BCG GAMMA : “Il faut agir et agir vite !”

Dossier : SupplémentMagazine N°748 Octobre 2019
Par Guillaume CHARLIN
Par Sylvain DURANTON (88)

Guil­laume Char­lin, Directeur général du bureau de Paris du Boston Con­sult­ing Group, et Syl­vain Duran­ton (91), Directeur Asso­cié Senior au bureau de Paris du Boston Con­sult­ing Group et en charge de BCG GAMMA, revi­en­nent pour nous sur l’actualité du Boston Con­sult­ing Group dans un envi­ron­nement en con­stante muta­tion. Entre­tien croisé.

Depuis votre prise de fonctions à la tête de BCG France, quels sont les principaux sujets qui vous ont mobilisé ? Quelles sont les grandes lignes de votre feuille de route ?

Guil­laume Char­lin : Notre action s’articule aujourd’hui autour de deux grands axes : la révo­lu­tion tech­nologique d’une part ; l’urgence socié­tale et envi­ron­nemen­tale, d’autre part. Dans les deux cas, nous sommes face à de pro­fonds change­ments de mod­èle. Dans un monde qui a atteint un niveau de savoir et de tech­nic­ité inédit mais qui s’est dans le même temps telle­ment com­plex­i­fié, notre rôle est d’accompagner nos clients à nav­iguer pour inté­gr­er ces trans­for­ma­tions au cœur de leur agen­da stratégique. C’est une respon­s­abil­ité aus­si stim­u­lante que cruciale.

Sur la tech­nolo­gie en par­ti­c­uli­er, nous avons beau­coup accéléré ces dernières années, avec un rôle moteur joué par le bureau de Paris dans la galax­ie BCG. Dans le domaine de l’IA et de la data sci­ence, nous avons créé GAMMA, dont Syl­vain est le respon­s­able au niveau mon­di­al. Nous avons égale­ment investi le champ de la Deep Tech avec la créa­tion d’une ini­tia­tive mon­di­ale, The Mis­sion, là aus­si dirigée par un de nos autres directeurs asso­ciés, Antoine Goure­vitch. Nous nous sommes égale­ment dotés d’une struc­ture dédiée à la dis­rup­tion dig­i­tale et à l’innovation de rup­ture avec Dig­i­tal Ven­ture qui compte aujourd’hui près de 1 000 per­son­nes dans le monde.

“Digital Venture est une structure dédiée à la disruption digitale et à l’innovation de rupture.”

Sur les enjeux de sus­tain­abil­i­ty, le BCG est tout d’abord une entre­prise exem­plaire. Au niveau mon­di­al, nous nous sommes engagés à être neu­tre en car­bone et à l’échelle du bureau de Paris, l’initiative GoGreen se développe pour réduire au max­i­mum nos exter­nal­ités néga­tives. Ensuite, notre rôle est d’être catal­y­seur de change­ments pour nos clients. Bonne nou­velle : les entre­pris­es français­es sont par­mi les plus « respon­s­ables » au monde. Cette posi­tion est un avan­tage car il y a sur ce sujet un avan­tage aux pionniers.

Par ailleurs, cette respon­s­abil­ité sociale et envi­ron­nemen­tale n’est en rien pénal­isante pour la per­for­mance économique, bien au con­traire. Notre indi­ca­teur « TSI » (Total Soci­etal Impact) a notam­ment per­mis de démon­tr­er que les entre­pris­es les plus vertueuses sont égale­ment les plus per­for­mantes. Les enjeux des Objec­tifs de Développe­ment Durable doivent donc désor­mais faire par­tie inté­grante de la stratégie des entre­pris­es. La pres­sion des con­som­ma­teurs, des investis­seurs et des tal­ents va s’accroître dans les années à venir et pour les entre­pris­es, il n’y a pas de rai­son de subir, il faut agir, et agir vite.

Sur un marché du conseil en stratégie mature et très concurrentiel, comment un acteur comme BCG se réinvente ? Quels sont les axes de différenciation que vous voulez pousser ?

Guil­laume Char­lin : D’abord, je ne suis pas sûr que l’on puisse par­ler de marché « à matu­rité » : nous avons con­nu à Paris une crois­sance soutenue sur les dix dernières années et nous avons la con­vic­tion que cela va se pour­suiv­re dans les années qui viennent.
Pourquoi cette con­fi­ance ? Notre méti­er est d’anticiper les besoins et de met­tre en place les meilleures équipes pour accom­pa­g­n­er nos clients. Aujourd’hui, notre avan­tage com­péti­tif se con­stru­it autour de trois com­posantes clés : notre per­spec­tive stratégique, notre capac­ité à tra­vailler en équipes pluridis­ci­plinaires et la qual­ité de nos tal­ents. La com­bi­nai­son des trois, indis­pens­able pour répon­dre à la com­plex­i­fi­ca­tion et l’accélération du monde, fait la sin­gu­lar­ité et la force de notre modèle.

