Les Troyens, opéra en cinq actes

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°621 Janvier 2007Par : A. C. Antonacci, S. Graham, L. Naouri, Orchestre Révolutionnaire et Romantique, Sir John Eliott GardinerRédacteur : Marc Darmon (83)
Par Marc DARMON (83)

Les Troyens de Ber­lioz est un chef‑d’œuvre. Mais très dif­fi­cile à mon­ter, cet opé­ra fut très rare­ment pro­duit, jamais inté­gra­le­ment du vivant du com­po­si­teur, jusqu’à une époque récente. Révé­lé à nou­veau au public par Sir Colin Davis, il fait désor­mais par­fai­te­ment par­tie du réper­toire, comme le prouvent la reprise récente à l’Opéra Bas­tille et la pro­duc­tion fixée sur ces DVD en 2003 au Théâtre du Châtelet.

L’opéra de plus de quatre heures, adap­té par Ber­lioz lui-même de L’Énéide de Vir­gile en 1858, raconte la chute de Troie, la fuite d’Énée et de ses proches jusqu’à Car­thage où règne Didon, puis le départ déchi­rant des Troyens de Car­thage pour l’Italie où doit se pour­suivre leur des­tin, la fon­da­tion de Rome. On com­prend bien que le nombre de per­son­nages concer­nés, toute la cour de Troie, puis toute la cour de Car­thage, néces­site une dis­tri­bu­tion digne des grandes pro­duc­tions hollywoodiennes.

Réunir cette dis­tri­bu­tion a été par­fai­te­ment réus­si lors de la pro­duc­tion du Châ­te­let. Domi­née par la Cas­sandre ter­ri­fiante d’Anna Cate­ri­na Anto­nac­ci et la Didon écor­chée vive de Susan Gra­ham, elle intègre aus­si les grandes réus­sites de Laurent Naou­ri en Nar­bal et Gre­go­ry Kunde en Énée.

Bien enten­du, rien ne peut rem­pla­cer de voir un tel opé­ra gran­diose sur scène. Mais ce cof­fret DVD per­met une rare expé­rience. En effet, les superbes décors troyens sont ren­dus en vidéo avec plus de détail qu’au théâtre, les gros plans sur les artistes per­mettent de par­fai­te­ment per­ce­voir leurs sen­ti­ments. Mais sur­tout, la vidéo per­met de voya­ger dans la fosse d’orchestre lors des nom­breux inter­ludes orches­traux et de pro­fi­ter de la direc­tion idéale de Sir John Eliott Gar­di­ner à la tête de son Orchestre Révo­lu­tion­naire et Roman­tique, sur ins­tru­ments d’époque, ce que l’on ne voit natu­rel­le­ment jamais au théâtre.

La qua­li­té du son, de l’image, et la réa­li­sa­tion font de ce cof­fret un véri­table événement.

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