Elle s’appelait Aurore – Histoire de sa vie

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°748 Octobre 2019Par :

Erik Egnell (57)

Rédacteur : Gilles Cosson (57)Editeur : Éditions J.-J. Wuillaume, lieu-dit Pichou, 24130 Monfaucon.

Inlas­sable curieux, Erik Egnell nous trans­porte cette fois dans les méandres d’une époque agi­tée qui passe du roman­tisme hugo­lien à l’Empire de Badin­guet, et des désordres de la pas­sion à l’austère ver­tu d’Eugénie de Mon­ti­jo. Devant ce spec­tacle tré­pi­dant, l’auteur s’amuse à se mettre en scène au tra­vers d’un per­son­nage inat­ten­du, réa­li­sant ain­si une manière de bio­gra­phie roman­cée, riche d’une étour­dis­sante documentation.

Ain­si défilent devant nous tous les grands per­son­nages du moment en un bal­let sans cesse renou­ve­lé : Mus­set, Sten­dhal, Tal­ley­rand, Sainte-Beuve, Cho­pin, Liszt et Marie d’Agoult, Dela­croix, Flau­bert, l’auteur sup­po­sé com­men­tant avec humour ces des­tins que le temps a figés dans l’éternité. Se jalou­sant, s’estimant, se détes­tant, mais tou­jours pré­sen­tés avec indul­gence, ils s’avancent sur la scène du monde avec leurs désordres et leurs convic­tions. Au milieu d’eux, la grande, la cha­leu­reuse, la révol­tée George Sand nous enchante de son mélange de digni­té, de gran­deur d’âme et d’abandon, avec une empa­thie aus­si géné­reuse que sa capa­ci­té de travail.

Une vie mouvementée à redécouvrir

Ain­si vivent et meurent devant nous les décen­nies cen­trales du XIXe siècle, époque où l’on savait mélan­ger lit­té­ra­ture et poli­tique. Et le fait est qu’à la fin d’une vie mou­ve­men­tée, plus par rai­son que par pas­sion, car elle était, dit-on, fri­gide, l’inépuisable George aban­donne les idéaux révo­lu­tion­naires de son âge mûr, pour se sou­ve­nir que le bon­heur indi­vi­duel est aus­si impor­tant que la fièvre col­lec­tive quand celle-ci, telle la Com­mune de Paris, abou­tit au bain de sang. Comme quoi l’on en revient tou­jours à ses ori­gines à la fois modestes et aris­to­cra­tiques, s’agissant de celle qui res­te­ra une femme en avance sur son temps. Tout cela Erik le rend avec talent et l’on sent chez lui une admi­ra­tion sin­cère pour celle dont il se fait le chantre chaleureux.

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