Comment cela se traduit-il au niveau de vos consultants ? Quels sont les talents et compétences que vous cherchez à attirer au sein de BCG pour renforcer vos équipes ?

Guil­laume Char­lin : Pour attir­er et dévelop­per les meilleurs — spé­cial­istes et général­istes — notre engage­ment est sim­ple : leur offrir un envi­ron­nement stim­u­lant et attrac­t­if, une organ­i­sa­tion sou­ple avec peu de niveaux hiérar­chiques, un tra­vail col­lab­o­ratif et inter­dis­ci­plinaire per­me­t­tant à leur tal­ent et leur esprit créatif de se déploy­er et de se dévelop­per en permanence.
Les pro­fils ingénieur représen­tent env­i­ron la moitié de nos recrute­ments, dont env­i­ron 10 à 15 % de poly­tech­ni­ciens — on en compte plus de 100 au BCG aujourd’hui.

Sur un plan plus opérationnel, pour relever le défi de la data et de l’IA, BCG s’est doté d’une entité dédiée à ces sujets : BCG GAMMA que vous avez créé et que vous présidez. Dites-nous-en plus ?

Syl­vain Duran­ton : Il y a trois ans et demi, le BCG a souhaité se dot­er d’une entité IA et data sci­ence, que j’ai eu l’opportunité et la chance de créer et de diriger.

Le champ est immense et nous n’en sommes qu’au début. L’exploitation des don­nées est aujourd’hui un enjeu de crois­sance stratégique pour nos clients. Notre rôle est de leur apporter des solu­tions inno­vantes, de bout en bout, c’està-dire de la con­struc­tion d’un algo­rithme au déploiement opéra­tionnel des modèles.

“Nos équipes pluridisciplinaires combinent des compétences techniques et business.”

Nous avons ain­si mon­té des équipes pluridis­ci­plinaires, qui com­bi­nent des com­pé­tences tech­niques et busi­ness très poussées. L’objectif : pro­pos­er à nos clients des solu­tions qui améliorent l’efficacité des proces­sus fon­da­men­taux des entre­pris­es (CRM, adver­tis­ing, pric­ing, plan­i­fi­ca­tion et pilotage indus­triel, main­te­nance, ges­tion du risque). C’est d’autant plus essen­tiel que l’impact financier est sou­vent colos­sal mais, surtout, mesurable, quelques mois seule­ment après le lance­ment des pro­jets. Les exem­ples foi­son­nent et don­nent une idée du spec­tre très large d’intervention du BCG GAMMA : détecter les fraudeurs pour une com­pag­nie d’assurance, assur­er une ges­tion dynamique de la tar­i­fi­ca­tion pour un géant de la mode, garan­tir une hyper­per­son­nal­i­sa­tion de la rela­tion client dans le secteur de la banque, assur­er le pilotage dynamique de la sup­ply chain pour un sidérurgiste…

GAMMA s’inscrit pleine­ment dans l’écosystème IA dans tous les pays où nous nous trou­vons. Cela se traduit par les parte­nar­i­ats que nous nouons avec les cen­tres de recherche les plus poin­tus, de l’École poly­tech­nique bien sûr, mais égale­ment INRIA, MIT, Impe­r­i­al Col­lege ou encore l’université de Tokyo par exem­ple. Nous sommes dans dix-sept pays ce qui offre des pos­si­bil­ités de mobil­ité très grande à nos équipes.


En bref

BCG est un cab­i­net inter­na­tion­al de con­seil en man­age­ment et un des lead­ers mon­di­aux du con­seil en stratégie d’entreprise. BCG tra­vaille avec des clients de tous les secteurs partout dans le monde. À tra­vers une approche per­son­nal­isée, nous leur appor­tons notre vision et notre exper­tise, notam­ment en matière de trans­for­ma­tion dig­i­tale avec Pla­tin­ion, BCG Dig­i­tal Ven­ture et BCG GAMMA. Fondé en 1963, le BCG est présent dans 50 pays et compte 90 bureaux. En France, le BCG compte 700 collaborateurs.


En trois ans, vos effectifs sont passés de 25 à 800. Quels sont vos besoins ? Quelles sont les perspectives de carrière qui peuvent intéresser les polytechniciens ?

Syl­vain Duran­ton : Cette crois­sance repose sur notre capac­ité à faire vivre des équipes mixtes sur des pro­jets pluridis­ci­plinaires. En out­re, chez GAMMA, l’environnement de tra­vail ressem­ble davan­tage à celui d’une start-up qu’à celui d’un grand groupe, en encour­ageant la prox­im­ité et le tra­vail en équipe ou l’accès à des bib­lio­thèques d’algorithmes Open Source. Nos équipes doivent avoir la pos­si­bil­ité chaque jour, de résoudre des prob­lèmes, de se con­fron­ter à des sit­u­a­tions inédites et d’en mesur­er l’impact.

