Un expert du conseil dans le monde de la santé

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°783 Mars 2023
Par Marc-Olivier BÉVIERRE (X85)

Depuis leur rap­proche­ment en mai 2022, Cep­ton et Vin­tu­ra se posi­tion­nent comme un cab­i­net de con­seil européen expert dans le monde de la san­té. Il accom­pa­gne aus­si bien les indus­triels, les lab­o­ra­toires, et les fonds d’investissements que les étab­lisse­ments de san­té et les autorités de san­té sur des prob­lé­ma­tiques struc­turantes à forts enjeux. Le point avec Marc-Olivi­er Bévierre (X85), part­ner au sein de Cep­ton / Vin­tu­ra.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le rapprochement de Cepton et Vintura ?

Ce rap­proche­ment a été motivé par deux raisons prin­ci­pales. Pre­mière­ment, Cep­ton nour­ris­sait l’ambition de se dévelop­per géo­graphique­ment pour accom­pa­g­n­er ses clients français et inter­na­tionaux. Avant la fusion, nous ne dis­po­sions que d’un seul bureau à Paris. Aujourd’hui, nous avons 4 bureaux à Paris, à Ams­ter­dam, à Lon­dres et à Munich. Nous nous posi­tion­nons doré­na­vant comme un cab­i­net de con­seil européen qui s’appuie sur 90 con­sul­tants et qui réalise près de 40 % de ses mis­sions et pro­jets à l’international.
Deux­ième­ment, le marché du con­seil en san­té ne cesse de s’élargir. Il s’est aus­si forte­ment com­plex­i­fié et diver­si­fié. Dans ce cadre, nous avons égale­ment souhaité ren­forcer notre pan­el de com­pé­tences. His­torique­ment, notre cab­i­net cou­vrait prin­ci­pale­ment le volet sci­en­tifique avec la dimen­sion R&D et les sujets de développe­ment com­mer­cial, pour les lab­o­ra­toires phar­ma­ceu­tiques et les start-up de san­té (biotech, medtech, healthtech…), ain­si que les dues dili­gences pour des fonds de Pri­vate Equi­ty opérant dans ce domaine… En par­al­lèle, Vin­tu­ra dis­pose d’une exper­tise en phar­ma com­plé­men­taire à la nôtre avec une com­pé­tence avérée en matière d’accès au marché et d’économie de san­té, d’amélioration de la per­for­mance et de l’organisation des hôpi­taux. Ce rap­proche­ment nous per­met donc de cou­vrir un plus large spec­tre et de pro­pos­er des exper­tis­es complémentaires.

Aujourd’hui, comment résumeriez-vous votre positionnement ?

Nous sommes une bou­tique de stratégie européenne. Depuis la créa­tion de Cep­ton, il y a déjà 15 ans, nous avons tou­jours eu cette volon­té de réu­nir le meilleur des deux mon­des : les méth­odes éprou­vées des grands cab­i­nets de stratégie, dont vien­nent, d’ailleurs, cer­tains de nos asso­ciés, et une très forte con­nais­sance de l’industrie, des métiers de la san­té et des aspects sci­en­tifiques. Ce posi­tion­nement dual nous per­met d’avoir un posi­tion­nement d’experts capa­bles d’apporter une vision stratégique. Struc­ture à taille humaine, nous pou­vons égale­ment faire preuve d’une plus grande agilité et flex­i­bil­ité que les cab­i­nets de taille significative.
Nous accom­pa­gnons prin­ci­pale­ment qua­tre typolo­gies de clients. Les acteurs des sci­ences du vivant (50 % de notre activ­ité) qui sont essen­tielle­ment les indus­triels de la san­té, les lab­o­ra­toires, les fab­ri­cants de matériel médi­cal et de diag­nos­tic, les start-up de tech­nolo­gies médi­cales, les entre­pris­es qui fab­riquent des matières actives et pre­mières pour l’industrie phar­ma­ceu­tique ; les investis­seurs et les fonds de Pri­vate Equi­ty (25 %) sur le volet due dili­gences. Les hôpi­taux et étab­lisse­ments hos­pi­tal­iers publics ou privés (15 %) que nous accom­pa­gnons dans leur pro­jet d’amélioration de la per­for­mance, d’organisation des soins ou visant à une meilleure prise en charge du patient. Et enfin les autorités de san­té (10 %), qu’on appelle aus­si les payeurs ou les pol­i­cy mak­ers, que nous con­seil­lons sur des mod­éli­sa­tions médi­co-économiques visant notam­ment à éval­uer les poli­tiques publiques de san­té, la valeur ajoutée de cer­tains dis­posi­tifs ou traite­ments en ter­mes de san­té publique.

