Lancement Arianne 5

Airbus Safran Launchers rend l’espace accessible

Dossier : Dossier FFEMagazine N°720 Décembre 2016
Par David QUANCARD (80)

Quelle est la genèse d’Airbus Safran Launchers ?

La déci­sion d’unir les capac­ités du groupe Air­bus et de Safran, en matière de lanceurs spa­ti­aux, a été prise au milieu de l’année 2014 au moment de la pré­pa­ra­tion de la con­férence min­istérielle de l’agence spa­tiale européenne et du lance­ment du pro­jet Ari­ane 6. 

Elle avait pour but de créer une entre­prise d’envergure mon­di­ale capa­ble de rester com­péti­tive dans un marché spa­tial en pleine évo­lu­tion. La joint-ven­ture, débutée en jan­vi­er 2015 avec les pro­grammes Ari­ane 5 et Ari­ane 6, a été final­isée le 30 juin 2016. 

Elle est détenue à 50 % par Air­bus DS et 50 % par Safran. 


© Air­bus safran launch­ers Holf­ing 2016.

Qu’apporte cette finalisation dans le temps ?

En rassem­blant tous les act­ifs des deux groupes, il devient pos­si­ble de dévelop­per le lanceur européen de nou­velle généra­tion (Ari­ane 6) d’ici 2020, en opti­misant les coûts de pro­duc­tion de 40 à 50 % par rap­port à Ari­ane 5. 

Pourquoi faire rapidement Ariane 6 ?

La com­péti­tion est de plus en plus féroce, notam­ment face à SpaceX. 

Air­bus Safran Launch­ers est la meilleure réponse de l’Europe face à la nou­velle donne spa­tiale et des prix extrême­ment com­péti­tifs des nou­veaux concurrents. 

Quelles seront les différentes activités, filiales et compétences que ce groupe va proposer ?

L’essentiel de notre activ­ité s’articule autour des lanceurs qu’ils soient civils ou mil­i­taires. Il s’agit de l’exploitation d’Ariane 5 (le lanceur de référence dans l’Europe et le monde avec 74 tirs réus­sis à la suite) et bien sûr d’Ariane 6, ain­si que de la force océanique française de dis­sua­sion (con­cep­tion et pro­duc­tion en série des propulseurs, développe­ment du mis­sile M51 et de ses évo­lu­tions et pro­duc­tion M51 et services). 

Avez-vous d’autres activités ?

Le groupe Air­bus Safran Launch­ers et ses fil­iales four­nissent des équipements aux 20 prin­ci­paux fab­ri­cants de satel­lites dans le monde. 

Nous avons sinon d’autres activ­ités liées à notre exper­tise spa­tiale allant de la fab­ri­ca­tion de com­posants chim­iques aux infra­struc­tures les plus complexes. 

Vos partenaires du groupe pourront-ils toujours intervenir dans leurs métiers respectifs ?

En qual­ité de maître d’oeuvre, nous ne faisons jamais de spé­ci­fi­ca­tions détail­lées vis-à-vis de nos partenaires. 

Au con­traire, nous sommes dans le co-inge­neer­ing. Cha­cun peut faire des propo­si­tions pour apporter, dans son pro­pre domaine de com­pé­tences, le meilleur pro­duit au meilleur coût. 

Cette notion « d’entreprise éten­due » est aujourd’hui dévelop­pée dans le domaine de l’aéronautique et désor­mais appliquée au domaine spa­tial. Elle per­met aux entre­pris­es parte­naires de jouer pleine­ment leur rôle dès l’origine des projets. 

Quelles seront les différentes étapes pour arriver à un nouveau lanceur en 2020 ?

Notre logique de développe­ment n’est plus celle des lanceurs précé­dents. Nous ne nous con­cen­trons plus sur le pre­mier lance­ment ! Nous con­cevons notre lanceur dans la per­spec­tive de sa pro­duc­tion en série. 

Ariane en vol
© Air­bus safran launch­ers Holf­ing 2016.

