Auguste COMTE, l’enfant terrible de l’École polytechnique

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°682 Février 2013Par : Bruno GENTIL (55)Rédacteur : Alexandre MOATTI (78)Editeur : Éditions Cyrano – 2012 - Les Boulbennes, 24240 Pomport.

C’est une somme impor­tante que Bruno Gen­til, jusqu’à récem­ment prési­dent de la Mai­son Auguste Comte, con­sacre au pre­mier philosophe poly­tech­ni­cien – au moins chronologique­ment parlant.

Couverture du livre de Bruno Gentil : Auguste Comte l'enfant terrible de l'Ecole polytechniqueSon édi­teur, Erik Egnell (57), avait fait remar­quer la pro­lix­ité de Comte, qui a tant écrit – c’était son unique arme, qui l’a bien servi. Qu’apporte le livre de Gen­til dans ce con­texte ? Il exam­ine de manière trans­verse, ce qui avait été peu fait aupar­a­vant, les rap­ports de Comte avec l’École polytechnique.

Elle a été pour lui l’alma mater, un référent per­ma­nent dans sa carrière.

Con­cep­teur d’une doc­trine philosophique (le pos­i­tivisme), d’une branche dis­ci­plinaire (la soci­olo­gie), inspi­ra­teur sous la IIIe République d’un courant poli­tique tou­jours vivace, Comte cherchera pour­tant sa vie durant la recon­nais­sance dans la sci­ence exacte, auprès de l’Académie des sci­ences ou de l’École polytechnique.

La rela­tion d’amour et de rage qu’il entre­tient avec cette dernière trou­ve son acmé lors de « l’affaire Comte » de 1842. Comte était répéti­teur d’analyse (1832–1844) et exam­i­na­teur d’admission (1837–1847) : mais il n’eut de cesse d’être nom­mé pro­fesseur d’analyse – ce que ses « cama­rades » lui refuseront, le con­sid­érant au mieux comme bon vulgarisateur.

La « pré­face per­son­nelle » du tome VI du Cours de philoso­phie pos­i­tive (1842) est un morceau d’anthologie de cette épopée : l’auteur s’en prend pêle-mêle à Pois­son (exam­i­na­teur per­ma­nent), au Con­seil de per­fec­tion­nement, à Ara­go et à sa « désas­treuse influ­ence », et appelle à son sec­ours, tels les enfants de la veuve, les jeunes « généra­tions polytechniques ».

C’est ce com­bat d’une vie que Gen­til nous retrace : il donne à son ouvrage un plan chronologique – un plan thé­ma­tique eût peut-être été préférable, mais dif­fi­cile à tenir compte tenu du foi­son­nement chez Comte de la prose poly­tech­nique (j’emploie l’épithète à la manière com­ti­enne). Grâce aux rich­es cita­tions de l’ouvrage, on est immergé dans la pen­sée et le raison­nement du maître.

Toute per­son­ne intéressée à l’essor de Poly­tech­nique au XIXe siè­cle, au développe­ment du pos­i­tivisme, aux rap­ports entre sci­ence exacte, philoso­phie et société, ain­si qu’à la dif­fu­sion de l’œuvre d’une vie pour­ra se plonger avec prof­it dans cet ouvrage.

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