Des fermes pilotes hydroliennes en Bretagne

Dossier : Dossier FFEMagazine N°698 Octobre 2014
Par Pierre KARLESKIND (00)

Comment la région Bretagne a‑t-elle été retenue par le Gouvernement pour la mise en place de fermes pilotes hydroliennes ?

Nous avons observé les courants des marées sur le pas­sage du Fromveur et les usages qu’il était pos­si­ble d’en tirer.

Out­re le fait de délim­iter la zone déno­tant le plus grand poten­tiel énergé­tique, nous avons égale­ment iden­ti­fié les activ­ités en place sur tout le périphérique de cette zone dite : des activ­ités de cir­cu­la­tion mar­itime, des activ­ités de pêche. Nous avons ain­si repéré, en tra­vail­lant avec les pêcheurs dis­posant d’outils pour localis­er leurs activ­ités (out­ils financés par le Con­seil région­al de Bre­tagne), qu’il n’existait qua­si­ment aucun usage de pêche à cet endroit pré­cis et ce, parce que les con­di­tions de courants y sont telles que les pois­sons n’ont pas voca­tion à rester.

En super­posant les cartes de poten­tiels énergé­tiques et les cartes d’usages, la région Bre­tagne a ain­si trans­mis à la Direc­tion générale de l’Énergie et du Cli­mat (DGEC) la propo­si­tion de créer une ferme pilote à côté de Ouessant.

EN BREF
  • La pêche bretonne représente 40 % du volume national débarqué et la Bretagne fournit un tiers de la production conchylicole.
  • Avec plus de 3.000 chercheurs, la Bretagne concentre 50% des effectifs nationaux en matière de recherche marine et maritime française.
  • Riche de vents, de courants marins et d’une houle importante, la Bretagne a un potentiel EMR toutes technologies dépassant les 6 GW.
  • La plaisance en Bretagne représente 79 297 places, réparties dans 95 ports de plaisance et 145 sites de mouillage.

Quelle a été la première phase de cette ferme pilote ?

Tout d’abord la mise en place de 3 à 10 hydroli­ennes. Sachant qu’une hydroli­enne représente env­i­ron 500 kwatt, la puis­sance récupérée cor­re­spondrait au plus à 5 mégawatts, une per­for­mance rel­a­tive­ment faible.

Cepen­dant cette ferme est située à côté d’Ouessant, une île qui n’est pas reliée au con­ti­nent par un câble élec­trique, il sera donc tout à fait envis­age­able de rem­plac­er une par­tie de la pro­duc­tion élec­trique de l’île par une puis­sance délivrée par les courants de marées (cette énergie est aujourd’hui pro­duite par une cen­trale de fuel, une cen­trale extrême­ment onéreuse et qui émet des gaz à effets de serre).

Quelles sont les points forts et les points faibles d’une ferme hydrolienne ?

La ferme hydroli­enne a l’inconvénient d’être inter­mit­tente, en revanche, elle est par­faite­ment prévis­i­ble : la cen­trale élec­trique s’adapte aux cal­culs réal­isés d’après les courants des marées.

En par­al­lèle, un pro­jet de stock­age est en train de se dévelop­per. Durant les péri­odes où le courant sera plus fort et où les hydroli­ennes pro­duiront plus que ce qui est con­som­mé sur l’île, des solu­tions de stock­age seront mis­es en place.

Ce projet de fermes pilotes peut-il évoluer ?

Bien sûr, ce pro­jet peut tout à fait se trans­former ! Lorsque sa matu­rité aura été démon­trée, que ces machines auront été inté­grées dans un réseau élec­trique et lorsque les mod­èles économiques de ces machines auront été éprou­vés, nous pour­rons alors imag­in­er l’implantation d’une ferme qui serait de l’ordre de 500 mégawatts à prox­im­ité d’Ouessant.

En quoi ces fermes répondent-elles à des enjeux économiques ?

Tout sim­ple­ment parce que ces machines doivent être fab­riquées en France. L’enjeu est donc à la fois énergé­tique, cli­ma­tique mais égale­ment forte­ment économique.

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