André HERZOG (33)

André Herzog (33), 1913–1998

Dossier : ExpressionsMagazine N°540 Décembre 1998Par : François OZANNE (54)

André HERZOG nous a quit­tés le 27 mars der­nier, dans sa quatre-vingt-cin­quième année. Pen­dant douze ans, de 1962 à 1974, j’ai été l’un de ses proches col­la­bo­ra­teurs. Depuis, nous nous sommes sou­vent ren­con­trés, en diverses occa­sions, par exemple aux réunions et aux congrès de l’AGHTM (Asso­cia­tion géné­rale des hygié­nistes et tech­ni­ciens muni­ci­paux), asso­cia­tion à laquelle, l’un et l’autre, nous étions très attachés.

Du direc­teur de la Voi­rie, puis du direc­teur géné­ral de l’A­mé­na­ge­ment urbain de la Ville de Paris, j’ai beau­coup appris. Il tra­vaillait vite, très vite, et tout l’in­té­res­sait. Mais au-delà de ses fonc­tions impor­tantes, l’homme m’a frap­pé et impres­sion­né par une extra­or­di­naire varié­té de talents qui ont pu s’ex­pri­mer dans une acti­vi­té débordante.

Sa car­rière dans le corps des Ponts et Chaus­sées a été remar­quable. Pen­dant plus de trente ans, il a occu­pé de hautes res­pon­sa­bi­li­tés à la Pré­fec­ture de la Seine, puis à la Ville de Paris. L’in­ven­taire de ses réa­li­sa­tions serait long et fas­ti­dieux. Je n’en cite que quelques-unes. C’est sous sa direc­tion que sont conçus et réa­li­sés les grands ouvrages de cir­cu­la­tion que sont le bou­le­vard péri­phé­rique, la voie Georges Pom­pi­dou, ou encore le réseau des Halles.

Ces grands tra­vaux, il les a ini­tiés, défen­dus devant le Conseil de Paris, et il a ani­mé leur réa­li­sa­tion. Pas­sion­né par toutes les tech­niques du génie urbain, il a beau­coup inno­vé dans le domaine, encore jeune à l’é­poque, de la ges­tion de la cir­cu­la­tion, et l’in­té­rêt effi­cace qu’il a por­té aux tech­niques de l’é­clai­rage public l’a conduit à la pré­si­dence de l’As­so­cia­tion fran­çaise de l’É­clai­rage. De même, il a fait approu­ver la construc­tion de deux des grands bar­rages-réser­voirs qui pro­tègent la région pari­sienne des inon­da­tions et régu­la­risent les débits d’étiage.

En 1976, il est nom­mé pré­sident de la sec­tion Amé­na­ge­ment et habi­tat du Conseil géné­ral des Ponts et Chaus­sées. Presque en même temps, il dirige le Conseil de ges­tion des Labo­ra­toires du minis­tère de l’Équipement.

Enfin, en 1983, il devient vice-pré­sident du Conseil géné­ral des Ponts et Chaus­sées, la plus haute marche de ce corps de l’État.

Mais André Her­zog n’a pas été qu’un haut fonc­tion­naire excep­tion­nel et un grand technicien.

Il a d’a­bord aimé trans­mettre sa vaste culture scien­ti­fique et sti­mu­ler sa dex­té­ri­té intel­lec­tuelle en étant maître de confé­rences de méca­nique à l’É­cole poly­tech­nique pen­dant vingt-deux ans, et pro­fes­seur à l’É­cole natio­nale des ponts et chaus­sées pen­dant dix-sept années. À la Mon­tagne-Sainte-Gene­viève comme rue des Saints-Pères, des géné­ra­tions de futurs ingé­nieurs ont connu cette longue sil­houette se dépla­çant tou­jours à grandes enjam­bées. Il appré­ciait beau­coup ce contact avec les plus jeunes, ces cours qui satis­fai­saient sa fibre péda­go­gique tout en consti­tuant pour lui une effi­cace for­ma­tion continue.

Dans le domaine de l’art, il a eu une immense pas­sion : la musique. Il était un excellent orga­niste, inter­prète et com­po­si­teur. Sou­vent, il jouait en l’é­glise de Sceaux, ou encore, pen­dant ses vacances d’é­té, dans celle de Gérard­mer où il trans­met­tait son savoir aux plus jeunes. En 1980, il a émer­veillé les congres­sistes de l’AGHTM, à Stras­bourg, en inter­pré­tant sur l’orgue de la cathé­drale une com­po­si­tion écrite spé­cia­le­ment pour l’occasion.

Église, mais aus­si mai­rie. André Her­zog a vou­lu, dès 1977, soit plu­sieurs années avant la retraite, par­ti­ci­per direc­te­ment à la vie locale de Sceaux. Élu au Conseil muni­ci­pal, il a été pre­mier adjoint char­gé des Finances pen­dant un pre­mier man­dat, puis pre­mier adjoint char­gé de l’Ur­ba­nisme et de l’A­mé­na­ge­ment pen­dant le man­dat sui­vant. Enfin, délé­gué au Loge­ment jus­qu’en 1995.

Il a su conci­lier toutes ces acti­vi­tés au cours d’une vie bien rem­plie et très équi­li­brée. Équi­libre qu’il trou­vait sans doute dans une vie fami­liale har­mo­nieuse, avec sa chère épouse et ses sept enfants, dans sa foi catho­lique très pro­fonde, et aus­si peut-être, dans ce havre de paix qu’é­tait pour lui Gérard­mer, au pied des Vosges.

Nous gar­de­rons le sou­ve­nir d’un homme très atta­chant, doué d’im­menses talents, brillant et simple à la fois.

Poster un commentaire