Aider le management dans un LBO

Dossier : ExpressionsMagazine N°641 Janvier 2009
Par Hervé COUFFIN (71)

Alors que le marché des LBO s’est beau­coup pro­fes­sion­nal­isé, le man­age­ment des sociétés con­cernées se trou­ve mal armé pour dis­cuter des ter­mes du con­trat qui les liera aux investis­seurs et aux ban­quiers. Il manque égale­ment de disponi­bil­ité. Il doit en effet men­er de front plusieurs tâch­es pri­or­i­taires : con­tin­uer à gér­er l’en­tre­prise au quo­ti­di­en ; jouer un rôle act­if dans le proces­sus de ces­sion dans l’in­térêt de son ou de ses action­naires ; préserv­er les intérêts de l’en­tre­prise et de ses salariés ; se souci­er de ses pro­pres intérêts financiers et statutaires.

Face aux inter­ro­ga­tions et sou­vent aux inquié­tudes du man­age­ment con­fron­té à la per­spec­tive d’un LBO, le con­seil financier apporte expéri­ence et pro­fes­sion­nal­isme afin de l’aider à bien cern­er les véri­ta­bles enjeux et à engager la trans­ac­tion sur les meilleures bases. 

Le ” Management Package “, complexe et technique

Dans une opéra­tion de LBO, le rôle du man­age­ment est essen­tiel. Les fonds d’in­vestisse­ment et les ban­ques de finance­ment le savent et vont exiger en con­séquence qu’il investisse dans l’opéra­tion en met­tant en risque une somme d’ar­gent sig­ni­fica­tive pour lui.

L’efficacité des pack­ages varie dans un rap­port de 1 à 4

C’est le con­cept ” d’aligne­ment des intérêts “. Les con­di­tions d’in­vestisse­ment du man­age­ment, ou Man­age­ment Pack­age dans le jar­gon du méti­er, doivent per­me­t­tre à celui-ci de faire des gains sub­stantiels si la per­for­mance du LBO est bonne. Elles sont pro­pres à chaque trans­ac­tion et font l’ob­jet de négo­ci­a­tions complexes.

Les propo­si­tions de pack­age faites par les fonds d’in­vestisse­ment sont très dif­fi­cile­ment com­pa­ra­bles entre elles, compte tenu de la grande diver­sité des sché­mas retenus

On doit ajouter à cette com­plex­ité tech­nique une absence totale de trans­parence sur ces sujets néces­saire­ment con­fi­den­tiels et un dis­cours de la part des fonds en direc­tion des dirigeants qui est volon­taire­ment très com­mer­cial, et qui entre­tient la confusion.

Des promess­es comme ” vous aurez 15 % de l’equi­ty ” ou bien ” vous aurez 30 % de la plus-val­ue mar­ginale ” peu­vent abuser le man­age­ment : on peut avoir 15 % de l’equi­ty et se retrou­ver avec un pour­cent­age dérisoire de la plus-val­ue ; de la même façon, on peut béné­fici­er de 30 % d’une plus-val­ue mar­ginale et avoir in fine moins de 1 % de la plus-val­ue totale. En com­para­nt une cinquan­taine de cas, on a pu mon­tr­er que l’ef­fi­cac­ité des pack­ages varie dans un rap­port de 1 à 4.

Deux con­cepts de base
Les sché­mas d’in­vestisse­ment du man­age­ment font appel à l’un des deux con­cepts de base suiv­ants, voire le plus sou­vent à une com­bi­nai­son de ces deux concepts :
pari pas­su : le fonds d’in­vestisse­ment et le man­age­ment investis­sent dans les mêmes instru­ments financiers au pro­ra­ta de leur investisse­ment. Dans ce cas, la rétro­ces­sion sup­plé­men­taire de la plus-val­ue que le fonds con­sent en faveur du man­age­ment sera effec­tuée par le truche­ment de bons de souscrip­tion d’ac­tions, ou de con­trats d’options ;
sweet equi­ty : investisse­ment du man­age­ment con­cen­tré sur les actions ordi­naires dans une pro­por­tion supérieure au fonds (qui, lui, investit aus­si en prêts d’actionnaire).
Ce sché­ma per­met au man­age­ment d’avoir accès à une part de la plus-val­ue supérieure à ce que lui aurait procuré un investisse­ment pari pas­su.
Il existe de nom­breux critères de seuil de déclenche­ment de la rétro­ces­sion de plus-val­ue : TRI ou mul­ti­ple d’in­vestisse­ment ; TRI pro­jet ou TRI spon­sor ; TRI brut ou net, etc.

La double mission du conseil financier

Les claus­es de départ
Les claus­es de départ indi­vidu­el visent à cou­vrir ce que devient l’in­vestisse­ment d’un man­ag­er en cas de départ au milieu du LBO, que ce soit pour une démis­sion, un licen­ciement, un décès, etc.
On va être amené à négoci­er des claus­es dites de good leaver, medi­um leaver, bad leaver.
Les claus­es antidi­lu­tion visent à définir par avance, ou au moins encadr­er ce que sera le traite­ment de l’in­vestisse­ment du man­age­ment en cas d’aug­men­ta­tion de cap­i­tal, que le man­age­ment par­ticipe ou non à cette remise de fonds. Ces claus­es sont d’au­tant plus impor­tantes que la créa­tion de valeur dans les LBO au cours des prochaines années passera sou­vent par des acqui­si­tions, il faut donc être atten­tif à ce que le man­age­ment ne soit pas dilué de manière excessive.

