Burke’s Soldier

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°592 Février 2004Par : Alan ATTWOODRédacteur : Pierre LASZLO

Ce roman his­torique narre la pre­mière expédi­tion transaus­trali­enne, dont les chefs furent Robert O’Hara Burke (1821–1861) et William John Wills (1834–1861). Ces explo­rateurs firent, d’août 1860 au print­emps 1861, la toute pre­mière tra­ver­sée inté­grale du con­ti­nent, de Mel­bourne au golfe de Car­pen­tarie. À leur retour, ils furent pour la plu­part vic­times du scor­but et du béribéri. Leur périple s’acheva en désastre.

On peut en trou­ver tous les détails dans l’excellent livre de Sarah Mur­ga­troyd, The Dig Tree (Blooms­bury, Lon­dres, 2002). Le livre d’Alan Attwood se présente comme l’autobiographie du seul sur­vivant, John King. King eut la vie sauve pour avoir cher­ché sec­ours auprès des Aborigènes, que Burke avait, quant à lui, tenus à dis­tance. Cela fut une rai­son déter­mi­nante de l’anéantissement de ce qui restait du groupe au retour, près de Cooper’s Creek fin avril 1861 : Burke s’était coupé de ces experts de la survie dans le désert.

Les Aborigènes fai­saient cuire les spores du nar­doo, une fougère dont ils se nour­ris­saient. Les explo­rateurs mangèrent eux aus­si du nar­doo, mais frais. Or, cette plante con­tient de fortes con­cen­tra­tions de thi­ami­nase, que la cuis­son détru­it. Son inges­tion évac­ue de l’organisme la vit­a­mine B1 (ou thi­amine), d’où le béribéri. Les symp­tômes de ce mal sont une asthénie, une faib­lesse mus­cu­laire délétère, puis la mort intervient.

La force du livre d’Attwood lui vient du style mat, mesuré, d’une parole à demi-mot et sur le ton de la litote – ce qui n’en rend l’histoire racon­tée que plus prenante encore, et trag­ique. Aus­si le lecteur atten­tif va-t-il de décou­verte en décou­verte : la bru­tal­ité de l’histoire aus­trali­enne, ce pays jeune, dont le peu­ple­ment européen ini­tial fut d’origine péni­ten­ti­aire, et qui ne s’est civil­isé qu’assez récem­ment ; l’apparente oblig­a­tion pour une nation de se créer des mythes fon­da­teurs (l’expédition de Burke et Wills en est un) ; la rival­ité, qui per­dure encore aujourd’hui, des deux grands cen­tres urbains, Mel­bourne et Syd­ney ; et l’idolâtrie, durant la péri­ode vic­to­ri­enne, dans laque­lle ses sujets des antipodes tenaient leur loin­taine reine Victoria.

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