Permanence de soutien postbac à l'AX

Développer l’égalité des chances par l’accompagnement

Dossier : ExpressionsMagazine N°722 Février 2017
Par Hubert NOVÉ-JOSSERAND (69)

Créée par des X en 2000, l’as­so­ci­a­tion de tutorat d’ap­pro­fondisse­ment sci­en­tifique dans des class­es situées dans des zones défa­vorisées s’est très vite élargie auprès d’autres écoles ou d’ingénieurs en entre­prise. Aujour­d’hui le développe­ment con­tin­ue avec comme axes d’amélio­ra­tion, un sou­tien sur des péri­odes plus longues,une exten­sion des zones géo­graphiques, la ges­tion de retour d’ex­péri­ence des bénév­oles assur­ant l’encadrement. 

C’est en 2000 que des élèves de l’X créent l’association avec comme but de dévelop­per des activ­ités de tutorat d’approfondissement sci­en­tifique dans des class­es de ter­mi­nale de lycées situés dans des zones défavorisées. 

Rapi­de­ment, l’École nor­male supérieure et l’ENSAE se joignent à cette ini­tia­tive, et aus­si des ingénieurs en entre­prise (Are­va, SNCF). Puis, plus tard, ce furent CPE Lyon, EIDD de Paris-VII et Poly­tech UPMC. 

Au fil des années, il est apparu néces­saire d’inscrire cet accom­pa­g­ne­ment dans la durée de façon à suiv­re les élèves dès la pre­mière, puis après le bac et jusqu’aux portes du monde de l’entreprise.

UNE GAMME ÉTENDUE D’AIDES AUX LYCÉENS

Cela a égale­ment amené Trem­plin à élargir la gamme des moyens d’accompagnement. Au départ, ce sont des ses­sions de tutorat réal­isées dans les lycées par des étu­di­ants bénév­oles : elles pren­nent la forme d’ateliers sci­en­tifiques hors pro­gramme ou de dis­cus­sions à rai­son de deux heures par semaine d’octobre à fin mars. 

Des stages sont égale­ment organ­isés pen­dant les vacances sco­laires autour d’un con­tenu sci­en­tifique à la fois plaisant et riche. 

Des vis­ites cul­turelles d’institutions, d’entreprises et de musées sont l’occasion de décou­vertes sci­en­tifiques et cul­turelles. Des ate­liers d’orientation post­bac et une assis­tance péd­a­gogique dans les lycées com­plè­tent les activ­ités pro­posées aux lycéens. 

UN ACCOMPAGNEMENT QUI SE POURSUIT APRÈS LE BAC

QUELQUES CHIFFRES

70 bénévoles et une salariée animent l’association qui travaille avec 15 lycées en Île-de-France et un à Lyon. Chaque année, 200 élèves bénéficient du tutorat en lycée et 50 étudiants sont aidés après leur bac. À ce jour, 130 ont bénéficié de bourses.

Après le bac, l’accompagnement prend tout d’abord la forme d’un sou­tien académique. Ce sou­tien est par­ti­c­ulière­ment appré­cié des élèves con­fron­tés à la dif­fi­culté et à l’intensité des class­es préparatoires. 

Il peut pren­dre égale­ment la forme de bours­es ou de par­rainages (sou­tien de l’étudiant par un par­rain ou mar­raine ingénieur en entreprise). 

L’EFFICACITÉ AU MOINDRE COÛT

Depuis sa créa­tion, Trem­plin a per­mis aux élèves qu’elle a soutenus d’intégrer de nom­breuses écoles d’ingénieurs ou de suiv­re des for­ma­tions supérieures de qual­ité : Supélec, ENSAE, Cen­trale Paris et Cen­trale Lyon, ESTP, UTC, INSA, Poly­tech UPMC, X, etc. Mais il nous a paru indis­pens­able, pour pro­gress­er, de deman­der une éval­u­a­tion indépen­dante de notre action. 

Cette enquête a été réal­isée sur un an par un chercheur du CNRS qui a inter­rogé les élèves de plusieurs lycées où l’association est active. Les trois quarts ont répon­du. Il ressort qu’au niveau des lycées la per­for­mance des élèves en math­é­ma­tiques est accrue (plus de 20 % de l’écart type) tout comme la moti­va­tion au tra­vail (plus de 45 % de l’écart type). 

Le chercheur en con­clut que Trem­plin est une struc­ture de petite taille mais rel­a­tive­ment effi­cace et peu coûteuse. 


Les sta­giaires de l’X ani­ment la permanence
de sou­tien post­bac le same­di après-midi à l’AX.

