Les renouvelables en débat (suite)

Dossier : ExpressionsMagazine N°734 Avril 2018

Les renou­ve­lables sus­citent tou­jours beau­coup de com­men­taires, en par­ti­cu­lier sur le sto­ckage de l’énergie.

Courriel de Micha LEMARENKO (02)

« Les expo­sés pro­po­sés évitent soi­gneu­se­ment les sujet qui fâchent. Et sur­tout, leur conte­nu est très conforme aux revues médiatiques.

Sans vou­loir vexer les auteurs, la meilleure com­pa­rai­son qui me vient dans la tête est comme si je lisais une revue sur les avan­tages du nucléaire, où rien ne serait écrit sur le pro­blème des déchets.

De quoi je parle : l’énergie dite “renou­ve­lable” est d’une nature sto­chas­tique et, ce qui est pire, sai­son­nière. Cela implique la néces­si­té de sto­ckage sai­son­nier avec des capa­ci­tés pha­rao­niques (dizaines, voire cen­taines de téra­watt­heures). Cela est bien au-delà des capa­ci­tés des solu­tions pro­po­sés dans la revue (smart grid ou Li-ion, etc.)

Sans entrer dans les détails, c’est un très grand sujet, qui mérite d’être au cœur de la dis­cus­sion. Dom­mage qu’il soit à peine évoqué !

Un autre pro­blème est la faible den­si­té sur­fa­cique des solu­tions “renou­ve­lables”. Cela implique, entre autres, le pro­blème de la dimi­nu­tion éven­tuelle des terres agri­coles (aug­men­ta­tion des prix des ali­ments avec la popu­la­tion mon­diale qui croit, effet de ciseaux).

Tout en étant pro-renou­ve­lable, je crois que ce sujet mérite une dis­cus­sion sérieuse et sin­cère. Et la revue La J&R avec son petit cercle de lec­teurs serait un lieu par­fait pour une approche plus scien­ti­fique et moins vendeur. »

La réponse d’Antoine HUARD (07)

Le coor­don­na­teur du dos­sier sur les éner­gies renou­ve­lables rap­pelle que ce domaine a connu des trans­for­ma­tions si rapides et si pro­fondes au cours des cinq der­nières années, qu’il a choi­si de pro­po­ser une mise à jour assez géné­rale plu­tôt que de cen­trer le dos­sier sur le sujet de l’intermittence « uni­que­ment », même si c’est un sujet essen­tiel, en rai­son de la place limi­tée dont il disposait.

Et si « les sujets qui fâchent » sont abor­dés réso­lu­ment de manière posi­tive, c’est que la ful­gu­rance des pro­grès tech­niques récents dans les EnR et la conver­gence de ces pro­grès avec ceux de la digi­ta­li­sa­tion et de la mobi­li­té élec­trique portent à ne pas consi­dé­rer les défis (réels) de l’intégration des EnR comme insur­mon­tables a priori.

C’est ce qui res­sort du bilan pré­vi­sion­nel publié par RTE, dont les scé­na­rios Volt et Ampère pré­voient res­pec­ti­ve­ment 40 % et 50 % d’EnR à hori­zon 2035 sans hypo­thèses par­ti­cu­liè­re­ment irréa­listes en matière de stockage.

Quant au sujet de la faible den­si­té sur­fa­cique des EnR, « de nom­breuses études démontrent que la sur­face requise demeure très limi­tée au regard du fon­cier disponible […].

Non seule­ment les sur­faces agri­coles n’ont pas besoin d’être sol­li­ci­tées, mais il existe même des syner­gies per­met­tant de conci­lier éner­gie renou­ve­lable et agri­cul­ture de façon mutuel­le­ment béné­fique (serres, agri­vol­taïque, ovi­cul­ture, api­cul­ture, métha­ni­sa­tion, etc.). »

Poster un commentaire