LES PIEDS SUR TERRE ET LA TÊTE DANS LES ÉTOILES !

“ Nous avons besoin d’ingénieurs dans notre filière », explique David Quancard. « Le spatial est un monde de passionnés, mais pas de professeurs nimbus ! Les hommes et les femmes qui travaillent avec nous ont la tête dans les étoiles et les pieds sur terre ! Ils doivent rester professionnels pour réaliser des projets qui tiennent compte des contraintes économiques, industrielles et commerciales. ”

LES ÉTAPES CLÉS D’ARIANE 6

Dans le calendrier d’Ariane 6, les grandes étapes ont été les suivantes : la signature avec l’agence spatiale européenne du contrat de développement le 12 août 2015, la finalisation du design et la mise en place de l’organisation industrielle en décembre 2015, puis la confirmation de la maturité technique du lanceur en juin 2016, et enfin l’accord pour la continuation du programme, à l’unanimité des membres de l’agence spatiale européenne, le 13 septembre 2016.

Quelles sont les prochaines dates dans l’élaboration du lanceur ?

2017 sera le début de l’approvisionnement long terme pour la fab­ri­ca­tion et 2018 sera le début de la pro­duc­tion des élé­ments d’Ariane 6. 

Pour rem­plac­er Ari­ane 5, nous prévoyons un pre­mier vol en 2020 pour attein­dre onze lance­ments par an dès 2023. 

Quelle sera leur valeur ajoutée par rapport aux modèles actuels ?

À fia­bil­ité égale, Ari­ane 6 est flex­i­ble, mod­u­laire et plus com­péti­tive qu’Ariane 5. Elle exis­tera en deux ver­sions, dont la pre­mière avec deux boost­ers et la sec­onde avec qua­tre boosters. 

Son nou­veau moteur « réal­lum­able » nous per­me­t­tra de répon­dre à toutes les mis­sions, voire de lancer plusieurs satel­lites à la fois, quelle que soit l’orbite.

En quoi votre méthode de fabrication change-t-elle ?

Nous util­isons les nou­velles méth­odes de pro­duc­tion, notam­ment l’impression 3D qui per­met de fab­ri­quer rapi­de­ment des pièces de formes complexes. 

Cette démarche est nou­velle pour nous et va nous per­me­t­tre de réduire là encore les coûts. 

Quelle sera la part de la digitalisation dans vos process ?

Notre groupe mise beau­coup sur la dig­i­tal­i­sa­tion notam­ment avec l’utilisation de maque­ttes numériques partagées avec nos parte­naires dès la con­cep­tion de nos produits. 

Nous met­tons en place des out­ils con­nec­tés ain­si que la réal­ité aug­men­tée qui per­met de simuler et d’accélérer toutes les opéra­tions de production. 

CHIFFRES CLÉS

2, 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires estimé
8 000 salariés
11 filiales et participations
13 sites principaux en France et en Allemagne

ÇA S’EST DIT DANS LA PRESSE

« Ariane 6 n’est pas le lanceur du prochain siècle, mais c’est le bon pour nos lacements en 2020. Il restera encore à innover, à étudier et surtout à mener des recherches sur de nouveaux moteurs, » explique Jan Woerner, directeur général de l’agence spatiale européenne dans Les Echos, en avril 2016.

Quelles sont les pièces que vous fabriquerez en 3D ?

Nos ingénieurs conçoivent des pièces ne dépas­sant pas 40 cen­timètres sur 40, ce qui cor­re­spond à la taille actuelle des machines. Celles-ci seront instal­lées sur les moteurs d’Ariane 6 et réal­isées en une seule fois. 

Ce seront des échangeurs, des canal­i­sa­tions, des plaques d’injection…

Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années ?

Notre objec­tif prin­ci­pal sera de réduire le plus pos­si­ble les coûts pour une meilleure productivité. 

Par principe, l’aventure spa­tiale n’est jamais ter­minée. Nous tra­vail­lons déjà sur les moteurs des prochaines généra­tions de lanceur.

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