Des pyramides en forme de toupies

Dossier : ExpressionsMagazine N°635 Mai 2008
Par Jean-Marc CHABANAS (58)

Les pyra­mides démo­graphiques, qui méri­taient leur nom au début du siè­cle passé, ont ten­dance aujourd’hui à s’allonger en hau­teur (durée de vie en aug­men­ta­tion) et à se rétré­cir à la base (faible taux de nais­sance). En France, par exem­ple, l’espérance de vie à la nais­sance est passée de 48 ans en 1900 à 80 ans de nos jours. L’espérance de vie à 60 ans, qui n’était que de 13 ans en 1900, atteint 24 ans en 2008.

Les pyra­mides démo­graphiques, qui méri­taient leur nom au début du siè­cle passé, ont ten­dance aujourd’hui à s’allonger en hau­teur (durée de vie en aug­men­ta­tion) et à se rétré­cir à la base (faible taux de nais­sance). En France, par exem­ple, l’espérance de vie à la nais­sance est passée de 48 ans en 1900 à 80 ans de nos jours. L’espérance de vie à 60 ans, qui n’était que de 13 ans en 1900, atteint 24 ans en 2008.
A con­trario, le nom­bre de nais­sances a dimin­ué con­sid­érable­ment, tombant aujourd’hui en deçà du seuil de renou­velle­ment de 2,1 enfants par femme. La pop­u­la­tion vieil­lit inex­orable­ment et la pyra­mide ressem­ble de plus à plus à une toupie.
Encore la France est-elle, en ter­mes de nais­sance, en pre­mière posi­tion dans l’Europe des 25 qui ne compte plus, en moyenne, que 5 nais­sances annuelles pour 1 000 habitants.

La politique familiale en première ligne

À l’étude d’un grand nom­bre d’évolutions de pyra­mides des âges, on con­state une cor­réla­tion étroite entre les nais­sances et les mesures d’aide à la poli­tique famil­iale. Que ce soit en France, en Pologne, ou aux États-Unis, l’abandon pour des raisons de poli­tique budgé­taire d’aides à la famille s’est traduit deux ou trois ans plus tard par une baisse spec­tac­u­laire de la natal­ité. A con­trario, une poli­tique très volon­tariste menée en Suède dans les années qua­tre-vingt s’était man­i­festée rapi­de­ment par une hausse de la natal­ité. Des études menées aux États-Unis mon­trent une cor­réla­tion frap­pante entre le taux des nais­sances et la per­cep­tion que les familles ont de leur pro­pre niveau de vie.

On observe une cor­réla­tion frap­pante entre le taux des nais­sances et la per­cep­tion que les familles ont de leur pro­pre niveau de vie

La régres­sion observée n’est pas pro­pre à l’Europe. Le Mex­ique, l’Iran, la Russie suiv­ent ce mou­ve­ment. En Chine, par exem­ple, il ne naît plus chaque année que 10 mil­lions de garçons et 8 mil­lions de filles (le taux naturel fait naître env­i­ron 5 % de garçons de plus que de filles, la mor­tal­ité infan­tile ramenant à l’équilibre en quelques années).

Un phénomène mondial

Le recul des nais­sances est donc un phénomène mon­di­al, à l’exception de l’Afrique noire. On estime que 43 % de la pop­u­la­tion est tombée en dessous du seuil de renou­velle­ment. C’est le cas, par exem­ple, de la Tunisie ou du Maroc. L’idée par­fois avancée en France qu’il suf­fit, pour assur­er le taux de renou­velle­ment de la pop­u­la­tion, de faire appel à l’immigration, ne tient guère. Actuelle­ment, 18 % des nais­sances en France sont dues à des immi­grés qui représen­tent 9 % de la pop­u­la­tion. Mais, à sup­pos­er que les enfants soient « inter­change­ables », les nou­veaux venus en vien­dront rapi­de­ment à la même poli­tique de restric­tion des nais­sances que les anciens. Alors que de nom­breuses théories tablent sur une expan­sion con­tin­ue de la pop­u­la­tion mon­di­ale vers 10 mil­liards d’habitants à la fin du siè­cle, d’autres esti­ment que la pop­u­la­tion mon­di­ale pour­rait cul­min­er à 7 mil­liards d’habitants en 2040 pour subir ensuite un véri­ta­ble écroulement.

Faire voter les enfants

Que peut-on faire ? Lim­iter l’immigration ne résoudrait pas pour autant le phénomène de vieillissement.
Il faut se résoudre à relancer une poli­tique famil­iale. Une poli­tique famil­iale, qu’il faut dis­tinguer d’une poli­tique sociale, con­siste à veiller à ce que les familles qui veu­lent beau­coup d’enfants ne subis­sent pas de perte de niveau de vie. Il faut y met­tre les moyens néces­saires. Une solu­tion, selon Chris­t­ian Mar­chal, con­sis­terait à don­ner le droit de vote aux enfants par le truche­ment de leur mère qui dis­poserait d’autant de voix sup­plé­men­taires que d’enfants à charge.

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