ENEDIS mise sur les technologies de pointe

Dossier : Dossier FFEMagazine N°733 Mars 2018
Par Philippe DAGUZAN

Dans le monde de l’énergie, quel rôle peut jouer l’intelligence artificielle ?

Le secteur de l’énergie évolue très forte­ment sous l’impulsion de la tran­si­tion énergé­tique et de la révo­lu­tion numérique. Pour accom­pa­g­n­er ces évo­lu­tions, Enedis ambi­tionne de devenir un opéra­teur de sys­tème de dis­tri­b­u­tion en s’appuyant sur les nou­velles tech­nolo­gies pour ren­forcer la per­for­mance indus­trielle et dévelop­per des solu­tions qui vont faciliter la tran­si­tion énergétique. 

L’enjeu est de trou­ver de la valeur autour et avec ces nou­velles tech­nolo­gies. Par exem­ple, l’intelligence arti­fi­cielle va nous per­me­t­tre d’optimiser la prise de déci­sion aus­si bien au niveau du développe­ment du réseau qu’en ter­mes d’exploitation, de main­te­nance ou de renou­velle­ment du réseau ou des ouvrages. Elle per­met d’automatiser cer­tains de nos proces­sus, ou encore d’enrichir la rela­tion client avec le recours aux chatbots. 

Elle est un levi­er d’optimisation de la ges­tion de nos act­ifs indus­triels, dont nos 1,3 mil­lion de kms de ligne… Elle per­met de dévelop­per une main­te­nance plus pré­dic­tive, pas­sant d’une logique de main­te­nance sys­té­ma­tique par gamme de matériel à une main­te­nance plus indi­vid­u­al­isée par équipement. 

Elle peut aus­si con­tribuer à amélior­er nos mod­èles de prévi­sion pour la con­som­ma­tion et la pro­duc­tion, un sujet de plus en plus impor­tant à cause de l’arrivée des ENR sur nos réseaux et le développe­ment des véhicules électriques. 

Enfin, l’intelligence arti­fi­cielle doit aus­si pou­voir être mise au ser­vice de nos agents d’intervention et de nos métiers. 

Comment cela se traduit-il concrètement ?

Nous tra­vail­lons autour du tech­ni­cien 3.0. Nous voulons équiper nos tech­ni­ciens de nou­velles tech­nolo­gies pour les ren­dre plus per­for­mants tout en garan­tis­sant un niveau de sécu­rité opti­mal. Nous cap­i­tal­isons ain­si sur les apports de l’intelligence arti­fi­cielle, mais aus­si sur la réal­ité aug­men­tée et virtuelle, ain­si que les drones. 

Nous avons ain­si dévelop­pé nos pre­mières solu­tions disponibles sur tablette ou smart­phone que nos tech­ni­ciens peu­vent utilis­er lors d’une inter­ven­tion. Le tech­ni­cien pointe le matériel à l’intérieur d’un poste pour que le logi­ciel puisse recon­naître le type d’équipement et lui fournir toutes les infor­ma­tions néces­saires (infor­ma­tions sur le matériel, con­signes de sécu­rité, modes opéra­toires). En par­al­lèle, la réal­ité aug­men­tée va lui per­me­t­tre de visu­alis­er sur sa tablette les élé­ments à action­ner pour réalis­er les opéra­tions sur l’équipement.

Nous util­isons aus­si le deep learn­ing pour analyser les images dans le cadre de la ges­tion pat­ri­mo­ni­ale. L’analyse d’image est aus­si appliquée à l’identification des anom­alies sur le réseau aérien que nous véri­fions régulière­ment avec des vis­ites par héli­cop­tère suite aux­quelles il faut dépouiller les images pour détecter les anom­alies éventuelles. L’intelligence arti­fi­cielle va nous per­me­t­tre d’automatiser le traite­ment de ces images. 

Dans cette démarche, quels sont les principaux défis ?

Le prin­ci­pal enjeu est de s’approprier ces tech­nolo­gies pour éval­uer les béné­fices que nous allons pou­voir en tir­er pour notre activ­ité et nos métiers. Nous avons obtenu des pre­miers résul­tats intéres­sants, et nous souhaitons désor­mais explor­er de nou­veaux champs. 

Il faut aus­si pou­voir inté­gr­er cela à nos sys­tèmes d’information de manière har­monieuse aus­si bien en ter­mes d’architecture, de manip­u­la­tion que de sécurisation. 

Enfin, il y a aus­si un enjeu RH et de trans­for­ma­tion de nos métiers autour du développe­ment des bonnes compétences. 

Vos perspectives ?

Nous allons pour­suiv­re l’investigation d’autres thé­ma­tiques via nos pro­grammes de R&D, ain­si que notre démarche d’open inno­va­tion pour tester rapi­de­ment de nou­velles solu­tions dévelop­pées par des start-ups. 

Sur un plan opéra­tionnel, nous voulons accélér­er l’industrialisation de solu­tions comme la recon­nais­sance d’image pour la détec­tion des anom­alies sur les lignes aéri­ennes, des mod­èles per­me­t­tant d’estimer la fia­bil­ité des câbles ou de nou­velles fonc­tions pour faciliter les inter­ven­tions de nos tech­ni­ciens d’intervention, tou­jours dans l’optique de délivr­er des pro­duits sim­ples à utilis­er par nos métiers.

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