endodontie de demain

Concevoir les outils qui assureront l’endodontie de demain et amélioreront la qualité de soins

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°783 Mars 2023

Micro-Mega™, l’un des lead­ers européens dans la fab­ri­ca­tion de dis­posi­tifs endodon­tiques, dont le site indus­triel est implan­té à Besançon, et la fac­ulté d’odontologie de l’université de Lor­raine dessi­nent ensem­ble les con­tours de l’endodontie de demain, grâce au pro­gramme E‑Endo. Stéphane Claude, Directeur Général délégué de Micro-Mega, Kazu­toyo Yasukawa, Doyen de l’université d’odontologie de Lor­raine, Marin Vin­cent, vice-doyen inno­va­tion et développe­ment stratégique de la fac­ulté d’odontologie de Lor­raine (uni­ver­sité de Lor­raine), ain­si que Rachid Rahouadj, pro­fesseur émérite en mécanique de l’université de Lor­raine nous en dis­ent plus.

Quel est le contexte de cette collaboration ?

Stéphane Claude, Directeur Général délégué de Micro-Mega :

En col­lab­o­ra­tion avec l’Université de Lor­raine, nous imag­i­nons le futur de l’endodontie avec l’ambition de “con­necter l’endodontie d’aujourd’hui au patient de demain”. Cette branche de l’odontologie traite l’intérieur de la dent. Elle con­siste à prévenir, diag­nos­ti­quer et traiter les mal­adies de la pulpe den­taire et leurs com­pli­ca­tions, notam­ment les infec­tions dites péri-api­cales. L’endodontie est aus­si iden­ti­fiée comme une source de stress pour les prati­ciens car si l’acte est mal réal­isé, il risque d’entraîner une infec­tion sus­cep­ti­ble de met­tre en dan­ger la san­té générale du patient.

Nous sommes con­va­in­cus que l’endodontie — et la san­té buc­co-den­taire en général — sont des spé­cial­ités qui doivent pren­dre le virage du numérique pour le plus grand béné­fice des patients. Nous sommes deux acteurs incon­tourn­ables et com­plé­men­taires dans nos domaines respec­tifs et notre parte­nar­i­at con­siste à met­tre en com­mun nos exper­tis­es pour amélior­er la qual­ité des soins endodon­tiques prodigués.
E‑Endo, est le pre­mier pro­gramme créé dans ce domaine et posi­tionne le Made in France à la pointe de l’innovation en Europe. Son ambi­tion affichée est de dot­er l’endodontie d’un cadre péd­a­gogique, de recherch­es et d’applications ori­en­tées vers l’amélioration en con­tinu de la qual­ité des soins au patient et la sécuri­sa­tion du dis­posi­tif ou de l’acte endodon­tique. Les actions menées visent avant tout à faciliter l’innovation des pro­duits et des tech­nolo­gies de la fil­ière bucco-dentaire.

Qu’en est-il du côté de la faculté d’odontologie de Lorraine (université de Lorraine) ?

Kazutoyo Yasukawa, doyen de la faculté d’odontologie de Lorraine :

Notre fac­ulté d’odontologie est une des pre­mières uni­ver­sités leader dans l’innovation en odon­tolo­gie. Plusieurs pro­jets en cours illus­trent notre engage­ment et notre volon­té d’être à la pointe de l’innovation.
Dans le cadre du pro­gramme E‑Endo en parte­nar­i­at avec Micro-Mega, nous avons été à l’initiative de la créa­tion de la pre­mière halle tech­nique en ingénierie den­taire inau­gurée fin 2022. Elle a pour ambi­tion de devenir le pre­mier pôle d’innovation tech­nique et den­taire en Europe. Cet espace de 150 m², représen­tant le cab­i­net den­taire de demain, a été conçu pour accom­pa­g­n­er la for­ma­tion des futurs prati­ciens, favoris­er les col­lab­o­ra­tions publiques/privées et con­tribuer à l’émergence de start-up. Il se com­pose d’un cen­tre d’essais et de cer­ti­fi­ca­tion dédiés aux essais mécaniques sur dis­posi­tifs den­taires, ain­si que d’un espace collaboratif.

Par ailleurs, nos enseignants-chercheurs tra­vail­lent sur un pro­jet col­lab­o­ratif, avec Micro-Mega, de « lime intel­li­gente zéro casse ». Cette inno­va­tion va per­me­t­tre aux den­tistes omniprati­ciens et endodon­tistes de réalis­er des actes en toute sécu­rité et d’améliorer la qual­ité des soins délivrés aux patients. C’est une pre­mière européenne.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la “lime intelligente zéro casse” ?

Docteur Marin Vincent, vice-doyen innovation et développement stratégique de la faculté d’odontologie de Nancy :

La rup­ture instru­men­tale est une des prin­ci­pales craintes des chirurgiens-den­tistes lors de la réal­i­sa­tion de traite­ments endodon­tiques. C’est mal­heureuse­ment un aléa thérapeu­tique très fréquent. Les com­pli­ca­tions directes de cette rup­ture instru­men­tale sont d’ordre clin­ique. Le bris instru­men­tal entrave l’accès à la total­ité du réseau canalaire et com­plique la dés­in­fec­tion de ce dernier. Une élim­i­na­tion bac­téri­enne insuff­isante liée à ce bris implique donc un poten­tiel échec du traite­ment endodon­tique, pou­vant aller jusqu’à l’avulsion de la dent traitée.

