Réalité augmentée chez EDF

EDF mise sur la réalité virtuelle et la réalité augmentée

Dossier : Dossier FFEMagazine N°732 Février 2018
Par Hadrien LEROYER (04)

Rappelez-nous les missions de la R&D d’EDF ?

À son arri­vée, notre PDG, Jean-Ber­nard Lévy (73), a sou­hai­té mettre en place un nou­veau pro­jet « Cap 2030 », construit autour de plu­sieurs axes et dont le leit­mo­tiv est « EDF, élec­tri­cien res­pon­sable et per­for­mant, cham­pion de la crois­sance bas car­bone ». Par­mi ces axes, on retrouve la pro­duc­tion d’électricité décar­bon­née, une uti­li­sa­tion opti­male de la tran­si­tion numé­rique dans la rela­tion client et le déve­lop­pe­ment à l’international.

Dans ce contexte, le rôle de la R&D est de cas­ser les ver­rous scien­ti­fiques et tech­niques pour l’ensemble des divi­sions opé­ra­tion­nelles d’EDF pour leur faire gagner de la valeur. 

Notre R&D est inté­grée et trans­verse au groupe. Nous tra­vaillons pour la pro­duc­tion nucléaire, les éner­gies renou­ve­lables, la com­mer­cia­li­sa­tion vers les uti­li­sa­teurs finaux ou les réseaux de distribution… 

Nous éclai­rons les pers­pec­tives offertes par les nou­velles tech­no­lo­gies en termes d’applications pour le groupe en col­la­bo­rant avec les start-ups, les PME, la recherche aca­dé­mique. Nous essayons de construire un éco­sys­tème qui peut nous appor­ter des solu­tions pour tous les métiers d’EDF.

La réalité virtuelle et la réalité augmentée sont de plus en plus utilisées dans de nombreux secteurs d’activités. Qu’en est-il dans le vôtre ?
Comment vous appropriez-vous ces nouvelles technologies ?

Nous avons assis­té au cours des der­nières années à de nom­breuses rup­tures tech­no­lo­giques. Aujourd’hui, la réa­li­té vir­tuelle et la réa­li­té aug­men­tée se sont lar­ge­ment démo­cra­ti­sées avec l’accès à des péri­phé­riques bas coût comme les casques. La réa­li­té vir­tuelle était tra­di­tion­nel­le­ment uti­li­sée par l’industrie auto­mo­bile ou aéro­nau­tique, dans les phases de concep­tion et de test de nou­veaux produits. 

Aujourd’hui, les péri­phé­riques de réa­li­té vir­tuelle sont plus com­pé­ti­tifs, per­met­tant d’envisager un usage ren­table pour un spectre de cas d’utilisation bien plus large. Il y a éga­le­ment de fortes rup­tures tech­no­lo­giques au niveau de la réa­li­té aug­men­tée, avec des pro­duits comme le casque Holo­lens de Micro­soft, qui per­met de sta­bi­li­ser le per­cept d’objets 3D dans un envi­ron­ne­ment sans marqueur. 

Au niveau de la R&D, notre rôle est donc de faire de la pros­pec­tion afin d’intégrer ces rup­tures et ces tech­no­lo­gies pour appor­ter de la valeur à nos métiers. 

Comment cela se traduit-il concrètement ?

Sur le nucléaire, nous avons lan­cé un pro­jet dès 2013 pour uti­li­ser la réa­li­té vir­tuelle pour la pré­pa­ra­tion des opé­ra­tions de main­te­nance dans les réac­teurs nucléaires, dans le cadre du pro­gramme Grand Caré­nage d’EDF, qui vise à allon­ger la durée d’exploitation des réac­teurs de 40 à 60 ans. 


© EDF / ADRIEN DASTE

Les bâti­ments réac­teurs, dans les­quels se situent les réac­teurs nucléaire, sont com­plexes et dif­fi­ci­le­ment acces­sibles notam­ment quand le réac­teur est en marche. Les opé­ra­tions de main­te­nance des 58 réac­teurs fran­çais ne peuvent donc se dérou­ler que durant les phases d’arrêt qui doivent être courtes (un arrêt d’une jour­née équi­vaut à une perte d’exploitation d’environ un mil­lion d’euros).

Pour faire face à cet enjeu et gagner en fia­bi­li­té et en pré­pa­ra­tion, nous avons numé­ri­sé l’intégralité d’un bâti­ment réac­teur pour nous doter de plans, de pho­tos pano­ra­miques très haute réso­lu­tion, de scans lasers, soit une véri­table maquette numé­rique à jour, telle que construite, repré­sen­ta­tive de la réa­li­té du terrain. 

