étymologie de l'hélicoptère

Étymologie :
À propos de l’hélicoptère

Dossier : HélicoptèresMagazine N°767 Septembre 2021
Par Pierre AVENAS (X65)

Le mot héli­cop­tère com­porte le suf­fixe -ptère, du grec pteron « aile », précédé de l’élément héli­co-, du grec helix, qui était encore loin de désign­er une hélice au sens actuel du terme. 

Les vis et autres spirales de l’Antiquité

Le grec helix s’appliquait à divers­es réal­ités de forme cir­cu­laire ou spi­ralée. En astronomie, Aris­tote nom­mait helix la rota­tion appar­ente de la voûte céleste autour de l’étoile Polaire, d’où Helikê, l’un des noms de la Grande Ourse. Dans la nature, helix pou­vait désign­er l’enroulement d’un ser­pent, un coquil­lage spi­ralé, le lierre grim­pant ou encore la vrille par laque­lle la vigne s’attache à un sup­port. À ce pro­pos, cette vrille don­nant l’idée d’une vis (de la bion­ique !), le mot vis vient du latin vitis « vigne », tout comme vrille. Une vis peut aus­si être conique comme celle d’un coquil­lage spi­ralé, nom­mé helikê par Aris­tote, cette fois dans son His­toire des ani­maux. S’inspirant de cela, Lin­né a créé en 1758 le genre Helix pour les escar­gots (cf. l’héli­ci­cul­ture), alors qu’il avait nom­mé le lierre com­mun Here­da helix.

Enfin helix désig­nait aus­si en grec la fameuse vis d’Archimède, util­isée pour élever l’eau depuis l’Antiquité. D’où aujourd’hui le nom de la fig­ure géométrique, hélice (anglais helix).

Mais où l’hélice de l’hélicoptère se situe-t-elle dans tout cela ?

Petite histoire de l’hélice commune

L’idée de la propul­sion au moyen d’une hélice serait due à Léonard de Vin­ci : son dessin daté de 1487–1490 représente un engin sur­mon­té d’un seg­ment de vis d’Archimède d’axe ver­ti­cal. Avec un cer­tain opti­misme, il écrivait : « Si on la fait tourn­er rapi­de­ment, j’estime que cette vis fera son écrou dans l’air et s’élèvera. » Si ce dis­posi­tif avait été expéri­men­té, on aurait con­staté qu’il valait mieux rem­plac­er cette vis d’Archimède par un rotor muni de pales, et c’est ce qu’ont réal­isé, dès la fin du XVIIIe siè­cle, les con­struc­teurs des bateaux à moteur avec des pales de forme héli­coï­dale, d’où le nom d’hélice de bateau (mais pro­peller en anglais).

Hélicoptère de Ponton d'Amécourt

C’est aus­si le principe retenu vers 1860 par l’ingénieur français Pon­ton d’Amécourt pour un petit aéronef muni de deux hélices à dou­ble pale, de même axe ver­ti­cal et con­traro­ta­tives. Il a obtenu ain­si le pre­mier envol d’un « plus lourd que l’air », qu’il a nom­mé héli­cop­tère (heli­copter) dans ses brevets anglais de 1861 et français de 1862, et qui était une sorte de drone, nom emprun­té à l’anglais, où il désigne d’abord le mâle des abeilles, ou faux bour­don (drone étant une ono­matopée évo­quant son bourdonnement).

Il y eut ensuite les hélices de dirige­able, et surtout d’avion : celle de Clé­ment Ader (1890) à pales en forme de plumes, puis des mod­èles plus per­for­mants dont la fameuse hélice Éclair (1915), à pales héli­coï­dales, conçue par Mar­cel Bloch (nom­mé plus tard Mar­cel Das­sault). La mise au point de l’hélicoptère a été plus tar­dive : après l’idée de l’autogire (1923) restée mar­ginale, c’est finale­ment en 1936 qu’a décol­lé en Alle­magne le Focke-Wulf Fw 61, le pre­mier véri­ta­ble héli­cop­tère, en alle­mand Hub­schrauber, de heben « soulever » et Schraube « vis » (mot de même orig­ine que l’anglais screw « vis » et que sans doute le français écrou).

Le gyroplane Breguet-Dorand Laboratoire : premier hélicoptère réussi Louis Breguet franchit 44 km en novembre 1936.
Gyro­plane Breguet-Dorand

Focke-Wulf
Focke-Wulf

Épilogue

En fait, on par­le d’hélice de bateau ou d’avion, mais plutôt de rotor d’hélicoptère, dont les longues pales en forme d’ailes ne sont pas héli­coï­dales. L’engin serait, si l’on ose dire, un rotop­tère, alors que son ancêtre théorique imag­iné par Léonard de Vin­ci était vrai­ment un héli­cop­tère, éty­mologique !

2 Commentaires

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Pierre Ave­nasrépondre
21 septembre 2021 à 11 h 39 min

MISE AU POINT HISTORIQUE
Le gyro­plane Breguet-Dorand Lab­o­ra­toire est qual­i­fié, en page 29, de pre­mier héli­cop­tère réussi
Ce fut en effet le pre­mier héli­cop­tère capa­ble de toutes les manœu­vres clas­siques, après 30 ans de tâton­nements en France mais aus­si aux Etats Unis, en Espagne, et en Allemagne …
Le Breguet-Dorand Lab­o­ra­toire fit son pre­mier vol en 1933 et établit une série de records du monde pour héli­cop­tère dès 1936, notam­ment il par­cou­rut 44km en cir­cuit fer­mé en 1h 2’ en novem­bre 1936. En Alle­magne, le FW61 fit son pre­mier vol le 26 juin 1936 et bat­tit les records du Breguet en juin 1937.
Il est donc his­torique­ment exact de qual­i­fi­er le Breguet de pre­mier héli­cop­tère vrai­ment fonc­tion­nel au monde., ce qui en rai­son du con­texte con­cur­ren­tiel en fait le pre­mier héli­cop­tère réussi.
Ces deux appareils n’ont pas dépassé le stade de pro­to­type ‑démon­stra­teur.
Jean-Pierre Dubreuil et Pierre Avenas

Alain Olivi­errépondre
22 septembre 2021 à 21 h 07 min

Pierre a trou­vé là un jou­teur de qual­ité qui le pousse dans ses derniers retranche­ments tech­niques, mais il reste le maître de l’étymologie..

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