Autour de quels enjeux et problématiques êtes-vous sollicités ?

Le secteur de la san­té est mar­qué par une très forte inno­va­tion avec notam­ment l’évolution de la biolo­gie molécu­laire, ou encore de l’informatique avec les data, l’intelligence arti­fi­cielle, mais aus­si la minia­tur­i­sa­tion de cer­tains dis­posi­tifs… Dans ce cadre, nous accom­pa­gnons nos clients autour de plusieurs prob­lé­ma­tiques : com­ment réus­sir la mise sur le marché d’une inno­va­tion en cours de développe­ment ? com­ment inté­gr­er cette inno­va­tion dans les straté­gies thérapeutiques ?…
En par­al­lèle, nous sommes aus­si régulière­ment sol­lic­ités sur des pro­jets liés à l’évolution des sys­tèmes de san­té dans le monde dans un con­texte mar­qué par des con­traintes budgé­taires plus fortes et la néces­sité d’être plus per­for­mants tout en garan­tis­sant la qual­ité des soins. Le prin­ci­pal enjeu est, en effet, de mieux maîtris­er les coûts tout en amélio­rant la prise en charge. C’est une prob­lé­ma­tique com­plexe qui néces­site une réflex­ion poussée en matière d’organisation des soins et de dis­tri­b­u­tion des pro­duits de san­té, mais aus­si sur l’efficacité médi­co-économique des dif­férents pro­duits de san­té qui sont com­mer­cial­isés. Sur le volet investisse­ment, nous tra­vail­lons essen­tielle­ment sur l’identification des entre­pris­es les plus promet­teuses… Et en sci­ences de la vie, nous inter­venons sur des prob­lé­ma­tiques de développe­ment ou encore de croissance.

Pouvez-vous nous donner des exemples ?

Nous con­seil­lons, par exem­ple, des lab­o­ra­toires phar­ma­ceu­tiques dans la refonte de leur organ­i­sa­tion afin de s’adapter aux évo­lu­tions du secteur de la san­té (patients, hôpi­taux…), la struc­tura­tion et la com­mer­cial­i­sa­tion de leur porte­feuille de pro­duits. L’idée est de leur don­ner les moyens de faire face aux évo­lu­tions très rapi­des du marché de la santé.
Pour des fonds d’investissement, dans le cadre d’une poten­tielle acqui­si­tion, nous éval­u­ons la cible en ques­tion afin de véri­fi­er s’il s’agit d’un investisse­ment per­ti­nent, d’analyser sa solid­ité finan­cière et son busi­ness plan, mais aus­si ses per­spec­tives de crois­sance, sa capac­ité à se dif­férenci­er et sa valeur ajoutée sur le marché.
Nous pou­vons égale­ment men­er des analy­ses poussées sur des sujets d’intérêt pour les étab­lisse­ments de san­té : analyse du par­cours de soin d’un patient et temps de prise en charge, iden­ti­fi­ca­tion des dys­fonc­tion­nements éventuels, recom­man­da­tions pour opti­miser le par­cours et la prise en charge, réflex­ion sur la maîtrise des coûts…
Enfin, on note aus­si un intérêt très fort autour de la thé­ma­tique « val­ue-based health­care » . C’est une vision de la médecine qui con­siste à dire qu’elle ne se résume pas aux traite­ments, aux médica­ments ou aux exa­m­ens, mais qu’elle vise plutôt à amélior­er l’état de san­té glob­al du patient, ce qui inclut la prise en compte de dimen­sions moins sci­en­tifiques comme le con­fort du patient, son anx­iété, son envi­ron­nement humain… C’est une vision nou­velle qui place le patient et ses besoins au cœur des préoc­cu­pa­tions en com­para­i­son aux approches actuelles qui vont plutôt s’intéresser aux mal­adies et aux symp­tômes des patients.

