César Franck : Symphonie en Ré

César Franck : Symphonie en Ré
Darius Milhaud : Le Bœuf sur le toit

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°781 Janvier 2023
Par Marc DARMON (83)

Après avoir célébré en 2022 le bicen­te­naire de César Franck (1822–1890), nous recom­man­dons cette inter­pré­ta­tion de sa célèbre Sym­phonie en ré mineur, créée en 1889 dans la mag­nifique salle du pre­mier Con­ser­va­toire (comme la Sym­phonie fan­tas­tique soix­ante ans aupar­a­vant), où ne se pro­duit plus désor­mais que l’ensemble Le Palais royal.

On le sait, César Franck a com­posé toute sa vie, mais seules ses œuvres de sa dernière décen­nie sont encore jouées régulière­ment et lui ont don­né une répu­ta­tion de com­pos­i­teur tardif. Pour­tant, au-delà de ses œuvres les plus célèbres (cette sym­phonie, Sonate pour vio­lon, Quin­tette avec piano, Vari­a­tions sym­phoniques, grandes œuvres pour orgue…), j’invite à décou­vrir d’autres com­po­si­tions plus anci­ennes, notam­ment ses qua­tre trios avec piano.

La sym­phonie est en trois mou­ve­ments, le dernier mou­ve­ment reprenant de façon cyclique des thèmes des deux pre­miers. Le sec­ond mou­ve­ment, d’une rare inten­sité, éla­bore sur un thème mag­nifique­ment émou­vant énon­cé au haut­bois, merveilleux.

L’année du début de la com­po­si­tion de cette sym­phonie est aus­si celle de la com­po­si­tion de la fameuse Troisième Sym­phonie de Saint-Saëns et de la Sym­phonie cévenole de Vin­cent d’Indy. Elle est un chef‑d’œuvre incon­testable, même si son style « ger­manique » lui a valu un accueil mit­igé du fait du sen­ti­ment anti-alle­mand de l’époque.

Le chef d’orchestre Leonard Bern­stein était un musi­cien com­plet. Com­pos­i­teur de musi­cals célèbres de Broad­way (West Side Sto­ry…) et d’œuvres de musique « sérieuse » (sym­phonies, bal­let…), mais aus­si un grand péd­a­gogue (ayant fait décou­vrir la musique clas­sique à des mil­lions de jeunes téléspec­ta­teurs améri­cains) et surtout un des plus grands chefs d’orchestre du XXe siè­cle, dirigeant avec suc­cès et authen­tic­ité trois siè­cles de musique depuis Haydn jusqu’aux con­tem­po­rains améri­cains. À la fin de sa car­rière, après sa démis­sion du Phil­har­monique de New York, Leonard Bern­stein dirigea et enreg­is­tra beau­coup en Europe, à Vienne prin­ci­pale­ment mais aus­si à Tel Aviv, à Munich et comme ce soir-là à Paris. Et, en ce qui con­cerne les enreg­istrements, il en fit au moins quelques-uns avec presque tous les grands orchestres d’Europe.

Cet enreg­istrement de la sym­phonie de Franck est issu d’un con­cert en direct en 1981 avec l’Orchestre nation­al de France, qui était rel­a­tive­ment nou­veau sous cette forme (1974). L’interprétation de Bern­stein est sai­sis­sante, de la pre­mière note à la dernière. C’est une approche très roman­tique, avec des tem­pos très larges, mêmes vrai­ment alan­guis dans le sec­ond mou­ve­ment, mag­nifique. Tout le style de Bern­stein chef d’orchestre est là, silences, ape­san­teur, lenteur, roman­tisme échevelé. Et l’orchestre, avec notam­ment ses qua­tre cors solaires, son haut­bois plain­tif, répond par­faite­ment aux souhaits du Bern­stein parisien.

En com­plé­ment de ce DVD Franck, Bern­stein a enreg­istré, égale­ment à Paris, Le Bœuf sur le toit de Dar­ius Mil­haud (1920), musique de bal­let légère et dansante où l’on voit le chef, excep­tion-nelle­ment bar­bu à cette péri­ode, swinguer avec la musique, faisant preuve comme tou­jours d’un ent­hou­si­asme communicatif.

Ce DVD très recom­mandé est disponible pour l’instant unique­ment au sein d’un cof­fret com­men­té ici en févri­er 2009 de cinq DVD com­prenant aus­si la Neu­vième Sym­phonie de Bruck­n­er, les Sym­phonies n° 1 et 3 de Brahms, Mozart (dirigé depuis le piano) et la Neu­vième de Beethoven enreg­istrée sur les ruines fumantes du mur de Berlin. Unique­ment des DVD de référence.


Orchestre Nation­al de France, direc­tion Leonard Bernstein

Un cof­fret Euroarts

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