Paul Quarré (33) 1913–2002

Dossier : ExpressionsMagazine N°580 Décembre 2002Par : Pierre SELIGMANN (33)

À l’é­cole, je ne fus pas affec­té à la même com­pa­gnie que Paul Quar­ré et c’est dans un bis­tro, Gare de l’Est, que je le ren­con­trais, un jour de sor­tie, aux réunions du GPEC (alias Groupe poly­tech­ni­cien d’é­tudes col­lec­ti­vistes) où un antique des Tabacs nous offrait libé­ra­le­ment des ciga­rettes pen­dant que nous nous frot­tions aux élé­ments d’é­co­no­mie poli­tique appro­priés à cette époque et aux objec­tifs cultu­rels du Groupe.

Ce nous m’au­to­rise à rap­pe­ler quels étaient, avec nous deux, les X de la pro­mo 33 qui étaient assi­dus à ces réunions infor­melles et men­suelles, puisque je crois que, depuis ce février 2002 où Paul Quar­ré nous a quit­tés, je suis main­te­nant le der­nier à pou­voir ici rap­pe­ler que tous se signa­lèrent dans la Résis­tance et hono­rer le sou­ve­nir que je garde aus­si de Max Barel, Jean Creu­sot, Jacques Flo­ren­tin, Mau­rice Rous­se­lier et Roland Schmit.

En octobre 1935, la pro­mo se dis­per­sa et l’ar­tilleur colo­nial Paul Quar­ré enta­ma une car­rière qui le pro­pul­sa de Fon­tai­ne­bleau à Dakar en 1938 puis dans l’ar­mée de l’ar­mis­tice à Mar­seille jus­qu’en février 1943, date à laquelle il par­vint à se déga­ger de liens qui l’op­pres­saient, quit­ter l’ar­mée de l’ar­mis­tice et mon­ter à Paris ingé­nieur d’é­tudes de la pré­con­trainte dans une impor­tante Socié­té de tra­vaux publics et du bâti­ment très satis­faite des qua­li­tés pro­fes­sion­nelles d’un » bigor « .

C’é­tait aus­si pour Paul une bonne cou­ver­ture car c’est depuis cette époque qu’il par­vint à se rap­pro­cher de la Résistance.
Sous le pseu­do­nyme d’Eu­gène, il est incor­po­ré aux Forces fran­çaises de l’in­té­rieur à comp­ter du 1er jan­vier 1944, direc­te­ment sous les ordres de Rol-Tan­guy, le » Rol » de la Libé­ra­tion de Paris, celui qui reçut la red­di­tion du géné­ral von Chol­titz après avoir ordon­né le 19 août 1944 l’in­sur­rec­tion pari­sienne vic­to­rieuse le 25 août.

Aupa­ra­vant, Paul Quar­ré avait été affec­té à l’é­tat-major des FFI de la Seine-et-Oise et, dans la cita­tion qui a été plus tard décer­née au chef d’es­ca­drons Paul Quar­ré, on apprend que, tra­ver­sant en plu­sieurs occa­sions les lignes enne­mies dans la région de Ver­sailles, il recueillait des ren­sei­gne­ments pré­cieux pour le suc­cès des com­bats aux­quels il par­ti­ci­pa ensuite dans la région ver­saillaise pen­dant les dures jour­nées du 24 au 26 août 1944.

L’é­tat-major des FFI fut dis­sous le 30 octobre 1944, et Paul Quar­ré était alors réac­ti­vé et affec­té dans un groupe d’ar­tille­rie divi­sion­naire. Il dépo­sa fina­le­ment les armes le 14 octobre 1946 et reprit le goût de l’é­tude et des chan­tiers de tra­vaux publics dans la recons­truc­tion du pays puis, construc­teur de routes au Tchad en juillet 1949, avant de s’é­ta­blir pour cinq ans à Alger en octobre 1952 et par­ti­ci­per à la recons­truc­tion d’Or­léans­ville, puis nom­mé pro­fes­seur à l’É­cole natio­nale du bâti­ment et des tra­vaux publics de Maison-Carrée.

C’est pen­dant cette heu­reuse époque que Paul renoua des ami­tiés fidèles déjà anciennes et célé­bra en 1956 son mariage avec Yvette Barel (veuve de notre cama­rade Max com­bat­tant tom­bé dans la Résis­tance à Lyon) pour fon­der avec elle un nou­veau et heu­reux foyer.

Fort d’une expé­rience et d’une répu­ta­tion recon­nue, c’est reve­nu à Paris au Centre scien­ti­fique et tech­nique du bâti­ment puis fina­le­ment à Lyon à l’Ins­ti­tut natio­nal des sciences appli­quées, que Paul Quar­ré a pour­sui­vi sa car­rière de construc­teur com­men­cée en Afrique.
Paul Quar­ré avait pris sa retraite à Nice en octobre 1976, s’in­té­res­sant alors à la vie associative.

Atten­tif au sou­tien des valeurs qui gui­dèrent toute sa vie, il a fait preuve de la plus grande modes­tie, insis­tant pour ne pas en parler.

Ses amis, ses cama­rades ne l’ou­blie­ront pas ! 

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