Olivier Rey L'idolâtre de la vie

L’idolâtrie de la vie

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°760 Décembre 2020Par : Olivier Rey (83)Rédacteur : Gérard Blanc (68)Editeur : Gallimard, Tracts n° 15, juin 2020

Olivier Rey, L'Idolâtre de la vieDans L’i­dolâtrie de la vie, Olivi­er Rey, math­é­mati­cien et philosophe, dévoile les mul­ti­ples para­dox­es présents dans nos com­porte­ments révélés par l’épidémie de coronavirus.

Il com­mence par se deman­der pourquoi la famine de 1789 a mené à la Révo­lu­tion alors que depuis le Moyen Âge les famines régulières ne sus­ci­taient pas de révolte con­tre l’autorité royale. Selon lui, les ini­tia­tives de l’administration royale au XVIIIe siè­cle pour atténuer les effets des pénuries ali­men­taires ont con­duit la pop­u­la­tion à con­sid­ér­er qu’un défaut de sub­sis­tance était imputable au gou­verne­ment. Un autre para­doxe est lié aux poli­tiques de prévention.

Dès 2004, le gou­verne­ment français s’était pré­paré à faire face à une pandémie. Mais « dans l’hypothèse où, avant l’épidémie, des stocks de mil­liards de masques eussent été entretenus, les mêmes (ou si ce n’est eux, leurs frères), qui se scan­dalisent de leur absence quand la mal­adie se déclare, se seraient scan­dal­isés, si elle n’avait pas eu lieu, de leur exis­tence ». Le champ de l’intervention du gou­verne­ment dans la vie des citoyens s’est élar­gi. L’Éducation nationale four­nit un pre­mier exem­ple : elle a la respon­s­abil­ité de pro­cur­er non seule­ment des savoirs mais aus­si des savoir-être, des com­pé­tences pour vivre ensem­ble, etc., « la liste est infinie ». Le domaine de la san­té est un autre exem­ple, plus sen­si­ble, dans la mesure où c’est « celui où la moder­nité a rem­porté cer­tains de ses plus immenses et incon­testa­bles suc­cès, et s’avère donc l’un des plus mal choi­sis pour la met­tre en cause ». Le sys­tème de san­té est ain­si con­sid­éré comme « un guéris­seur universel ».

La vie elle-même est venue pren­dre la place du sacré, d’où le titre L’Idolâtrie de la vie. En fin de compte, Oliv­er Rey plaide pour un retour à l’autonomie. « Il nous faudrait réap­pren­dre, col­lec­tive­ment et indi­vidu­elle­ment, à compter sur nous-mêmes. »

Ce petit opus­cule illus­tre l’exigence de la col­lec­tion Tracts chez Gal­li­mard : « Notre liber­té de penser ne peut s’exercer en dehors de notre volon­té de comprendre. »

Poster un commentaire