Lucie MOULIN, armée pendant son stage Formation militaire et humaine de l'École polytechnique

Aspirant Lucie MOULIN, mon stage FHM au GIGN

Dossier : Vie du plateauMagazine N°733 Mars 2018
Par Lucie MOULIN (16)

L’en­vie, lors de la for­ma­tion mil­i­taire et humaine, d’avoir un stage mil­i­taire lui offrant un milieu rad­i­cale­ment dif­férent, a été par­ti­c­ulière­ment comblée avec le choix du GIGN. Selon ses pro­pos, Lucie s’est retrou­vée dans une « meute » plutôt que dans un groupe, mais sem­ble s’en être bien tirée. 

Dès la pre­mière semaine de l’« inkhor­po­ra­tion » à l’X, j’avais pris très à cœur le choix de mon stage mil­i­taire : je voulais chang­er rad­i­cale­ment de milieu, me con­fron­ter à des per­son­nes très différentes. 

Avant de me plonger pour plusieurs années dans le monde des ingénieurs, il me fal­lait une aven­ture par­ti­c­ulière, une sen­sa­tion unique, et surtout un appren­tis­sage qui ne serait pas académique pour une fois… 

Le GIGN m’apparut comme une évi­dence : depuis mon enfance, j’ai tou­jours été plus à l’aise au sein de milieux « mas­culins », en recherche per­pétuelle de défis et de sen­sa­tions fortes. 

Après deux mois passés à l’École des officiers de la Gen­darmerie nationale, j’intégrais enfin le GIGN en qual­ité de sta­giaire au sein de la cel­lule R & D, où mon tra­vail s’articulerait prin­ci­pale­ment autour de la veille tech­nologique et de la poli­tique d’équipement.

APPRENTISSAGE

Dès mon pre­mier jour, les yeux et les oreilles grands ouverts, je restais à l’écoute de tout ce qu’on pou­vait m’apprendre sur le com­porte­ment à tenir, selon les bons con­seils reçus lors de ma formation. 

Toute­fois, au sein d’une unité spé­ciale, je n’avais pas seule­ment affaire à un groupe, mais à une « meute » où ce n’est pas la hiérar­chie, mais bien le mérite et le courage qui font foi. Inutile de pré­cis­er que ce n’étaient ni ma car­rure, beau­coup moins imposante que celles des opéra­tionnels, ni mon gra­ton d’aspirant qui me per­me­t­traient de me faire une place. 

J’entends encore un adju­dant-chef me dire en me ten­dant un badge : « Tiens ! Tu es poly­tech­ni­ci­enne, tu devrais bien devin­er à quoi il sert. » Me faire accepter par ce milieu très fer­mé a sûre­ment con­sti­tué l’un de mes plus grands défis. 

ACQUÉRIR DES RESPONSABILITÉS

Après plusieurs semaines d’observation, je com­mençais à entrevoir le fonc­tion­nement implicite de l’unité. Mon tra­vail au sein de la cel­lule R & D du GIGN me per­me­t­tait de côtoy­er les dif­férentes cel­lules spé­cial­isées de l’unité.

Et peu à peu, je rece­vais des dossiers de la part de dif­férents opéra­tionnels, ce qui me per­me­t­tait de gag­n­er leur con­fi­ance et de leur mon­tr­er mon util­ité. Je fus alors autorisée à par­ticiper à des exer­ci­ces, tan­tôt otage, tan­tôt terroriste. 

Ces jeux de rôle peu­vent paraître distrayants – beau­coup de vols en héli­cop­tère, d’exfiltration, j’apprenais à tir­er – mais je les exerçais tou­jours avec beau­coup de sérieux : s’il y a bien une chose à garder en tête à chaque entraîne­ment, c’est qu’il s’agit de leur seule pré­pa­ra­tion avant le feu du terrain. 

Ce qu’ils font aujourd’hui, ils peu­vent être amenés à le faire demain, et cette fois pour sauver des vies. 

SE DÉCOUVRIR

Vous vous deman­dez peut-être com­ment gag­n­er sa place en tant que femme au sein d’une unité d’élite ? Je répondrais qu’il y a certes une « place à gag­n­er », mais être un homme ou une femme n’y change rien : il faut démon­tr­er ses qual­ités physiques, et surtout morales, mon­tr­er que l’on partage les mêmes valeurs indis­pens­ables à la pra­tique d’un méti­er à haut risque : l’esprit de groupe, l’abnégation, le goût de l’effort, la bravoure. 

J’ai eu à plusieurs repris­es l’occasion de mon­tr­er que je partageais ces valeurs, notam­ment lors d’un entraîne­ment adap­té aux non-opéra­tionnels de l’unité, au cours duquel saut de pont, tra­ver­sée de buse, mis­sion d’exfiltration, par­cours de tirs et d’obstacles per­me­t­taient de tester la volon­té de chacun. 

Toutes ces valeurs, juste entre­vues à La Cour­tine, n’ont pris un véri­ta­ble sens que lors de mon pas­sage au GIGN. Si je ne devais en retenir qu’une seule, ce serait l’esprit de groupe et de camaraderie. 

Cette valeur est essen­tielle dans les mis­sions. J’entends encore l’ex- com­man­dant du GIGN, le général Bon­neau, s’adressant à ses troupes, affirmer que « tout seul, on n’est rien. En opéra­tion, c’est le col­lec­tif qui fait notre force. » 

Bien que dans les dif­férentes mis­sions, les opéra­tionnels se retrou­vent sou­vent con­fron­tés à eux-mêmes, la réus­site se joue avant tout dans le groupe.

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