Il s’ag­it d’aider le man­age­ment dans la pré­pa­ra­tion du LBO puis dans sa négo­ci­a­tion. Dans le cadre d’un LBO pri­maire, le con­seil sen­si­bilise l’ensem­ble du man­age­ment à l’u­nivers du LBO, au fonc­tion­nement du sché­ma financier, aux risques et aux oppor­tu­nités que représente la trans­ac­tion qui s’annonce.

Le con­seil va égale­ment éclair­er le man­age­ment sur l’in­ter­ac­tion entre son busi­ness plan et les con­traintes finan­cières du LBO. Pour cela, il va mod­élis­er le LBO selon dif­férents sce­narii de busi­ness plan (hypothès­es de crois­sance organique, évo­lu­tion des marges, impact des acqui­si­tions et des cessions…).

Le con­seil va aus­si, selon les cas, réfléchir avec le man­age­ment au pro­fil des fonds les mieux appro­priés à la stratégie et à la cul­ture de l’en­tre­prise. Il va ouvrir la réflex­ion sur le périmètre des man­agers qui par­ticiper­ont à l’opéra­tion (présence de deux ou trois Cer­cles de man­agers) et au degré de risque accept­able pour chaque niveau de man­agers. Enfin, il va assis­ter le man­age­ment à négoci­er le LBO.

Deux aspects, l’un financier et quantitatif, l’autre plus qualitatif

Au plan financier, il faut faire une remise à plat des divers­es offres pour per­me­t­tre de com­par­er des mon­tages très dif­férents, grâce à des mod­éli­sa­tions appropriées.

Il faut être atten­tif à ce que le man­age­ment ne soit pas dilué de manière excessive

Par­al­lèle­ment, il con­vient de resituer ces propo­si­tions par rap­port aux pra­tiques du marché, là encore sur des bases com­pa­ra­bles. À ce stade, les dirigeants vont par­fois être sur­pris de con­stater que cer­tains fonds, qui avaient un dis­cours très généreux envers le man­age­ment, le sont en réal­ité beau­coup moins.

Vient ensuite la négo­ci­a­tion avec les fonds, et alors que ceux-ci vont ten­ter de met­tre en avant les gains atten­dus dans les très bons scé­nar­ios (typ­ique­ment un TRI de 25 % ou 30 % sur cinq ans), le con­seil du man­age­ment devra faire porter la négo­ci­a­tion sur toutes les hypothès­es de per­for­mance de l’in­vestisse­ment, que ce soit dans les bas, les moyens et les hauts TRI, dans des hypothès­es de sor­tie courte (deux ou trois ans) et de sor­tie plus éloignée (cinq ans voire plus).

L’aspect plus qual­i­tatif du pack­age con­siste à pré­par­er le pacte d’ac­tion­naires qui régi­ra les rela­tions futures entre le man­age­ment et le fonds. Il cou­vre notam­ment le gou­verne­ment d’en­tre­prise, le report­ing, les claus­es de liq­uid­ité, les claus­es de départ indi­vidu­el, les claus­es antidilution.

En défini­tive, l’ac­tion du con­seil extérieur dépasse large­ment celle d’une aide au man­age­ment ; car, en per­me­t­tant d’éla­bor­er un cadre où chaque par­tie peut être gag­nante, cette action con­tribue large­ment à la réus­site de l’opéra­tion dans sa globalité.

Cal­lis­to est une société de con­seil financier aux équipes dirigeantes dans les LBO, détenue par ses deux fon­da­teurs, Hervé couf­fin (71) et Éric Delorme.

Man­age­ment de tran­si­tion : un nou­veau méti­er por­teur et un art de vivre ?
De plus en plus d’en­tre­pris­es et de fonds d’in­vestisse­ment font appel à des man­agers de tran­si­tion pour accélér­er le change­ment et gér­er l’ur­gence ; de plus en plus de cadres et dirigeants expéri­men­tés font du man­age­ment de tran­si­tion leur méti­er et un art de vivre.
 
Et vous ?
 
Le 26 mars 2009, une con­férence-débat est organ­isée con­join­te­ment par les asso­ci­a­tions des anciens de l’X, CENTRALE et de l’ESCP-EAP pour apporter des répons­es, avec la par­tic­i­pa­tion de grands groupes, de fonds d’in­vestisse­ment, de man­agers de tran­si­tion et de pro­fes­sion­nels de ce secteur d’activité.
 
Lieu : grand amphi de l’ESCP-EAP, au 79, avenue de la République, 75011 Paris, à 18 h 45 précises.
 
Cette con­férence sera suiv­ie d’un cock­tail à 20 h 30.
Par­tic­i­pa­tion gra­tu­ite pour les anciens. Par­tic­i­pa­tion de 20 euros pour les autres participants.

Poster un commentaire