« Des approches nouvelles pour maîtriser les enjeux de la supply chain du XXIe siècle »

Dossier : X-Supply Chain : des concepts aux opérationsMagazine N°690 Décembre 2013
Par Paul SANSÉAU (80)

Paul San­séau ne s’arrête jamais, même pour un entre­tien. Il parle en mar­chant à grands pas, tout à son ardeur de mili­tant de la sup­ply chain.

« Je me suis aper­çu il y a dix-huit mois, rap­pelle-t-il, qu’aucun groupe X ne s’intéressait au sujet autre­ment que de façon par­cel­laire. J’ai sol­li­ci­té quelques amis qui ont sou­te­nu l’idée de créer ce groupe spé­ci­fique. Quelques autres nous ont rejoints, et voi­là la genèse de ce nou­veau groupe X, qui réunit aujourd’hui quelque soixante-dix membres, uni­que­ment recru­tés par le bouche à oreille. »

Ces membres d’âges divers exercent prin­ci­pa­le­ment dans deux sec­teurs pro­fes­sion­nels, l’industrie et le conseil, à part à peu près égale.

Des échanges avec Centrale et HEC

Mais qu’est-ce donc que la sup­ply chain ?

D’après le dic­tion­naire de l’American Pro­duc­tion and Inven­to­ry Control Socie­ty (APICS), il s’agit d’un « réseau orga­ni­sé d’acteurs opé­rants sur des flux et agis­sant dans un but com­mun, de créa­tion de valeur », défi­ni­tion qui, sou­ligne Paul San­séau, « a l’immense avan­tage de cou­vrir aus­si bien la pro­duc­tion de voi­tures que la four­ni­ture de secours et de vivres suite à un trem­ble­ment de terre ».

« Au sein de ce réseau cir­culent des biens, à des stades divers d’avancement, des ser­vices, des infor­ma­tions et des ins­tru­ments finan­ciers. » « Le sup­ply chain mana­ge­ment est à la fois l’art de construire et d’optimiser un réseau, mais éga­le­ment l’art de pilo­ter et de le faire évo­luer, tout en lui gar­dant son carac­tère optimal. »

On pour­ra se repor­ter à l’article de Paul San­séau (80), Oli­vier Dubouis (83) et Her­vé Hil­lion (80) dans La Jaune et la Rouge n° 688, d’octobre 2013 : « Maî­tri­ser son réseau de par­te­naires pour de meilleures performances ».

Le groupe est pour l’instant uni­que­ment consti­tué de poly­tech­ni­ciens, mais « nous nous rap­pro­chons d’autres écoles, en par­ti­cu­lier HEC et Cen­trale, qui ont créé des groupes d’anciens s’intéressant à la sup­ply chain, mais aus­si aux achats.

Il existe du reste un groupe X‑Achats, avec lequel nous sommes aus­si en relation.

La sup­ply chain, qui se place aus­si au niveau de la pla­ni­fi­ca­tion stra­té­gique et de construc­tion du réseau glo­bal, joue sur un ter­rain qui n’est pas seule­ment celui de la fonc­tion achats, mais inclut la ges­tion de la demande, la ges­tion de pro­duc­tion, les par­te­naires de trans­port, de cer­ti­fi­ca­tion, de finan­ce­ment, etc. »

Quatre objectifs

Le groupe s’est don­né quatre objectifs.

« Le pre­mier est d’intéresser au plus haut niveau les déci­deurs indus­triels et poli­tiques à la démarche, pour aider à mieux poser les pro­blèmes de redres­se­ment pro­duc­tif ou, plus pro­saï­que­ment, de gas­pillage suite à de mau­vaises décisions.

« Le deuxième est de favo­ri­ser les car­rières dans le domaine de la sup­ply chain, en agis­sant auprès des écoles ou auprès des jeunes dans leurs pre­miers postes. Nous par­ti­ci­pons, par exemple, aux jurys de l’École poly­tech­nique et ne man­quons pas d’attirer l’attention des jeunes sur cette spé­cia­li­té nouvelle.

« Un troi­sième objec­tif est de faire évo­luer les concepts dans tous les domaines. Parle-t-on d’énergie ? Il faut se deman­der ce qu’est exac­te­ment le coût éner­gé­tique. Est-il ques­tion d’éthique ? On s’interrogera sur les bonnes pra­tiques de ses four­nis­seurs (tra­vail d’enfants, par exemple).

« Enfin, il faut ren­for­cer la for­ma­tion en sup­ply chain dans le cur­sus des grandes écoles scien­ti­fiques issues de l’X. Les écoles de com­merce ont pris une bonne avance en pri­vi­lé­giant par­fois l’approche mana­ge­ment et la finance par rap­port à l’approche scien­ti­fique et sys­té­mique. Cer­taines écoles scien­ti­fiques ont com­men­cé (Ponts, Mines, etc.).