À par­tir de là, nous avons déve­lop­pé une appli­ca­tion pour pré­pa­rer les opé­ra­tions de main­te­nance : concrè­te­ment, un char­gé d’affaires via l’application va pou­voir faire un repé­rage des lieux, iden­ti­fier les contraintes spa­tiales et pré­pa­rer la logis­tique asso­ciée à son inter­ven­tion, tout cela en amont de l’arrêt du réac­teur pour gagner en agi­li­té et en effi­ca­ci­té. Cette solu­tion et la métho­do­lo­gie asso­ciée sont actuel­le­ment déployées sur l’ensemble du parc nucléaire. 

Réalité virtuelle chez EDF
© EDF / ADRIEN DASTE

Pour les éner­gies renou­ve­lables, nous avons déve­lop­pé une appli­ca­tion de réa­li­té aug­men­tée pour étu­dier l’impact visuel des éoliennes onshore et off­shore sur un envi­ron­ne­ment don­né en vue des dis­cus­sions avec les pou­voirs publics, les rive­rains et toutes les par­ties pre­nantes. Ce pro­gramme a été mené par notre centre de recherche au Royaume-Uni et a déjà été uti­li­sé pour plu­sieurs projets. 

Pour l’installation des pan­neaux pho­to­vol­taïques chez les par­ti­cu­liers, les com­mer­ciaux se déplacent chez les clients pour mesu­rer le poten­tiel d’ensoleillement et de pro­duc­tion. Dans cette optique, nous avons aus­si déve­lop­pé une appli­ca­tion qui, à par­tir de pho­tos de l’installation, va per­mettre de four­nir un poten­tiel de pro­duc­tion, mais éga­le­ment de don­ner aux clients une visi­bi­li­té sur le ren­du final une fois l’installation ache­vée. Ici, la réa­li­té aug­men­tée va faci­li­ter et opti­mi­ser les démarches de vente. 

Enfin, sur le volet com­mer­cial, il y a deux ans, nous avons déve­lop­pé un jeu sur smart­phone, Clea­no­po­lis, uti­li­sant la réa­li­té vir­tuelle pour le consom­ma­teur final pour pro­mou­voir les gestes citoyens et écologiques. 

À travers le nouveau laboratoire ConnexLab, vous travaillez sur l’intégration des initiatives numériques de l’ensemble de la filière nucléaire. Dites-nous-en plus ?

Que ce soit à l’ingénierie, à la pro­duc­tion nucléaire ou à la R&D, il est impor­tant que nous tra­vail­lions, avec l’ensemble de la filière nucléaire. Col­la­bo­rer avec nos pres­ta­taires et par­te­naires dans les phases de concep­tion de nou­veaux réac­teurs ou pour les pro­blé­ma­tiques de conduite ou de main­te­nance nous per­met­tra d’être bien plus effi­caces que si nous fonc­tion­nons en silotage. 

Dans cette optique, Connex­Lab est une ini­tia­tive qui vise à ce que de nom­breux acteurs de cette filière (SPIE, Are­va, Tech­ni­ca­tome, Corys, Ansys, …) tra­vaillent ensemble en recherche et déve­lop­pe­ment pour inté­grer des inno­va­tions de cha­cun des par­te­naires dans un conti­nuum numé­rique. Il sera pos­sible dans ce labo­ra­toire de démon­trer la plus-value d’applications de réa­li­té vir­tuelle ou aug­men­tée dans les phases de concep­tion, de conduite ou de main­te­nance des réac­teurs nucléaires. 

Quels sont néanmoins les enjeux qui persistent ?

S’il est facile de faire des preuves de concept en réa­li­té vir­tuelle ou en réa­li­té aug­men­tée, il est bien plus com­plexe d’obtenir des gains métiers géné­ra­li­sés. Il y a, en effet, des ver­rous tech­niques au pas­sage à l’échelle indus­trielle. À cela s’ajoute la néces­si­té d’intégrer les appli­ca­tions dans des sys­tèmes d’information qui n’ont pas été conçus et pen­sés pour ce type d’usages (en mobi­li­té par exemple). 

Enfin, il y a aus­si un chal­lenge orga­ni­sa­tion­nel et de conduite du chan­ge­ment pour venir inté­grer ces nou­velles tech­no­lo­gies dans des pro­ces­sus d’ingénierie et de production. 

LA R&D D’EDF EN BREF

  • 9 sites, dont 3 en région parisienne — Saclay, Chatou et Les Renardières.
  • 2 000 chercheurs avec pour principales missions de contribuer à l’amélioration de la performance des unités opérationnelles du Groupe EDF, d’identifier et de préparer les relais de croissance à moyen et longs termes.

Vos perspectives ?

Sur un cer­tain nombre de sujets, nous en sommes encore à l’étape de preuve de concept. Par exemple, sur le casque de réa­li­té aug­men­tée Holo­lens déve­lop­pé avec Micro­soft, nous essayons de lever tous les ver­rous scien­ti­fiques, tech­no­lo­giques et orga­ni­sa­tion­nels pour démon­trer que son uti­li­sa­tion peut être géné­ra­li­sée, avec retour sur inves­tis­se­ment posi­tif, par exemple en for­ma­tion ou en entraînement.
 

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