De l’importance de la démographie

Dossier : La démographie déséquilibréeMagazine N°639 Novembre 2008
Par Christian MARCHAL (58)


Chris­tian Mar­chal (58),
pré­sident du groupe X‑Dé­mo­gra­phie-éco­no­mie-popu­la­tion
x‑dep.polytechnique.org

» Le pro­blème le plus grave est le pro­blème démo­gra­phique ! « , Vla­di­mir Pou­tine s’a­dresse aux élus de la Nation dans son dis­cours de juillet 2000 sur » l’é­tat de la Russie « .

Cette solide prise de conscience va por­ter des fruits répa­ra­teurs, mais il faut dire que la Rus­sie revient de loin : 2,5 mil­lions de nais­sances en 1987 et seule­ment 1,2 mil­lion en 1999 avec un indice de fécon­di­té qui était l’un des plus bas du monde : 1,17 enfant par femme.

Aujourd’­hui, après diverses mesures, le nombre annuel des nais­sances et l’in­dice de fécon­di­té sont remon­tés à 1,4 mil­lion et 1,3 enfant par femme. Certes on est encore très loin d’une situa­tion saine et équi­li­brée, mais l’ef­fon­dre­ment est stop­pé et la reprise est en marche… avec toute la len­teur et la puis­sance des phé­no­mènes démographiques.

Quelles leçons pour l’U­nion euro­péenne ? Bien sûr nous ne sommes pas des­cen­dus aus­si bas que la Rus­sie, mais nous n’al­lons pas dans le bon sens. Aucune des 27 nations de l’U­nion n’as­sure le renou­vel­le­ment de ses géné­ra­tions et seize d’entre elles – les deux tiers de la popu­la­tion de l’U­nion – ont un indice de fécon­di­té infé­rieur à 1,45 enfant par femme. L’Al­le­magne a annuel­le­ment 150 000 décès de plus que de naissances.

Enfin, élé­ment essen­tiel, le vieillis­se­ment est très rapide. Notons que ce vieillis­se­ment est obte­nu compte tenu d’une immi­gra­tion de plus de dix mil­lions de jeunes adultes dans la période 1997–2007 consi­dé­rée et certes si l’im­mi­gra­tion peut dans une cer­taine mesure contrer le vieillis­se­ment, elle ne sau­rait être aus­si effi­cace qu’un nombre ana­logue de nou­veau-nés car ceux-ci sont beau­coup plus jeunes et vieilli­ront bien plus tard.

Dans ces condi­tions ceux qui pro­clament : » La situa­tion démo­gra­phique de l’U­nion euro­péenne n’est pas grave ! Si mettre au monde et éle­ver des enfants est trop dur, nous ferons venir de jeunes étran­gers ! » Ceux-là com­mettent une double erreur :

1) L’im­mi­gra­tion est d’une effi­ca­ci­té médiocre contre le vieillissement.
2) De telles pro­cla­ma­tions sont odieuses aux oreilles des immi­grés qui n’ont pas la mémoire courte et ne viennent pas par plai­sir affron­ter les dif­fi­cul­tés, les déchi­re­ments et les souf­frances de tout exil (Rap­pe­lons-nous : » Si le tra­vail est trop dur dans nos plan­ta­tions des Amé­riques, nous ferons venir de vigou­reux Afri­cains ! »)

Arrê­tons de soi­gner l’Eu­rope sur le dos des autres ! Nous devons faire notre tra­vail nous-mêmes.

On objec­te­ra que les immi­grants d’au­jourd’­hui sont volon­taires, mais ce n’est pas leur point de vue, ils viennent pous­sés par la misère et l’op­pres­sion. Si l’on ajoute à tout cela les dif­fi­cul­tés inhé­rentes à l’im­mi­gra­tion de per­sonnes de cultures dif­fé­rentes on convien­dra que notre seul vrai choix est entre la pour­suite rou­ti­nière du vieillis­se­ment – sui­vie d’un effon­dre­ment inévi­table dans vingt-cinq ou trente ans – et un renou­veau démo­gra­phique visant au simple équi­libre, une poli­tique ana­logue à celle que la France vieillie, dévas­tée et rui­née de l’a­près-guerre a réus­sie mal­gré toutes les difficultés.

Commentaire

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sha­ny inconnurépondre
26 avril 2011 à 19 h 14 min

l’im­por­tance de la demo­gr
tout à fait vrai ! les euro­peens nous prennent , nous afri­cains , pour leur marion­nette qu’ils peuvent mani­pu­ler à leur guise

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