Éditorial par Noël FORGEARD

Dossier : Le Viêtnam en 2005Magazine N°609 Novembre 2005
Par Noël FORGEARD (65)

Le Viêt­nam, fort de ses qua­tre-vingt-trois mil­lions d’habi­tants et porté par une économie qui recueille les fruits de pro­fondes réformes struc­turelles, s’af­firme aujour­d’hui, à côté des géants indi­ens et chi­nois, comme une des zones les plus dynamiques du con­ti­nent asi­a­tique, avec un taux de crois­sance annuel supérieur à 7 %. En out­re, ce pays cumule un ensem­ble de fac­teurs qui le ren­dent par­ti­c­ulière­ment attrayant pour les entre­pris­es : sta­bil­ité poli­tique, cohé­sion sociale, bon niveau édu­catif ou encore faibles coûts salariaux.

S’il fig­ure par­mi les pre­miers pro­duc­teurs et expor­ta­teurs mon­di­aux de riz, de café, de tex­tile et de caoutchouc le Viêt­nam s’ori­ente aujour­d’hui vers une phase de mod­erni­sa­tion de son indus­trie avec l’am­bi­tion de devenir un acteur majeur dans les indus­tries de l’élec­tron­ique, des télé­com­mu­ni­ca­tions, de l’in­for­ma­tique et des services.

Cette ambi­tion passe par une ouver­ture et une par­tic­i­pa­tion plus active dans les organ­ismes inter­na­tionaux tels que l’ONU, l’ASEAN, l’APEC et bien­tôt l’OMC d’une part et par la con­sol­i­da­tion de ses rela­tions économiques avec des pays tels que la France, la Russie et les États-Unis. L’Eu­rope y a toute sa place : n’ou­blions pas, en effet, que l’U­nion européenne est aujour­d’hui le pre­mier client du Viêt­nam, devant les États-Unis et les pays de l’ASEAN dans leur ensemble.

Près de huit ans après la paru­tion d’un numéro de La Jaune et la Rouge sur le Viêt­nam, force est de con­stater que beau­coup de choses ont évolué dans un sens posi­tif, à com­mencer par le PIB qui aura plus que dou­blé sur cette péri­ode. Ce nou­veau numéro, à tra­vers des arti­cles de fond géos­tratégiques, des points de vue d’in­dus­triels et de cap­ti­vantes réflex­ions sur la cul­ture viet­nami­enne, apporte à mon sens un début de réponse sur l’in­térêt que doit sus­citer le Viêt­nam pour les économies et les cul­tures européennes.

Après une intro­duc­tion due à Mon­sieur l’Am­bas­sadeur de France à Hanoi, les arti­cles que présente ce numéro évo­quent les expéri­ences viet­nami­ennes d’Al­ca­tel de l’A­PAVE. Ils sont suiv­is de la con­tri­bu­tion de Mon­sieur Luong, Vice-Min­istre du Com­merce, que nous remer­cions tout par­ti­c­ulière­ment, retraçant les étapes de l’ad­hé­sion de son pays à l’OMC, puis de l’évo­ca­tion de la fructueuse coopéra­tion établie entre l’Ad­min­is­tra­tion de l’Avi­a­tion civile viet­nami­enne et la Direc­tion générale de l’Avi­a­tion civile française, d’une analyse de la réus­site bril­lante du pays ain­si que de ses rap­ports avec son grand voisin chi­nois. Un aperçu des spé­ci­ficités de la langue et de l’écri­t­ure d’un peu­ple de très anci­enne civil­i­sa­tion, une intro­duc­tion aux paysages de cette superbe con­trée et un texte sur les Viet­namiens à l’É­cole poly­tech­nique for­ment la con­clu­sion de l’ensem­ble. Cepen­dant par­mi ces arti­cles, les lecteurs con­cevront aisé­ment que mon intérêt se porte tout spé­ciale­ment sur celui de Tran Bang con­sacré au marché aéro­nau­tique et spa­tial au Viêt­nam. Ils y trou­veront toutes les infor­ma­tions rel­a­tives à cette impor­tante branche d’ac­tiv­ité qui à l’év­i­dence sus­cite la plus grande atten­tion de la part d’EADS. Des réus­sites ont déjà été enreg­istrées dans plusieurs secteurs, qu’il s’agisse de l’avi­a­tion civile avec Air­bus, ATR et Euro­copter, des com­mu­ni­ca­tions, de l’ob­ser­va­tion de la terre, ou encore des équipements de défense et de sécu­rité, et EADS ambi­tionne de ren­forcer encore sa présence, y com­pris sur le seg­ment clé des avions à long ray­on d’action.

Faisons le vœu aujour­d’hui que les travaux pré­para­toires à la tenue du prochain con­grès du Par­ti com­mu­niste viet­namien en 2006, et la pour­suite des réformes économiques engagées par le Viêt­nam per­me­t­tent à ce pays mar­qué par une his­toire douloureuse de se hiss­er au rang auquel il peut légitime­ment pré­ten­dre compte tenu de ses nom­breux atouts.

Les suc­cès du Viêt­nam dans ses pro­jets de développe­ment devraient, je l’e­spère, se traduire de manière très pos­i­tive sur le ren­force­ment de l’Eu­rope dans la région et, pour ce qui est de la place par­ti­c­ulière de la France, je reprendrai le mot du Prési­dent Jacques Chirac lors de sa vis­ite offi­cielle à Hanoi en 2004 : ” Pour la France, le Viêt­nam est une porte toute naturelle d’en­trée en Asie et pour le Viêt­nam, la France est une porte toute naturelle d’en­trée en Europe. ” 

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