CONCERT ANNIVERSAIRE DE DANIEL BARENBOÏM

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°666 Juin/Juillet 2011Rédacteur : Marc Darmon (83)

Daniel Baren­boïm est un prodi­ge comme le monde musi­cal en voit appa­raître au rythme de quelques- uns par siè­cle. Il est à la fois un mer­veilleux pianiste, un human­iste et grand péd­a­gogue, et il est devenu avec les années un chef d’orchestre et d’opéra recon­nu. En août 2000, cinquante ans après son pre­mier con­cert à l’âge de huit ans, il revient au Théâtre Con­lón de son Buenos Aires natal pour un con­cert « jubilé » exceptionnel.

Coffret DVD Jubilé BarenboïmIssu d’une famille de Juifs russ­es immi­grés en Argen­tine, sur les scènes inter­na­tionales depuis son enfance, instal­lé suc­ces­sive­ment à Tel-Aviv, Lon­dres, Paris, Chica­go, Berlin, Daniel Baren­boïm a dû appréci­er de revenir jouer dans son pays, com­mu­ni­quer avec le pub­lic dans sa langue, et recevoir un tel accueil.
Nous, qui avons vu Baren­boïm faire ses pre­mières armes comme chef d’orchestre, à l’Orchestre de Paris à la fin des années 1970, et qui avons suivi ses pro­grès, con­sid­érons que le pianiste ne joue pas assez. Cette époque où il s’est éloigné des claviers, trop selon nous, a suivi les années d’or où il enreg­is­trait les réels mon­u­ments que sont ses témoignages dans les Con­cer­tos de Mozart, les Impromp­tus de Schu­bert, et cette Tru­ite mémorable filmée avec Jacque­line du Pré, Zubin Mehta, Itzhak Perl­man et Pin­chas Zuckerman.

Voir Baren­boïm en DVD est une expéri­ence incroy­able, heureuse­ment facile­ment acces­si­ble car il est beau­coup filmé. Grâce à l’image on voit l’incroyable indépen­dance des deux mains, on reste éber­lué par la vir­tu­osité de ces doigts excep­tion­nelle­ment courts : son mag­nifique touch­er vient prob­a­ble­ment de l’effort à fournir pour dompter des mains par­ti­c­ulière­ment petites pour un pianiste inter­na­tion­al. Par­mi les autres nom­breux DVD disponibles, on con­seille prin­ci­pale­ment le cof­fret inté­gral des Sonates de Beethoven par Daniel Baren­boïm filmées à Berlin et réal­isées par le grand Andy Som­mer. Les pris­es de vues sont épous­tou­flantes et la réal­i­sa­tion mag­nifique. Et vous aurez dans ce cof­fret (EMI) en bonus plusieurs mas­ter class par le pianiste : on recom­mande de com­mencer par le moment où Baren­boïm explique à Lang Lang, devenu célèbre depuis, com­ment jouer cor­recte­ment l’Appas­sion­a­ta, oeu­vre qui fig­ure d’ailleurs au pro­gramme de notre con­cert argentin.

Le con­cert débute par une Sonate « facile » de Mozart par­faite­ment équili­brée : pas mécanique, très « inter­prétée », mais sans som­br­er dans le roman­tisme. La beauté pure. Suit une Appas­sion­a­ta de Beethoven où Baren­boïm est tou­jours excep­tion­nel. Une rareté ensuite, deux des qua­tre livres d’Iberia d’Isaac Albéniz, six pièces évo­quant Séville, Cadix, Malaga.

Compte tenu de son côté excep­tion­nel, le con­cert se ter­mine par un nom­bre impres­sion­nant de bis (une quin­zaine), tous intro­duits par Baren­boïm en espag­nol, ce qui amène à un con­cert de plus de deux heures trente. Tout d’abord une Sonate de Scar­lat­ti lentis­sime, mag­nifique. Un Moment musi­cal de Schu­bert plein de finesse, mon­trant à nou­veau son for­mi­da­ble touch­er. Puis Chopin où l’on retrou­ve les car­ac­téris­tiques de son réc­i­tal Chopin à Pleyel en 2010 : immense élé­gance et sen­si­bil­ité des Valses et Mazurkas, moins con­va­in­cant, mais pas­sion­nant tout de même, dans les Polon­ais­es et Études. Deux pièces (op. 12) de Schu­mann superbes, au touch­er solaire. Et des pièces argen­tines, mais pas de Piaz­zol­la mal­gré les deman­des répétées du public.

En bonus un très bon film-doc­u­men­taire sur l’artiste, revenant notam­ment sur ses engage­ments récents, tels que jouer Wag­n­er à Jérusalem, ou la créa­tion en 1999 du West- East­ern-Divan Orches­tra, un orchestre réu­nis­sant notam­ment des inter­prètes israéliens, pales­tiniens et des pays voisins.

Commentaire

Ajouter un commentaire

HOUANrépondre
24 novembre 2012 à 16 h 44 min

baren­boim
je recherche copie de ce concert

Répondre