UN JEUNE X TÉMOIGNE

Jean-Baptiste Lamare (2014) évoque le stage de formation humaine de première année de l’X effectué avec Tremplin : « Mon stage Tremplin est avant tout une aventure humaine exceptionnelle. (…) Si j’avais quelques appréhensions sur mes capacité à m’adapter à un milieu socioculturel qui m’était inconnu, ces appréhensions ont très vite disparu grâce à mes 205 élèves. (…)
La qualité de leur accueil et leur envie d’apprendre m’ont vite permis de prendre confiance en moi pour pouvoir ainsi leur donner le meilleur de moi-même. La mission essentielle de soutien pédagogique des tuteurs de Tremplin leur permet (…) de découvrir la réalité mais également la richesse de ces milieux où l’énergie, la volonté et l’enthousiasme sont un bon terreau pour développer l’envie de progresser et l’ambition chez les élèves. (…)
Ces lycées sont sans aucun doute une pépinière de talents trop ignorée. »

DES AXES DE PROGRÈS

Amélior­er en per­ma­nence l’efficacité opéra­tionnelle des équipes est un impératif naturel. C’est aus­si un chal­lenge car les équipes de bénév­oles se renou­vel­lent en per­ma­nence, qu’ils soient issus des écoles asso­ciées à notre pro­gramme ou qu’ils vien­nent d’entreprises.

Il nous faut donc organ­is­er le pas­sage de relais sous forme de sémi­naires aux cours desquels les aînés trans­met­tent leurs acquis aux débutants. 

Nous pra­tiquons aus­si des échanges d’expérience avec des asso­ci­a­tions qui ont des buts sim­i­laires aux nôtres – avec une his­toire et des approches dif­férentes : il en résulte un enrichisse­ment mutuel. Et il faut aus­si tenir compte des évo­lu­tions du con­texte dans lequel nous travaillons. 

UN CHAMP D’ACTION À ÉLARGIR PROGRESSIVEMENT

Trem­plin a vu son champ d’action s’élargir dans la durée. On est passé des seuls élèves de ter­mi­nale aux élèves et étu­di­ants depuis la pre­mière jusqu’au pre­mier emploi. Nous envis­ageons de com­mencer l’action dès la classe de sec­onde : cela sup­pose plus de bénév­oles mais per­met de cap­i­talis­er sur les rela­tions nouées avec les lycées partenaires. 

“ Il existe dans nos banlieues les moins favorisées un formidable potentiel humain ”

Nous béné­fi­cions du retour d’expérience de nos bénév­oles et aus­si des échanges que nous dévelop­pons avec d’autres asso­ci­a­tions, comme c’est le cas au sein de l’association Paes­tel. Ils nous amè­nent à amélior­er et enrichir nos mesures d’accompagnement.

Mais l’extension de nos activ­ités a surtout un car­ac­tère géo­graphique avec une dou­ble dif­fi­culté : trou­ver plus de bénév­oles avec un vivi­er d’étudiants lim­ité et la con­cur­rence forte d’autres formes de bénévolat ; nouer des parte­nar­i­ats avec des lycées, sachant que beau­coup sont éloignés des insti­tu­tions dans lesquelles nous trou­vons des bénévoles. 

De ce point de vue, il est très utile de pou­voir compter sur des sta­giaires comme ceux que l’X nous envoie. Dans l’immédiat, nous sommes amenés à cen­tr­er notre développe­ment sur l’Île-de-France, Lyon et la région Paca. 

DES GISEMENTS À EXPLOITER

Les résul­tats de plus de quinze années passées sur le ter­rain démon­trent qu’il existe dans nos ban­lieues les moins favorisées un for­mi­da­ble poten­tiel humain, une vraie richesse, qui ne deman­dent qu’à se révéler pour autant qu’on se donne la peine d’aider les nou­velles généra­tions à franchir le mur de verre qui les isole. 

NOUS CONTACTER

Association Tremplin
Bénédicte Mennesson, déléguée générale
infos [at] association-tremplin.org
c/o AX, 5, rue Descartes, 75005 Paris
www.association-tremplin.org
Tél. : 01 40 64 38 55

Bien sûr, cela a un coût et je me garderai bien de tir­er de nos résul­tats des con­clu­sions hâtives, en par­ti­c­uli­er parce que nous tra­vail­lons avec des élèves très motivés. Mais c’est un investisse­ment non seule­ment indis­pens­able pour main­tenir la cohé­sion et la jus­tice sociale qui est aus­si éminem­ment jus­ti­fié au plan économique. 

Mon souhait est évidem­ment de voir se dévelop­per l’action de Trem­plin tout comme celle des asso­ci­a­tions qui ont les mêmes objec­tifs que nous, car la plu­ral­ité des ini­tia­tives est stim­u­lante. L’important est que la puis­sance publique facilite notre action.

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