Mais, pour rele­ver les défis du XXIe siècle, en valo­ri­sant le poten­tiel des approches scien­ti­fiques de haut niveau, il faut sans doute aller beau­coup plus loin. (À ce titre, il n’est sans doute pas ano­din de remar­quer que le MIT a encore gagné la finale du sup­ply chain game, « The fresh connec­tion », à Istan­bul cette année, en y met­tant des moyens très significatifs.)

Acteurs convaincus

En pra­tique, que fait le groupe ?

« Nous ne sommes, pré­cise Paul San­séau, ni une socié­té d’admiration mutuelle, ni de ceux qui veulent édic­ter la loi au détri­ment de ce qui est déjà fait.

« Nous sommes des acteurs convain­cus de cette véri­té évi­dente que l’ensemble des flux et par­ti­cu­liè­re­ment des flux finan­ciers trouvent leur source dans la sup­ply chain, et que ce qui s’applique au com­merce et à l’industrie peut aus­si s’appliquer à l’État.

« Napo­léon disait qu’à la guerre il y a peu de choses qui comptent, mais qu’il faut les faire très précisément.

« Dans la guerre éco­no­mique d’aujourd’hui, la maî­trise de la sup­ply chain en fait indé­nia­ble­ment par­tie, comme en témoignent les suc­cès des cham­pions fran­çais (Air­bus, L’Oréal, Air Liquide, Affle­lou, etc.), qui sont aus­si des cham­pions de la sup­ply chain.

« D’abord, nous prê­chons par l’exemple, en orga­ni­sant des réunions thématiques.

« Nous avons récem­ment trai­té du Lean mana­ge­ment. Ou encore de la logis­tique urbaine, ou de la théo­rie de la déci­sion dans un contexte sup­ply chain.

« Nous par­ti­ci­pons aus­si à des think tanks tel le groupe S & OP pour la France (sales and ope­ra­tion plan­ning) sous l’égide du minis­tère de l’Industrie avec la par­ti­ci­pa­tion de nom­breux et brillants experts du domaine. »

Paul San­séau (80), ingé­nieur en chef de l’Armement, s’est inté­res­sé très tôt aux tech­niques d’informatisation, de concep­tion assis­tée par ordi­na­teur et d’amélioration des per­for­mances des processus.

Res­pon­sable pro­duc­tique à la DCN Cher­bourg, puis ingé­nieur de marque de la fré­gate Hori­zon, et enfin membre du cabi­net du Délé­gué géné­ral pour l’Armement, il rejoint ensuite Nexans (ex-Alca­tel Câble) en charge d’un pro­jet glo­bal d’informatisation.

Il crée en 2002 le cabi­net BFC (Busi­ness Flow Consul­ting), spé­cia­li­sé en maî­trise de la sup­ply chain, opti­mi­sa­tion des pro­ces­sus et pilo­tage des sys­tèmes d’information. Il inter­vient auprès de groupes indus­triels de tailles diverses et sou­vent inter­na­tio­naux (Europe, Corée, États-Unis).

Marié, trois enfants, Paul San­séau s’adonne volon­tiers à la lec­ture, à la musique et à l’aïkido.

X‑Supply Chain

Pré­sident :
Paul San­séau (80)

Membres du Bureau :
Sonia Denoyer (83),
Arpi­neh Cho­la­kian (2006),
Her­vé Hil­lion (80),
Fré­dé­ric Olli­vier (95),
Oli­vier Dubouis (83),
Nhan Tran Tien (81),
Pierre Gam­bar­del­la (81)

Adresse : c/o Paul Sanséau,
5, rue de la Division-Leclerc,
78350 Les Loges-en-Josas

Cour­riel :
bureau [at] xsc.polytechnique.org

S’étendre à l’Europe

Des pro­jets ? Paul San­séau n’en manque pas. Sa liste est prête. « D’abord, ras­sem­bler davan­tage d’intéressés. On peut esti­mer notre poten­tiel à deux cents personnes.

« Orga­ni­ser des échanges avec d’autres groupes, par exemple X‑Environnement.

« Ren­for­cer les col­la­bo­ra­tions avec d’autres écoles, et des uni­ver­si­tés qui ne manquent pas de talents non plus.

« Pré­sen­ter notre domaine aux élèves lors des confé­rences d’orientation.

« Se faire connaître et recon­naître par les orga­nismes étatiques.

« Enfin, s’étendre à l’étranger et à l’Europe en par­ti­cu­lier par des alliances sur les­quelles nous sommes encore en train de travailler. »

Pro­pos recueillis
par Jean-Marc Cha­ba­nas (58)

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