Combattre pour les Sciences

Dossier : ÉditorialMagazine N°696 Juin/Juillet 2014
Par Laurent BILLÈS-GARABÉDIAN (83)

Selon une étude récente, qua­tre-vingts pour cent des lycéens et des étu­di­ants sont attirés par les sci­ences et les nou­velles tech­nolo­gies, même si la moitié seule­ment souhaite effec­tive­ment exercer un méti­er à dom­i­nante sci­en­tifique. Les jeunes, comme plus large­ment nos conci­toyens, pensent que les sci­ences apporteront des solu­tions aux grands prob­lèmes du monde et de la société. Ils sont égale­ment 80 % à faire con­fi­ance à la com­mu­nauté sci­en­tifique con­tre moins de 20 % aux gou­verne­ments. La devise de notre École, Pour la Patrie, les Sci­ences et la Gloire, est tou­jours d’actualité et peut nous guider dans les années à venir.

En ce qui con­cerne la Patrie et la Gloire j’ai souhaité rap­pel­er l’ancrage de l’X dans la Défense au ser­vice de la Nation, en organ­isant le 5 sep­tem­bre 2014 à l’Arc de Tri­om­phe un événe­ment avec les anciens élèves des grandes écoles mil­i­taires pour célébr­er la bataille de la Marne et les poly­tech­ni­ciens engagés dans la défense du pays, événe­ment auquel la com­mu­nauté poly­tech­ni­ci­enne sera invitée à par­ticiper largement.

Aujourd’hui, la guerre s’est déplacée vers l’économie. L’École poly­tech­nique doit jouer son rôle au ser­vice de l’État et dans l’industrie. Elle doit le faire aus­si dans les sci­ences, thème prin­ci­pal de ce numéro. La com­mu­nauté poly­tech­ni­ci­enne met en avant, avec rai­son, ses anciens maréchaux, Jof­fre, Foch, Fay­olle, Mau­noury, ain­si que les cap­i­taines d’industrie. Mais nous ne met­trons jamais assez en avant les grands sci­en­tifiques. Nous devons être fiers, par­mi tant d’autres, des Bec­quer­el, Carnot, Cauchy, Cori­o­lis et bien sûr Poin­caré que nous avons célébré en 2012 et dont l’exposition a sil­lon­né la Chine l’an dernier.

Nous devons aus­si davan­tage rap­pel­er les plus récents. Je ne cit­erai que l’exemple de notre cama­rade math­é­mati­cien Jean-Pierre Bour­guignon (66), dont je rap­pelle la nom­i­na­tion à la prési­dence du Con­seil européen de la recherche. Elle n’a pas été suff­isam­ment saluée en France ou dans les étab­lisse­ments français d’enseignement supérieur et de recherche.

Le forum inter­na­tion­al « Sci­ence, Recherche et Société » qui s’est tenu au mois de mai dernier à Paris avait pour thème la sci­ence mon­di­ale et les change­ments pro­fonds que l’on observe. Comme dans l’industrie et dans l’économie, la Chine, l’Inde, le Brésil devi­en­nent des acteurs majeurs du monde sci­en­tifique et de la recherche, loin de l’idée passée des pays à bas coûts. Ces pays et leurs voisins mis­ent sur la sci­ence et la tech­nolo­gie pour con­tribuer à leur développe­ment économique. Quand on y ajoute la général­i­sa­tion du mod­èle de finance­ment anglo-sax­on, la sci­ence est bien dev­enue l’objet d’une com­péti­tion mon­di­ale exacerbée.

À l’École poly­tech­nique de relever ce défi.

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