Gérard Blachère (33) Scientifique du bâtiment

Dossier : ExpressionsMagazine N°666 Juin/Juillet 2011Par : Pierre CHEMILLIER (53)

Gérard Blachère nous a quit­tés à l’âge de 97 ans. Il était né en 1914. Ingénieur au corps des Ponts et Chaussées, il effectue son ser­vice mil­i­taire dans le génie à Besançon. Il y devient amoureux de la mon­tagne et demande à y être affec­té pour son pre­mier poste d’ingénieur. Il y restera pen­dant la guerre et par­ticipera à de nom­breux travaux, dont la con­struc­tion du téléphérique de Serre-Chevalier. 

Il par­ticipe aux com­bats de la Libéra­tion et est décoré de la croix de guerre. Après des activ­ités en Tunisie et en Algérie, il revint en France et fut nom­mé directeur de la con­struc­tion au min­istère de la Recon­struc­tion et de l’Ur­ban­isme. Peu intéressé par les aspects admin­is­trat­ifs de la fonc­tion, il préféra pren­dre la direc­tion du Cen­tre sci­en­tifique et tech­nique du bâti­ment (CSTB) qu’il dirigea de 1957 à 1974. 

Approche scientifique

Il fut frap­pé par l’empirisme des méth­odes pra­tiquées dans la con­struc­tion de bâti­ments, sit­u­a­tion peu favor­able à l’innovation. 

Il dévelop­pa l’idée que ” bâtir c’est résoudre un problème” 

Or, l’énorme effort de con­struc­tion à réalis­er ne s’ac­com­modait pas des méth­odes tra­di­tion­nelles, il fal­lait inven­ter de nou­velles méth­odes : ce fut l’in­dus­tri­al­i­sa­tion à laque­lle Gérard Blachère appor­ta de pré­cieuses réflex­ions. Pour sor­tir de l’empirisme il dévelop­pa l’idée que “bâtir c’est résoudre un prob­lème”, comme il l’af­firme d’emblée dans son célèbre ouvrage Savoir bâtir, paru en 1966. 

Selon lui il faut exprimer les exi­gences à sat­is­faire dans un pro­gramme bien fait et démon­tr­er que les espaces et les ouvrages per­me­t­tent, par leurs per­for­mances, de sat­is­faire ces exi­gences. Il fit du CSTB un cen­tre de recherche mon­di­ale­ment con­nu, doté d’in­stal­la­tions d’es­sais très modernes. 

Règles unifiées

Un péd­a­gogue infatigable
Gérard Blachère ne ces­sa de dif­fuser les con­nais­sances en matière de sci­ences du bâti­ment par les pub­li­ca­tions du CSTB, notam­ment les Cahiers du CSTB bien con­nus, mais aus­si en s’im­pli­quant dans plusieurs ouvrages, de nom­breux arti­cles, des con­férences et l’en­seigne­ment. Il créa et ani­ma l’In­sti­tut de la con­struc­tion industrialisée. 

Gérard Blachère fut choqué par la diver­sité des règles émanant des divers­es pro­fes­sions et mili­ta pour qu’on les aban­donne au prof­it de règles unifiées. 

Il fut à l’o­rig­ine des ” Doc­u­ments tech­niques unifiés “, qui sont incon­tourn­ables en France pour indi­quer com­ment bien con­stru­ire. Il con­tribua au développe­ment de “l’a­gré­ment tech­nique”, une éval­u­a­tion d’ex­perts de l’ap­ti­tude à l’emploi d’un pro­duit ou d’un procédé nouveau. 

Ouverture internationale

Très tôt con­scient de la dimen­sion inter­na­tionale des prob­lèmes de con­struc­tion, il fit adopter par plusieurs pays la démarche de l’a­gré­ment tech­nique et fut à l’o­rig­ine de la créa­tion de l’UEATC (Union européenne pour l’a­gré­ment technique). 

Il propagea sa doc­trine de l’ap­proche par exi­gences et per­for­mances dans de nom­breux pays et en fit un thème de réflex­ion au sein du Con­seil inter­na­tion­al du bâti­ment qu’il prési­da de 1967 à 1971. Il noua de fructueuses coopéra­tions avec plusieurs pays : Chine, Japon, États- Unis, Amérique du Sud, Pologne. 

Par Pierre Chemillier (53)

Commentaire

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KNOCKE, Jensrépondre
1 septembre 2021 à 21 h 51 min

En tant que chargé d’un pro­jet inter­na­tion­al à l’In­sti­tut nation­al sué­dois de recherche sur la con­struc­tion et l’urbanisme j’ai eu l’immense plaisir de col­la­bor­er avec cet émi­nent homme au sein du groupe de tra­vail CIB W87 « Respon­s­abil­ité et assur­ance post-con­struc­tion » où il bril­lait. Je suis cer­tain que tous les mem­bres du groupe de tra­vail por­tent, eux aus­si, un sou­venir inef­fa­ble de l’immense savoir, du charme et de la générosité intel­lectuelle de Gérard Blachère.

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