De retour au pays, ils aident aux réformes

Dossier : La ChineMagazine N°684 Avril 2013
Par Alessia LEFÉBURE

Le rôle des returnees s’inscrit dans une longue tra­di­tion du recours par le pou­voir poli­tique à des experts, « passeurs » entre vision occi­den­tale et chi­noise, pour pré­par­er des réformes.

La lib­erté académique sur les cam­pus et la qual­ité de vie dans les grandes villes s’améliorent en effet rapi­de­ment, de même que les per­spec­tives de carrière.

REPÈRES
L’envoi des pre­miers étu­di­ants chi­nois à l’étranger date de 1872. Le retour est un phénomène récent, impor­tant depuis les années 1990. Une des raisons en est la mise en place par le Par­ti-État de pro­grammes d’aides sous forme de prix ou d’avantages pour encour­ager le retour de pro­fes­sion­nels de haut niveau for­més à l’étranger.

Une capacité de négociation

Après une expéri­ence pro­fes­sion­nelle à l’étranger, sou­vent aux États-Unis, les returnees ont une capac­ité de négo­ci­a­tion plus forte car ils font val­oir la rareté des ressources qu’ils appor­tent : langue, réseau de con­nais­sances inter­na­tionales, accès aux finance­ments étrangers, com­pé­tences, style d’enseignement et de com­mu­ni­ca­tion, etc.

Les mille talents
Les pro­grammes d’aide les plus con­nus sont « Les Mille Tal­ents », le « plan Chun­hui » (bour­geon de print­emps) et le « prix Changjiang ». Une liste en est pub­liée sur le site du ser­vice de l’éducation de l’ambassade de Chine : http://www.edu-ambchine.org

Ce « cap­i­tal transna­tion­al » per­met une amélio­ra­tion statu­taire et du niveau de vie, mais il prof­ite aus­si à l’institution d’accueil, voire à l’ensemble de la com­mu­nauté académique. Les returnees ont ren­du pos­si­bles le trans­fert de savoir-faire, l’introduction de nou­veaux out­ils péd­a­gogiques, l’obtention de ressources finan­cières sup­plé­men­taires, la renais­sance de dis­ci­plines, la dif­fu­sion d’idées et de références nord-américaines.

Une expérience différente

Avec l’accroissement de leur nom­bre, les returnees devi­en­nent des acteurs du change­ment. Ils ont vécu dans des sociétés et sous des régimes poli­tiques dif­férents. L’éloignement a poussé cer­tains d’entre eux vers un nation­al­isme iden­ti­taire, mais en général, à leur retour, ils ont une atti­tude pru­dente, prag­ma­tique et non dogmatique.

Une atti­tude pru­dente, prag­ma­tique et non dogmatique

L’expérience des lim­ites des autres sys­tèmes les rend en général favor­ables aux trans­for­ma­tions pro­gres­sives. Si leur influ­ence directe en tant qu’intellectuels est encore dis­crète dans la prise de déci­sion poli­tique, leur rôle est impor­tant car, par leurs recherch­es, ils sont une source d’information.

Au sein du Parti

L’accroissement du pou­voir des uni­ver­si­taires returnees va de pair avec l’augmentation de la représen­ta­tion des diplômés à l’étranger au sein du comité cen­tral du Par­ti. Can­ton­nés jusqu’à la fin des années 1990 aux min­istères et admin­is­tra­tions dits « tech­niques », ils sont aujourd’hui admis dans qua­si toutes les admin­is­tra­tions et à tous les niveaux du gouvernement.

La méfi­ance du Par­ti à leur encon­tre s’estompe peu à peu. À l’avenir, les returnees occu­per­ont sans doute des posi­tions de pou­voir dans la plu­part des uni­ver­sités, accélérant la mon­tée en gamme de l’enseignement supérieur chi­nois et des capac­ités d’innovation sci­en­tifique et tech­nologique du pays.

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