Dieu a‑t-il besoin de l’écrivain ?

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°622 Février 2007Par : Claire DaudinRédacteur : René Daudin (55)

Claire Dau­din, ancienne élève de l’École nor­male supé­rieure, agré­gée et doc­teur ès lettres, publie un essai en forme de ques­tions et de réponses et nous pro­pose une étude de trois grands auteurs, Péguy, Ber­na­nos et Mau­riac, dont les œuvres auront été autant de pro­fes­sions de foi, cla­mées dans un mode et en un temps où le mes­sage évan­gé­lique avait besoin, pour être enten­du, de leur vigueur prophétique.

Claire Dau­din, ancienne élève de l’École nor­male supé­rieure, agré­gée et doc­teur ès lettres, publie un essai en forme de ques­tions et de réponses et nous pro­pose une étude de trois grands auteurs, Péguy, Ber­na­nos et Mau­riac, dont les œuvres auront été autant de pro­fes­sions de foi, cla­mées dans un mode et en un temps où le mes­sage évan­gé­lique avait besoin, pour être enten­du, de leur vigueur prophétique.

C’est en effet à une redé­cou­verte – une décou­verte ? – de ces trois maîtres que l’auteur nous convie. Elle les connaît bien, pour les avoir fré­quen­tés tout au long de ses études, et sur­tout elle les aime : tout en ayant la soli­di­té d’un ouvrage de spé­cia­liste, ce livre vibre par sa fer­veur, qui en rend la lec­ture aisée et agréable, en dépit de la den­si­té du propos.

Bien que dotés de tem­pé­ra­ments, de styles et de spi­ri­tua­li­tés dif­fé­rents, Péguy, Ber­na­nos et Mau­riac sont mis en paral­lèle dans leur manière de consi­dé­rer la lit­té­ra­ture, non comme une acti­vi­té pure­ment esthé­tique et cou­pée du réel, mais comme un vec­teur de sens, capable d’interpréter et d’influencer le cours de l’Histoire. L’engagement dans les ter­ribles crises du XXe siècle qui fut celui de ces écri­vains n’a cepen­dant rien de com­mun avec la subor­di­na­tion de l’art à l’idéologie. Leurs œuvres témoignent pour la liber­té et la digni­té de l’humain, mena­cées par les tota­li­ta­rismes, les pro­pa­gandes et le règne com­men­çant des médias de masse.

De manière ori­gi­nale, Claire Dau­din met en lumière la cohé­rence entre les enga­ge­ments publics, les choix de la vie pri­vée, le tra­vail lit­té­raire, toutes dimen­sions de l’être orien­tées vers le chris­tia­nisme que Péguy, Ber­na­nos et Mau­riac pro­fessent. Elle sou­ligne en par­ti­cu­lier l’importance de la pater­ni­té, les contraintes maté­rielles qu’elle entraîne, dif­fi­ci­le­ment conci­liables avec une vie d’artiste et de témoin enga­gé, mais sur­tout sa paren­té pro­fonde, magni­fi­que­ment célé­brée par les trois écri­vains, avec la créa­tion – qu’on l’écrive avec un « petit c », ou avec un C majuscule.

Ce livre est donc à recom­man­der à tous ceux qui sont nos­tal­giques de ces grandes voix, mais aus­si à ceux qui sou­haitent les entendre sur un mode nou­veau, et les faire reten­tir auprès de leurs contem­po­rains en quête d’espérance et de sens.

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