Il s’agit d’un évène­ment récur­rent et red­outé dans la com­mu­nauté des prati­ciens, sur lequel de nom­breux pro­jets de recherch­es por­tent sur le plan inter­na­tion­al. Les caus­es de cet aléa étant mul­ti­fac­to­rielles, il y a une réelle néces­sité d’aborder cette prob­lé­ma­tique de façon multidisciplinaire.
De nom­breux matéri­aux sol­lic­ités dans le domaine plas­tique peu­vent émet­tre des ondes élas­tiques dont les car­ac­téris­tiques sont cor­rélées aux mécan­ismes de défor­ma­tion ou d’endommagement. Nos recherch­es se sont alors portées sur la détec­tion des dits signes d’émission acous­tique avant-coureurs de la rup­ture instrumentale.

Vous pourriez prévenir la rupture de la lime grâce à l’émission acoustique des instruments endodontiques ?

Rachid Rahouadj, professeur émérite en mécanique de l’université de Lorraine :

Oui. Nous étu­dions la détec­tion des ondes élas­tiques ultra­sonores qui éma­nent de mécan­ismes de défor­ma­tion plas­tique (dis­lo­ca­tions) et de trans­for­ma­tion de phase marten­si­tique des alliages à mémoire de forme (NiTi) con­sti­tu­ant les limes. La prop­a­ga­tion et l’interaction des défauts de la microstruc­ture s’accompagnent d’une émis­sion d’énergie acous­tique dans une plage de fréquence com­prise entre 100 kH et 2 MHz. Notons que l’émission acous­tique fait aujourd’hui par­tie de la panoplie des tech­niques de con­trôle non destruc­tif. Elle est bien con­nue et très util­isée dans d’autres domaines indus­triels (par exem­ple, le Pont de Nor­mandie est équipé de cap­teurs ultra-sonores fixés sur les câbles, ce qui per­met de procéder à un con­trôle per­ma­nent des symp­tômes d’endommagement).
Les car­ac­téris­tiques des sig­naux émis (fréquence, ampli­tude, types de sig­naux…) changent en fonc­tion de la pro­gres­sion des mécan­ismes de dégra­da­tion con­duisant à la ruine du matériau.

L’idée est d’appliquer ce savoir-faire au domaine des instru­ments endodon­tiques à l’aide d’un pico-cap­teur fixé à la tige de l’instrument. Les essais réal­isés jusqu’à rup­ture s’accompagnent d’une forte libéra­tion d’émission acous­tique dont les car­ac­téris­tiques fréquen­tielles se dis­tinguent de celles du début de l’essai. Notre objec­tif con­siste à pren­dre en compte les car­ac­téris­tiques per­ti­nentes du sig­nal et de les traiter de façon à décel­er l’apparition des pre­miers signes d’endommagement con­duisant à la rup­ture. Nous pen­sons élargir l’ensemble des infor­ma­tions analysées en temps réel, en prenant égale­ment en compte la mesure de la vitesse de rota­tion effec­tive de la lime, et le couple.

Un traite­ment exhaus­tif de l’ensemble des don­nées dans l’environnement immé­di­at de l’appareil nous per­me­t­tra de met­tre au point une méthode de sig­nal­i­sa­tion de l’imminence de la rup­ture, par décon­nex­ion élec­trique. Cette méthode promet­teuse con­tribue de façon sig­ni­fica­tive à la col­lecte des infor­ma­tions mul­ti­physiques (aux échelles méso et/ou macro­scopique) liées à la mise en forme canalaire, (usi­nage des canaux), dans le but de prévenir éventuelles dégra­da­tions ou rup­tures instru­men­tales. Ces travaux ont don­né lieu à un pre­mier dépôt de brevet et un sec­ond est actuelle­ment en cours.


Micro-Mega en bref :

Société implan­tée à Besançon et dont l’origine remonte à 1905, Micro-Mega s’est tou­jours tenue à l’avant-garde des tech­niques et pos­sède, à ce titre, un savoir-faire mon­di­ale­ment recon­nu dans les domaines de la con­cep­tion, de la fab­ri­ca­tion et de la com­mer­cial­i­sa­tion de dis­posi­tifs médi­caux des­tinés à la chirurgie dentaire.
Aujourd’hui, la poli­tique d’innovation et de qual­ité de Micro-Mega se traduit par des solu­tions de haute tech­nic­ité et d’avenir, élaborées au sein d’un cen­tre d’excellence “man­u­fac­tur­ing & engi­neer­ing” dédié aux moteurs et instru­ments à canaux.
Pour plus d’informations : https://micro-mega.com



Stéphane CLAUDEBio express :

Stéphane Claude, Directeur Général délégué de Micro-Mega

De nation­al­ité fran­co-suisse, Stéphane Claude est un ingénieur — Mas­ter Black Belt — issu des indus­tries auto­mo­bile et MedTech. Il rejoint Micro-Mega en 2014, alors sous la houlette du groupe Sanavis, pour gér­er les opéra­tions dont,
entre autres, la réor­gan­i­sa­tion et l’effi cience du site, les out­ils de Lean Man­u­fac­tur­ing, l’automatisation et pour ancr­er la cul­ture du change­ment. Stéphane Claude est Directeur Général délégué de COLTENE Micro-Mega depuis 2018.


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