Différents coloris de cheveux selon la lumière

Beauté 2.0 : du virtuel au réel

Dossier : Dossier FFEMagazine N°732 Février 2018
Par Michaël HADDAD (D00)

La réal­ité aug­men­tée a longtemps été can­ton­née aux inter­faces homme-machine quand la réal­ité virtuelle était prin­ci­pale­ment util­isée dans les bureaux d’études des grands groupes pour éviter des phas­es de pro­to­ty­pages physiques, longues et coûteuses. 

Ces besoins sont bien évidem­ment présents dans l’industrie cos­mé­tique, notam­ment autour du pack­ag­ing et, tirées par la révo­lu­tion en cours autour de « l’industrie 4.0 », mais c’est dans le domaine appli­catif, en lien avec le con­som­ma­teur, que cette indus­trie est la plus impactée par ces nou­velles technologies. 

Vers la fin des années 90, avec la mon­tée en puis­sance de l’appareil pho­to numérique, qui per­mit de « dig­i­talis­er » un por­trait facile­ment, on voit décoller l’activité autour du traite­ment numérique de l’apparence que ce soit au niveau des algo­rithmes ou du rendu. 

Dès 2006, Microsoft, en déposant le brevet WO2006127177 sur un procédé de maquil­lage virtuel pour la visio-con­férence, mar­que l’entrée des grands acteurs du numérique dans le domaine cosmétique. 

Depuis, l’augmentation de la puis­sance de cal­cul disponible, les réseaux de neu­rones con­vo­lu­tifs (CNN), ont per­mis une « dig­i­tal­i­sa­tion » de l’apparence sur nos smart­phones. Les points d’intérêts du vis­age (yeux, lèvres, joues,…) et tout récem­ment les cheveux sont détec­tés en temps réels puis mod­i­fiés pour ren­dre compte de l’application de pro­duits cosmétiques. 

L’Oréal Paris fut pio­nnier dans le domaine en pro­posant l’application Make­up Genius lors du Fes­ti­val de Cannes 2014. Cette tech­nolo­gie de réal­ité aug­men­tée pour l’essayage virtuel de maquil­lage a depuis pris un for­mi­da­ble essor et dépasse large­ment notre secteur. 

Les géants du numérique, à tra­vers leurs acqui­si­tions (Apple avec Polar Rose puis Faceshift, Face­book avec Face. com ou Google avec AIMat­ter), et de l’électronique comme Pana­son­ic et LG qui ont tous les deux dévoilé des miroirs aug­men­tés, s’intéressent de près à ce domaine. 

en haut :Variation de la couleur de cheveux selon différentes sources lumineuses
(source L’Oréal département évaluation)
en bas : Modélisation d’une coupe du cheveu selon différent angles d’illumination
(d’après Marschner et al. SIGGRAPH 2003) .

Ils y voient un levi­er pour cap­tur­er des images pour iden­ti­fi­er leurs util­isa­teurs et, pour les fab­ri­cants de smart­phones, un moyen de séduire une clien­tèle fémi­nine en leur pro­posant des ser­vices dédiés. 

Néan­moins, si les GAFAM pren­nent soin de notre apparence dig­i­tale, l’industrie cos­mé­tique se doit de faire le lien entre le monde virtuel et le réel et prédire de façon pré­cise le ren­du sur un écran de ses pro­duits. Maîtris­er les paramètres col­orimétriques ou les mod­èles physiques d’interaction lumière – matière, sont un véri­ta­ble défi. 

De même, depuis le fameux Mon­ster et Cie de Pixar, des pro­grès con­sid­érables ont été faits pour mod­élis­er des cheveux ou des poils, mais il en va autrement lorsque cette représen­ta­tion numérique doit pou­voir se com­par­er trait pour trait à la réal­ité en ten­ant compte à la fois de leurs pro­priétés optiques et mécaniques. 

Celle-ci se passera d’ailleurs prob­a­ble­ment plus dans le monde virtuel qu’augmenté pour en maîtris­er les con­di­tions extérieures et impli­quera un rap­proche­ment tech­nologique avec le monde de l’animation ou du jeu vidéo. 

L’enjeu est de taille puisque réal­ités virtuelle et aug­men­tée pro­poseront alors une solu­tion à une véri­ta­ble injonc­tion para­doxale : ré-enchanter l’expérience en bou­tique grâce aux tech­nolo­gies numériques tout en pro­posant un essayage virtuel hyper réal­iste pou­vant se sub­stituer au réel et stim­u­lant ain­si a con­trario le e‑commerce.

Ces tech­nolo­gies sont donc clés pour la dis­tri­b­u­tion de biens dans de nom­breux secteurs au-delà de l‘industrie cos­mé­tique, par exem­ple la con­fec­tion, et nul doute que nous assis­terons à de nom­breuses ini­tia­tives dans les prochaines années.

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