. 

Être implanté à l’international, c’est une nécessité pour une société de capital investissement comme Eurazeo ?

La mon­di­al­i­sa­tion, qui tient à la rapid­ité des moyens de trans­port et de com­mu­ni­ca­tion, est une ten­dance absol­u­ment irréversible, même si elle peut con­naître des paliers. Dans ce cadre, notre objec­tif à long terme est de mieux équili­br­er notre porte­feuille entre Europe et États- Unis. 

Notre implan­ta­tion améri­caine nous per­met d’y accom­pa­g­n­er les entre­pris­es qui ne veu­lent plus jouer au « jeu de l’oie » de la con­struc­tion européenne : « J’essaie l’Italie, puis l’Allemagne, mais si je rate, je recule de deux cases… ». 

Elles accè­dent ain­si directe­ment à un marché de 325 mil­lions de con­som­ma­teurs avant d’aborder le reste du monde. Eurazeo est aus­si active en Asie et en Amérique du Sud pour accom­pa­g­n­er nos entre­pris­es au plus près des grands marchés. 

En déploy­ant notre dimen­sion inter­na­tionale, nous ouvrons le champ des pos­si­bles pour les sociétés que nous accom­pa­gnons, comme pour nos pro­pres investisse­ments et nos partenariats. 

L’INTELLIGENCE
ARTIFICIELLE VA
S’IMPOSER PARTOUT
ET DOIT EFFECTIVEMENT
ÊTRE MAÎTRISÉE
PAR L’INTELLIGENCE
HUMAINE. C’EST DANS
CETTE LOGIQUE AUSSI
QU’EURAZEO INVESTIT
DANS L’ÉDUCATION.

Vous parlez même de capital-investissement « à la française », qui serait un atout aux États-Unis ?

Bien sûr ! Nous appor­tons à ce marché améri­cain notre pra­tique du cap­i­tal long terme et notre vision pat­ri­mo­ni­ale et famil­iale, qui est assez unique et qui résonne bien auprès de nom­breux entre­pre­neurs améri­cains. Nous pro­posons aux entre­pris­es améri­caines une véri­ta­ble « green card » vers l’Europe, car les fonds améri­cains instal­lés ici ne se sont pas réelle­ment européanisés. 

Et il est impératif pour nos économies du Vieux Con­ti­nent de soutenir ce mod­èle du cap­i­tal-investisse­ment à la française qui per­met de recy­cler des cap­i­taux étrangers au prof­it du finance­ment de notre économie. 

Depuis plusieurs années, le mod­èle de créa­tion de valeur fondé sur la dette n’avait plus de sens pour nous. Nous avons ori­en­té toutes les forces vives d’Eurazeo vers la crois­sance des entre­pris­es — la détecter, la sus­citer — et notre nou­veau mod­èle a fait ses preuves. Nous sommes des généra­teurs de crois­sance, forte­ment impliqués aux côtés de nos entreprises. 

C’est un engagement économique et politique ?

Par­ler des entre­pris­es européennes, c’est par­ler de l’Europe, c’est être acteur de la cité. Je suis européen de cul­ture, mais aus­si de cir­con­stance, parce que je vois à quel point les mod­èles mon­di­aux — les GAFA et autres WAT (Wei­bo, Aliba­ba, Ten­cent) — écrasent le reste du monde en cap­tant une richesse con­sid­érable. C’est un fait. 

Et, mal­gré nos atouts, il n’existe pas une seule plate­forme européenne capa­ble de faire jeu égal. Cela provient du fait qu’il existe une col­lec­tion de marchés nationaux, cha­cun avec ses régle­men­ta­tions, aux­quelles s’ajoute la régle­men­ta­tion européenne. Cela asphyx­ie la crois­sance de nos entre­pris­es au lieu de la libérer. 

Il est grand temps que cela change. Et comme il n’y a pas de fonds de pen­sion en France, il est évi­dent qu’il faut redonner le goût de l’investissement en cap­i­tal, comme l’a encore défendu récem­ment l’AFIC (Asso­ci­a­tion Française des Investis­seurs pour la Croissance). 

Et par investisse­ment en cap­i­tal, j’entends l’investissement dans l’intelligence et la tech­nolo­gie qui ren­dent l’industrie française performante. 

Que pensez-vous de l’intelligence artificielle ?
Quel rôle pour les entreprises ?

Les entre­pris­es doivent plus que jamais jouer un rôle de vigie face à des change­ment s con­sid­érables. Les métiers de con­trôle vont devenir prédominants. 

On invente des sys­tèmes d’information, après cela il faut con­trôler les algo­rithmes, les adapter, pro­téger les don­nées. C’est un développe­ment sem­blable à une vague de fond. 

Si on voulait pren­dre un exem­ple, Europ­car, dont nous sommes action­naires, évolue de façon intéres­sante. Sa force, c’est l’intelligence con­sti­tuée en écosys­tème autour du véhicule. Peu importe si on le con­duit ou s’il est autonome, s’il roule ou si, un jour, il vole. 

Le ser­vice offert, c’est la flex­i­bil­ité, l’agilité, la sim­plic­ité — et bien sûr la sécu­rité. L’intelligence arti­fi­cielle va s’imposer partout et doit effec­tive­ment être maîtrisée par l’intelligence humaine. C’est dans cette logique aus­si qu’Eurazeo investit dans l’éducation.

Vous êtes également un ardent défenseur de la responsabilité sociale des entreprises ?

C’est un sujet majeur. Eurazeo a le temps long dans ses gènes et nous avons une gou­ver­nance respon­s­able qui porte plus qu’un regard sur l’empreinte de nos entre­pris­es dans le monde. 

Tout en restant dans notre rôle, nous avons un réel pou­voir et donc le devoir d’agir avec respon­s­abil­ité dans notre zone d’influence. Depuis dix ans, nous avons ren­for­cé nos engage­ments pour une activ­ité respon­s­able et durable. 

Investis­seurs dans l’économie réelle, nous con­tribuons à une crois­sance dynamique et pos­i­tive pour toutes nos par­ties prenantes. Nous sommes en pre­mière ligne pour iden­ti­fi­er et réduire les risques liés à nos activités. 

Au-delà des mots, les valeurs d’Eurazeo con­duisent notre action et celles de cha­cun de nos col­lab­o­ra­teurs. La respon­s­abil­ité socié­tale fait réelle­ment par­tie de notre busi­ness. Nous l’intégrons dans toutes nos déci­sions, nous la parta­geons avec cha­cun dans notre zone d’influence.

Nous avons la con­vic­tion que pour créer de la valeur, une entre­prise doit être alignée avec les intérêts de la société civile. 

Avez-vous un message particulier pour nos étudiants ?

L’avenir de l’humanité passe par les tech­nolo­gies dig­i­tales, les math­é­ma­tiques, la robo­t­ique, les nan­otech­nolo­gies, les bio­sciences, l’espace, les sci­ences humaines et cog­ni­tives. Et j’en oublie ! 

Je ne saurai donc que vous inciter à vous engager dans ces voies. Con­sciente de ces boule­verse­ments, Eurazeo encour­age les trans­for­ma­tions qui en découlent dans les sociétés dont elle est action­naire et peut per­me­t­tre à ceux qui le souhait­eraient d’accompagner des entre­pre­neurs dans ces domaines. 

Par ailleurs, ne soyez pas car­riéristes. On ne con­naît rien au monde dans 20 ans. Alors, fon­cez ! Et éclatez-vous !

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