Des contrats adaptés aux chantiers sensibles

Dossier : L’industrie nucléaire après FukushimaMagazine N°686 Juin/Juillet 2013
Par Philippe BONNAVE

La respon­s­abil­ité de ceux qui conçoivent et réalisent une cen­trale nucléaire est grande ; tous doivent se sen­tir con­cernés et les esprits doivent être tournés vers la trans­parence et le partenariat.

La forme des con­trats passés entre l’ensemblier et les dif­férents con­struc­teurs doit génér­er et favoris­er cet état d’esprit.

REPÈRES
Vingt-sept ans après les faits, Tch­er­nobyl offre tou­jours une vision de fin du monde. À l’origine de la cat­a­stro­phe, il y a eu une imprévis­i­ble et inimag­in­able suc­ces­sion d’erreurs humaines, ampli­fiée par un réac­teur insta­ble et sans enceinte de con­fine­ment. La com­posante humaine a aus­si joué un rôle défa­vor­able dans le cas de Fukushi­ma en ne prenant pas les mesures adéquates face à un risque prévis­i­ble, le séisme suivi d’un tsuna­mi. Ces deux drames sont venus con­firmer que l’industrie nucléaire est une indus­trie à part sur laque­lle repose une charge lourde.;

Un engagement conjoint

Inté­gr­er les enseigne­ments de Fukushima
Les réac­teurs de 3e généra­tion « EPR » (Euro­pean pres­sur­ized reac­tor, ou encore evo­lu­tion­ary pow­er reac­tor), en con­struc­tion à Fla­manville et Olk­ilu­o­to (Fin­lande), ne ressem­blent en rien aux cen­trales de Tch­er­nobyl ou Fukushi­ma. Ce sont des mon­stres d’acier et béton.
Bien que le risque de raz-de-marée soit extrême­ment faible dans le Cotentin, Fla­manville va inté­gr­er les enseigne­ments de Fukushi­ma, en appro­fondis­sant encore le sujet des « diesels ultimes de sec­ours », qui entrent en action lorsque la cen­trale se trou­ve isolée, privée de toute ali­men­ta­tion électrique.

Les con­trats de type for­faitaire à la française ne sont plus les meilleurs à cet égard. Il faut les aban­don­ner pour dévelop­per un nou­veau con­trat de type cost and fee, avec engage­ment con­joint d’un mon­tant pla­fond. Il s’agit d’un con­trat par lequel l’entrepreneur est rémunéré de l’ensemble de ses dépens­es réelles, con­statées, majorées d’un coef­fi­cient com­prenant frais généraux et marges.

La rémunéra­tion des travaux doit inclure des bonus, ou malus, liés à la sécu­rité des hommes sur le chantier, à la bonne col­lab­o­ra­tion entre les par­ties, à cer­tains élé­ments de poli­tique sociale con­venus dans le con­trat. Ce type de con­trat, dans des formes plus ou moins sophis­tiquées, existe déjà dans de nom­breux pays.

Un casque commun

Une équipe soudée qui évite les con­flits d’intérêts

L’ensemblier et les entre­pre­neurs con­stituent une équipe qui est totale­ment ori­en­tée pro­jet, cha­cun quitte sa société d’appartenance pour pren­dre le casque com­mun et unique du projet.

Ain­si, les ingénieurs « struc­tures » de l’ensemblier cohab­itent avec les ingénieurs « méth­odes » des entre­pre­neurs. Le cen­tre des déci­sions doit se situer au plus près du ter­rain pour être capa­ble d’interagir avec effi­cac­ité. Chaque déci­sion fait l’objet d’une analyse de valeur trans­par­ente et partagée.

Il n’y a pas de con­flit d’intérêts. Une salle de crise spé­ciale­ment amé­nagée per­met de régler les dif­fi­cultés ou les dif­férends qui pour­raient sur­venir. C’est un engage­ment qu’il faut savoir tenir.

Bouygues Travaux publics inter­vient sur le chantier de l’EPR de Fla­manville, après celui d’Olkiluoto. La société est parte­naire du CEA dans le cadre de la recherche sur le généra­teur de qua­trième génération.

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