Editorial

Dossier : Océans et littoralMagazine N°575 Mai 2002
Par Jean-Marc JANCOVICI (81)

Aussi loin que l’on puisse le savoir, l’ex­is­tence de la vie sur Terre y a tou­jours été indis­so­cia­ble de la présence d’océans. Ces derniers, dès leur appari­tion il y a env­i­ron 4 mil­liards d’an­nées, ont joué un rôle cap­i­tal de régu­la­teur ther­mique, directe­ment par leur iner­tie calori­fique, et indi­recte­ment en entre­tenant un cycle atmo­sphérique de l’eau inter­venant dans l’ef­fet de serre, per­me­t­tant ain­si à la tem­péra­ture en tout point de notre planète de ne plus jamais trop s’éloign­er des valeurs prop­ices à la vie.

Ils ont ensuite offert aux pre­miers êtres vivants un milieu abrité du ray­on­nement cos­mique et des ultra­vi­o­lets les plus agres­sifs, et sans l’en­richisse­ment de l’at­mo­sphère en oxygène qui a résulté de la pho­to­syn­thèse des pre­miers organ­ismes marins, la vie ani­male (c’est-à-dire mobile) que nous con­nais­sons n’au­rait pu apparaître.

Aujour­d’hui même, les usages que nous en faisons impri­ment sig­ni­fica­tive­ment leur mar­que sur notre quo­ti­di­en, même pour ceux de notre espèce qui n’ont jamais vu la mer : les océans ser­vent — tou­jours — à assur­er un cli­mat prop­ice à la vie, de garde-manger, de voies de com­mu­ni­ca­tion, de récep­ta­cle ultime d’une large part de nos déchets, et ils sont étroite­ment asso­ciés aux grands cycles des prin­ci­paux élé­ments chim­iques qui inter­vi­en­nent dans le métab­o­lisme des êtres vivants.

Longtemps, leur immen­sité — à notre échelle — nous a sem­blé une garantie suff­isante pour ne pas se préoc­cu­per des éventuels usages nocifs que nous en faisons. Avec 6 mil­liards d’hommes sur Terre, et une con­som­ma­tion de ressources par indi­vidu qui va sans cesse crois­sant, pou­vons-nous tou­jours raison­ner ainsi ?

C’est à une pre­mière réflex­ion sur cette ques­tion que vous invite ce numéro. La frange lit­torale de ces éten­dues d’eau, qui aurait jus­ti­fié un numéro à elle seule, a fait l’ob­jet de quelques appro­fondisse­ments par­ti­c­uliers, pour essay­er de don­ner une vue aus­si large que pos­si­ble de la ques­tion… en quelques dizaines de pages.

Ce numéro doit tout à ses auteurs, experts de renom qui ont bien voulu pren­dre un peu de leur temps pour par­ticiper à cette mod­este aven­ture, et que le groupe remer­cie chaleureuse­ment pour cela. Rap­pelons pour finir que vous pour­rez retrou­ver l’in­té­gral­ité des arti­cles (en libre accès) sur www.x‑environnement.org.

Bonne lecture !

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