C’est là l’atout des struc­tures comme la nôtre, face aux GAFAMs ou aux start-ups : pro­pos­er de con­stru­ire des solu­tions en cycle court. Nous pro­posons très vite aux jeunes diplômés une grande diver­sité de pro­jets, des rela­tions à très haut niveau dans les entre­pris­es, des per­spec­tives à l’étranger. Tout cela avec un très fort esprit d’équipe. Des per­spec­tives de car­rière qui com­bi­nent lead­er­ship, sens des respon­s­abil­ités et math­é­ma­tiques. Un cock­tail qui devrait intéress­er nos jeunes camarades !

Vos enjeux et perspectives pour conclure ?

Guil­laume Char­lin : Notre enjeu clé est celui d’accompagner le change­ment de mod­èle des entre­pris­es autour notam­ment de leur trans­for­ma­tion dig­i­tale et de la ques­tion de l’impact social et envi­ron­nemen­tal. Nous devons apporter le cadre d’analyse et d’action le plus exigeant à nos clients. Nous devons dans le même temps porter un soin tout par­ti­c­uli­er à nos équipes pour les attir­er, les stim­uler, les ren­dre tou­jours meilleures. L’excellence ne se décrète pas. Mais, face à la trans­for­ma­tion pro­fonde de nos mod­èles, celle-ci n’est pas une option mais un impératif. Nous par­lons d’une révo­lu­tion sys­témique, de l’invention d’un mod­èle de cap­i­tal­isme plus respon­s­able et plus inclusif, qui doit embar­quer tout le monde. La tâche est immense, mais elle est exaltante !

“L’un des enjeux majeurs des entreprises est aujourd’hui de déployer l’IA à l’échelle.”

Syl­vain Duran­ton : BCG GAMMA va con­tin­uer à con­naître une crois­sance très dynamique au cours des années à venir. 40 % de la crois­sance du BCG est assurée par nos activ­ités dig­i­tales et GAMMA est un des moteurs clé de cette crois­sance. L’un des enjeux majeurs des entre­pris­es est aujourd’hui de déploy­er l’IA à l’échelle or selon une étude que nous avons con­duite avec le MIT, seule­ment 20 % des entre­pris­es au niveau mon­di­al ont aujourd’hui réus­si à pass­er des solu­tions d’IA à l’échelle. L’IA va s’appliquer à l’ensemble des secteurs d’activité et des fonc­tions. C’est une véri­ta­ble vague de fond pour laque­lle BCG GAMMA sera un acteur de référence.

La spé­ci­ficité de GAMMA est de tra­vailler en rela­tion très étroite avec les con­sul­tants du BCG. 10/20/70 est notre règle d’or : 10 % de la mis­sion repose sur la pro­duc­tion de l’algorithme ; 20 % sur son implé­men­ta­tion dans les sys­tèmes exis­tants ; 70 % sur son inté­gra­tion dans les proces­sus de tra­vail qui doivent être réimag­inés pour tir­er le meilleur prof­it de l’IA. L’IA est un levi­er de crois­sance excep­tion­nel pour les entre­pris­es et nous avons besoin d’ingénieurs de haut niveau pour aider nos clients à relever le défi.


Les témoignages

Ben­jamin Fassenot (2012) – con­sul­tant BCG Pour mon stage 3A, je voulais inté­gr­er une entre­prise tournée vers le monde économique me per­me­t­tant de met­tre à con­tri­bu­tion ma rigueur sci­en­tifique et mes qual­ités ana­ly­tiques et dans laque­lle je pour­rais ren­con­tr­er des per­son­nes pas­sion­nantes. Après ce stage et ma 4A, j’ai rejoint le BCG et 3 ans plus tard, je ne me suis pas trompé : la diver­sité des prob­lé­ma­tiques sur lesquelles j’ai eu la chance de tra­vailler, l’environnement tou­jours stim­u­lant et surtout la bonne humeur et l’enthousiasme de mes collègues/amis me prou­vent tous les jours que j’ai fait le bon choix.

Mag­a­li Beffy (97) – Senior Data Sci­en­tist GAMMA Équipe jeune et dynamique, Gam­ma est une véri­ta­ble ruche de tal­ents. Depuis mon arrivée ici, je suis sans cesse éton­née par la diver­sité, la qual­ité et la sym­pa­thie des pro­fils. Quelle que soit la ques­tion, je trou­ve tou­jours une per­son­ne référente qui pren­dra le temps d’y répon­dre. Quant aux pro­jets, c’est un mariage sub­til entre R&D et busi­ness, avec une optique tou­jours opéra­tionnelle. Ce que nous dévelop­pons est en effet rapi­de­ment déployé sur le ter­rain et util­isé, ce qui est appré­cia­ble. Pen­dant un pro­jet, nous inves­tiguons et définis­sons les prob­lé­ma­tiques avec les clients, et charge à nous ensuite d’y répon­dre, tou­jours de façon prag­ma­tique et dans des délais stim­u­lants. Ain­si jamais chez Gam­ma je ne m’ennuie. J’apprends sans cesse de nou­velles choses, dans des équipes pro­jets tou­jours renouvelées.

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