André Adamsbaum

André Adamsbaum (X52) artiste et collectionneur de renom

Dossier : TrajectoiresMagazine N°787 Septembre 2023
Par Martine LAPIERRE (X74)

Décédé le 7 mai 2023, André Adams­baum a mené une car­rière dans l’aéronautique. Sa pas­sion pour l’art l’a con­duit à devenir un col­lec­tion­neur éclec­tique et un pho­tographe renommé.

André est né en 1932 à Lens. Ses par­ents, juifs de Litu­anie et de Pologne (Varso­vie), ont émi­gré en France dans les années 20 et André Adams­baum était français par déc­la­ra­tion. Fuyant Lens en 1940 à la suite de l’invasion alle­mande en 1939, André Adams­baum a habité ensuite en zone libre à Vil­leneuve-sur-Lot avec sa mère et sa sœur, Gisèle. À l’été 1945, il a rejoint Lille et est entré au col­lège Franklin. André Adams­baum est diplômé de l’École poly­tech­nique, puis de l’École nationale supérieure des télécommunications. 

De l’industrie au conseil

André Adams­baum a d’abord été offici­er mécani­cien de l’Air. En quit­tant l’armée, André est entré chez Élec­ma, fil­iale de la Snec­ma, dont il est devenu directeur. Il développe une activ­ité haute­ment tech­nologique d’intérêt nation­al en faisant d’Élecma une entre­prise d’électronique de pointe pour les moteurs d’avions civils et mil­i­taires. André s’est lancé ensuite dans une activ­ité indépen­dante de con­seil et d’expertise (expert judi­ci­aire près la cour d’appel de Paris, agréé par la Cour de cas­sa­tion) au sein de la société Sor­bil qu’il a créée en 1973.

C’est en 1956 qu’il s’est mar­ié avec Édith Nahum, épouse, muse et com­plice à la fois. Leur union dur­era exacte­ment 67 ans puisqu’il a pais­i­ble­ment quit­té Édith le jour de leur anniver­saire de mariage, pen­dant leur sieste, main dans la main. Ils ont eu 2 filles, Cather­ine et Françoise, 6 petits-enfants et 2 arrière-petites-filles.

André Adamsbaum
André Adams­baum

Une inlassable curiosité artistique

Pas­sion­né par la lit­téra­ture, les arts, la musique, la géopoli­tique, les sci­ences et la tech­nolo­gie de pointe, homme d’esprit, fin obser­va­teur et doté d’une cul­ture hors pair, André avait une curiosité naturelle qui l’a porté à décou­vrir les arts pre­miers des civil­i­sa­tions non occi­den­tales. Avec Édith, depuis 1984, ils vont con­stituer pas à pas une col­lec­tion de renom d’art brut, d’art africain et d’art con­tem­po­rain. André était un homme ami­cal et généreux, très appré­cié de ses amis, dont la com­mu­nauté des artistes poly­tech­ni­ciens ArplastiX.

"Pandémie" - Affiche sur portail rouillé - Paris, rue d'Assas - 1995
“Pandémie” — Affiche sur por­tail rouil­lé — Paris, rue d’As­sas — 1995

En effet, intéressé depuis son plus jeune âge par la pho­togra­phie et inspiré par le génie de Léonard de Vin­ci qui était pour lui un mod­èle d’intelligence et de com­préhen­sion du monde, André Adams­baum a dévelop­pé avec ent­hou­si­asme une pra­tique ama­teur depuis 1984. Pro­posant un regard per­cu­tant sur des murs por­teurs d’affiches déchirées au gré du hasard ou par lui-même, il expli­quait sur son site : « C’est d’abord l’image du désor­dre. Je recherche un ordre, une har­monie au sein de ce désor­dre. » (http://a.adamsbaum.photos.free.fr/aaphotos/explications.html)

« La vie est dure mais pas tous les jours »

De fait, André a été un artiste poète, très métic­uleux dans le choix de ses couleurs et de ses com­po­si­tions. Son œuvre a été exposée notam­ment dans des hôpi­taux et tout récem­ment, pour sa plus grande fierté, à la mairie du 6e à Paris comme invité d’honneur des artistes d’Arplastix.

FGL - Affiches déchirées sur panneau - Paris 75014 - 2016
FGL — Affich­es déchirées sur pan­neau — Paris 75014 — 2016

André Adams­baum était ama­teur de cita­tions qu’il aimait partager, telle cette phrase de Léonard de Vin­ci : « Si tu regardes des murs bar­bouil­lés de tach­es ou faits de pier­res d’espèces dif­férentes et qu’il te faille imag­in­er quelque scène, tu y ver­ras des paysages var­iés, des mon­tagnes, fleuves, rochers, arbres, plaines, grandes val­lées et divers groupes de collines… Il en est, de ces murs et mélanges de pier­res dif­férentes, comme du son des cloches, dont chaque coup t’évoque le nom ou le voca­ble que tu imag­ines. » (Les car­nets de Léonard de Vin­ci 2, Gal­li­mard, Paris, 1942–1999, p. 247).

"You too" - Posters déchirés sur mur - Boulogne-Billancourt - 2019
“You too” — Posters déchirés sur mur — Boulogne-Bil­lan­court — 2019

À ses heures, il pou­vait même gliss­er mali­cieuse­ment dans ses listes quelques cita­tions dont il était lui-même l’auteur : « La vie est dure mais pas tous les jours. » André Adams­baum était un grand Mon­sieur, un Men­sch

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