Aujourd’hui, quels sont les sujets qui vous mobilisent dans ce secteur en pleine évolution, notamment sur le plan technologique ?

L’émergence des tech­nolo­gies numériques et de l’intelligence arti­fi­cielle appor­tent des change­ments majeurs en ter­mes de développe­ment de pro­duits, de traite­ments et de médica­ments, mais aus­si au niveau de la prise en charge et du par­cours de soin des patients.
En ter­mes de tech­nolo­gie médi­cale, nous avons de plus en plus de tests très per­for­mants qui per­me­t­tent de mieux anticiper et traiter les mal­adies avant qu’elles ne s’aggravent. C’est notam­ment le cas grâce au développe­ment de la génomique.
Dans le domaine du médica­ment et des traite­ments, les thérapies géniques ouvrent aus­si de nou­velles per­spec­tives pour les patholo­gies graves et rares, tout comme les approches nou­velles autour du sys­tème immu­ni­taire qui ne vont plus unique­ment chercher à traiter une mal­adie avec un traite­ment médica­menteux, mais plutôt entraîn­er le sys­tème immu­ni­taire pour qu’il détru­ise lui-même la mal­adie. C’est une piste actuelle­ment large­ment explorée notam­ment dans le domaine de l’oncologie.

Comment vous projetez-vous sur le marché ?

Nous inter­venons essen­tielle­ment sur des sujets et enjeux qui relèvent de la direc­tion générale. Dans ce cadre, nous avons dévelop­pé une exper­tise qui nous per­met d’avoir une approche mul­ti­fac­to­rielle (sci­en­tifique, organ­i­sa­tion­nelle, économique, règle­men­taire…) des prob­lé­ma­tiques qui nous sont exposées tout en appor­tant une vision stratégique.
En par­al­lèle, aujourd’hui, nous nous décrivons comme un cab­i­net de con­seil en stratégie européen, expert et de haut niveau. De par notre rap­proche­ment avec Vin­tu­ra, une fil­iale de Phar­maLex, un groupe spé­cial­iste des ser­vices à l’industrie phar­ma­ceu­tique et aux exper­tis­es com­plé­men­taires aux nôtres, notre ambi­tion est de pro­pos­er doré­na­vant à nos clients des offres com­plé­men­taires en matière de régle­men­ta­tion phar­ma­ceu­tique, d’accès aux marché, de négo­ci­a­tion des prix de rem­bourse­ment, d’économie de san­té, de dig­i­tal, de traite­ment des données…

Et quelles opportunités de carrière un cabinet comme Cepton / Vintura peut offrir aux jeunes diplômés intéressés par le monde de la santé ?

Nous recru­tons essen­tielle­ment des con­sul­tants juniors diplômés de grandes écoles d’ingénieur, de com­merce ou qui ont une thèse en biolo­gie ou dans une spé­cial­ité con­nexe. La voie du con­seil per­met, après une pre­mière expéri­ence de trois à cinq ans, de s’orienter ensuite vers des acteurs de l’industrie phar­ma­ceu­tique, des start-up ou encore des fonds d’investissement. Cela est ain­si le moyen de se faire une idée sur les dif­férentes oppor­tu­nités que cette indus­trie peut pro­pos­er, mais aus­si de se créer un réseau de pro­fes­sion­nels dans cet univers.

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