Des bénévoles pour réduire le chômage

Dossier : Fondations et AssociationsMagazine N°636 Juin/Juillet 2008Par Jean de BODMAN (69)

Créée en 1985, sous l’im­pul­sion de Jean-Bap­tiste de Fou­cauld, par un groupe d’amis qui ne se résig­naient pas à l’aug­men­ta­tion fatale du chô­mage (“ On a tout essayé ”), l’As­so­ci­a­tion fonc­tionne sur deux principes sim­ples : accom­pa­g­n­er le chômeur dans sa recherche ; créer un emploi de tran­si­tion en cas de besoin. 

Repères
L’As­so­ci­a­tion Sol­i­dar­ités nou­velles face au chô­mage (SNC), forte de 2 300 mem­bres, est présente dans une cen­taine de villes ou de quartiers.
Elle accom­pa­gne tous les ans près de mille cinq cents chômeurs dans leur recherche d’emploi, et plus de 60 % d’en­tre eux retrou­vent du tra­vail à l’is­sue de cet accompagnement.
www.snc.asso.fr

Un soutien moral

Chaque chômeur qui le demande est accom­pa­g­né par un binôme. Cet accom­pa­g­ne­ment a pour but le retour au tra­vail. C’est d’abord un sou­tien moral, un appui, une écoute, qui font con­tre­poids à la soli­tude et au vide auquel le chômeur est con­fron­té. Les deux bénév­oles qui con­stituent le binôme épaulent le chômeur, bâtis­sent avec lui une stratégie de réin­ser­tion pro­fes­sion­nelle et l’aident à la met­tre en oeu­vre pas à pas. Les per­son­nes accom­pa­g­nées ont en général plus d’un an de chô­mage. Le binôme rend compte de son accom­pa­g­ne­ment et échange tous les mois à ce sujet avec les mem­bres d’un ” groupe de sol­i­dar­ité ” com­posé d’une dizaine d’ac­com­pa­g­na­teurs. Cet accom­pa­g­ne­ment dans la durée — env­i­ron dix mois en moyenne — suf­fit dans la très grande majorité des cas à per­me­t­tre la reprise du tra­vail, en con­tribuant à la remo­bil­i­sa­tion du chômeur. 

Un emploi de transition à durée déterminée

Si le chô­mage se pro­longe, l’As­so­ci­a­tion peut créer un ” emploi de tran­si­tion ” sur mesure, adap­té à chaque per­son­ne sans emploi et à ses com­pé­tences, mais à durée déter­minée. L’As­so­ci­a­tion finance le salaire et met la per­son­ne gra­tu­ite­ment à la dis­po­si­tion d’une asso­ci­a­tion tierce, qui organ­ise le tra­vail à accom­plir et béné­fi­cie de ses fruits. 

Un accom­pa­g­ne­ment de dix mois en moyenne suf­fit dans la très grande majorité des cas à per­me­t­tre la reprise du travail 

L’ex-chômeur ain­si employé est payé pour sa tâche, il a le pied mis à l’étri­er et trou­ve beau­coup plus facile­ment du tra­vail à l’is­sue de son CDD que s’il était resté sans emploi (l’ac­com­pa­g­ne­ment se pour­suiv­ant, bien sûr, pen­dant et après le con­trat). La com­bi­nai­son de ces deux principes sim­ples, accom­pa­g­ne­ment per­son­nal­isé et créa­tion d’emploi adap­té, avec le refus des sub­ven­tions publiques (à l’ex­cep­tion du recours aux emplois aidés, ouverts à toute asso­ci­a­tion), per­met de démon­tr­er que cha­cun d’en­tre nous, quel qu’il soit, act­if ou retraité, peut aider un chômeur en étant bénév­ole ; et cette aide aboutit le plus sou­vent — dans 60 % des accom­pa­g­ne­ments — à l’emploi. L’é­coute, le con­seil, la remo­bil­i­sa­tion des com­pé­tences facili­tent grande­ment la reprise d’ac­tiv­ité. Et si cet accom­pa­g­ne­ment ne suf­fit pas, la créa­tion d’un emploi adap­té de courte durée est une tran­si­tion effi­cace vers la reprise durable d’un travail. 

De généreux donateurs

Bien enten­du, tout cela coûte de l’ar­gent, en par­ti­c­uli­er pour financer les heures de tra­vail payées aux per­son­nes accom­pa­g­nées qui béné­fi­cient de ces emplois de tran­si­tion (dans le cas de SNC, 100 000 heures en 2007 pour une cen­taine de per­son­nes). Des dona­teurs versent env­i­ron 500 000 euros par an, soit en moyenne 250 euros par per­son­ne. Ils ont la sat­is­fac­tion de savoir que cet argent est beau­coup plus effi­cace en matière de créa­tion d’emplois que la plu­part des poli­tiques publiques en la matière. L’ac­com­pa­g­ne­ment de chômeurs est exigeant. SNC con­naît une cer­taine rota­tion de ses bénév­oles, de l’or­dre de 20 à 25 % par an, mais aug­mente régulière­ment ses effec­tifs. De nou­veaux ” groupes de sol­i­dar­ité ” sont créés. Si vous vous sen­tez con­cernés par le sujet, si vous avez par exem­ple dans votre entourage un chômeur que vous voudriez aider sans lui don­ner directe­ment de l’ar­gent, et si vous ne savez que faire, voilà une méth­ode qui fonc­tionne bien depuis vingt ans.

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