Beethoven : Fidelio

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°647 Septembre 2009Par : Direction Zubin Mehta
Par Marc DARMON (83)

Coffret DVD Beethoven FidelioFide­lio est l’unique opéra de Beethoven. Mais il lui a demandé autant de tra­vail que trois. Pub­lié et joué à Vienne en 1805 sous le titre Léonore, ou le tri­om­phe de l’amour con­ju­gal et à cette époque singspiel clas­sique dans la con­ti­nu­ité de la fin du XVI­I­Ie siè­cle, il fut remanié plusieurs fois (avec chaque fois une nou­velle ouver­ture) jusqu’à devenir en 1814 Fide­lio, drame annonçant les opéras roman­tiques du XIXe siè­cle. Léonore est l’épouse de Flo­restan, pris­on­nier de façon abu­sive d’un gou­verneur total­i­taire qui va le con­damn­er à mort. Léonore se déguise en jeune homme, Fide­lio, et se fait recruter dans la prison pour libér­er à temps son époux.

Naturelle­ment entre 1805 et 1814 la sit­u­a­tion nationale à Vienne (la ville est occupée par les troupes napoléoni­ennes en 1805) et les idées philosophiques et poli­tiques de Beethoven ont changé. De même l’intrigue roman­tique est dev­enue allé­gorie poli­tique, le per­son­nage char­nel Léonore s’est trans­for­mé en sym­bole Fide­lio et l’opéra mozar­tien est devenu un hymne épique intem­porel d’une portée human­iste équiv­a­lente à la Neu­vième Sym­phonie ou à la Mis­sa Solem­nis.

On ne peut rêver aujourd’hui plus belle et plus riche dis­tri­b­u­tion que celle qui fut réu­nie à Valence l’année dernière sous la baguette dynamique de Zubin Mehta. Wal­traud Meier est pro­pre­ment fan­tas­tique. À la fois mag­nifique en femme fidèle et dévouée, elle est tout à fait crédi­ble déguisée en jeune homme. Elle crève l’écran de sa présence mag­né­tique, avec une voix absol­u­ment intacte, émou­vante et prenante. Son Flo­restan est le grand wag­nérien Peter Seif­fert, prob­a­ble­ment la voix la plus adap­tée au rôle de nos jours. Ce duo, dans un décor assez sim­i­laire, nous rap­pelle le duo mémorable for­mé des deux géants de l’époque Jon Vick­ers et Gun­du­la Janowitz que le regret­té Pierre Jour­dan avait réu­nis et filmés dans les arènes d’Orange il y a trente ans.

Les autres artistes sont par­faits : Mat­ti Salmi­nen impres­sion­nant en gar­di­en de prison plein de sym­pa­thie et de doutes, Rain­er Trost en amoureux écon­duit et aigri, et la bril­lante Marzelline d’Ildiko Rai­mon­di qui a la dif­fi­cile tâche d’entamer l’opéra par trois airs et ensem­bles, par­faite­ment menés (même si le rôle s’est con­sid­érable­ment réduit dans les remaniements suc­ces­sifs de l’opéra).

Musi­cale­ment ce DVD est donc une référence pour longtemps. Le spec­ta­cle mon­té à l’occasion de l’inauguration du nou­veau Palau de les Arts « Reina Sofia » de Valence par Pier’Alli est très réus­si, avec quelques nou­veautés, comme cette ouver­ture Leonore III, insérée pour équili­br­er les deux actes au milieu du sec­ond acte comme l’avait sug­géré et fait Mahler, mais ce qui n’avait jamais été refait depuis. La mise en scène et les décors sont par­faite­ment adap­tés, sans orig­i­nal­ité par­ti­c­ulière, mais sans non plus trans­former la per­cep­tion que l’on doit avoir de cet opéra uni­versel. L’absence de lumière de cer­taines scènes bien som­bres a pour but de faire ressor­tir par­ti­c­ulière­ment la lumière sur cer­tains per­son­nages. Le sec­ond acte débute même dans le noir absolu (même l’orchestre a éteint ses lam­pes), procédé sûre­ment impres­sion­nant dans la salle, mais que l’on doit recon­naître moins mar­quant en DVD.

Ce DVD est un excel­lent moyen de décou­vrir l’autre hymne à la lib­erté de Beethoven qu’est Fide­lio.

Commentaire

Ajouter un commentaire

Tin­marrépondre
18 septembre 2022 à 19 h 34 min

A quand la sor­tie de ce chef d’œuvre en DVD ? J’ai assisté à la représen­ta­tion, c’é­tait FAN TAS TIQUE.

Répondre