Aider au développement

Dossier : Géo-information et SociétéMagazine N°662 Février 2011
Par Frédéric DUPONT de DINECHIN (86)

REPÈRES
L’É­tat thaï­lan­dais a mis en œuvre un pro­jet de cadastre, cofi­nan­cé par plu­sieurs orga­nismes de déve­lop­pe­ment dont la Banque mon­diale. La col­lecte de géo-infor­ma­tion et l’ac­tua­li­sa­tion du cadastre sont indis­pen­sables pour for­ma­li­ser la situa­tion fon­cière de mil­liers de familles et valo­ri­ser un capi­tal fon­cier jus­qu’a­lors dormant. 

Dans une région agri­cole du sud de la Thaï­lande, l’é­quipe de géo­mètres arrive avec ses appa­reils GPS pour mesu­rer la limite entre les par­celles de deux pay­sans. Il est tard et les géo­mètres com­mencent par expli­quer aux pay­sans dubi­ta­tifs que, mal­gré la nuit qui tombe, les GPS peuvent iden­ti­fier avec pré­ci­sion tous les points sta­tion­nés. Leur cal­cul ter­mi­né, les géo­mètres impriment sur place le plan des deux par­celles et pré­sentent le résul­tat aux deux pay­sans. Ces der­niers signent confiants, au terme d’une pro­cé­dure contra­dic­toire où cha­cun a été enten­du, les plans qui ser­vi­ront à éta­blir en toute sécu­ri­té leur titre de pro­prié­té. Avec ces docu­ments, les pay­sans pour­ront obte­nir un prêt d’une banque locale. Cet argent finan­ce­ra des inves­tis­se­ments pro­duc­tifs et pro­cu­re­ra des reve­nus sup­plé­men­taires qui per­met­tront à plu­sieurs familles de sor­tir de la misère. 

Un outil de développement

Modes d’ac­tion variés
Les agences de déve­lop­pe­ment peuvent finan­cer des pro­jets uni­que­ment dédiés à l’ac­qui­si­tion de géo-infor­ma­tion et de maté­riel infor­ma­tique, comme c’est le cas pour la moder­ni­sa­tion d’un ins­ti­tut géo­gra­phique natio­nal. À d’autres occa­sions, l’in­for­ma­tion géo­gra­phique sera une com­po­sante limi­tée mais stra­té­gique du pro­jet comme l’ac­qui­si­tion d’un sys­tème d’in­for­ma­tion géo­gra­phique simple d’u­ti­li­sa­tion pour modé­li­ser les phé­no­mènes cli­ma­tiques d’un pro­jet d’as­su­rance des récoltes. 

Com­po­sante cen­trale de nom­breux pro­jets de déve­lop­pe­ment finan­cés par les ins­ti­tu­tions finan­cières inter­na­tio­nales, la géo-infor­ma­tion aide le déve­lop­pe­ment rural et urbain, la pro­tec­tion de l’en­vi­ron­ne­ment et la ges­tion des res­sources natu­relles, par exemple. L’en­goue­ment pour l’in­for­ma­tion géo­gra­phique est en grande par­tie dû au déve­lop­pe­ment récent des tech­no­lo­gies qui la rendent plus acces­sible et moins coû­teuse : en 1990 une image satel­li­taire coû­tait plu­sieurs mil­liers de dol­lars, aujourd’­hui cha­cun peut visua­li­ser sa mai­son sur des sites Inter­net en accès libre. 

Les orga­nismes de déve­lop­pe­ment ont pla­cé la dimen­sion géo­gra­phique au cœur de leur réflexion pour amé­lio­rer l’ef­fi­ca­ci­té de leur action. Ils ont déve­lop­pé des com­pé­tences internes et dans cer­tains cas éta­bli des labo­ra­toires de géo-infor­ma­tique. Les ana­lyses spa­tiales per­mettent, par exemple, d’é­vi­ter de finan­cer deux hôpi­taux dans deux villes trop proches ou une école dans une zone inaccessible. 

L’in­for­ma­tion géo­gra­phique n’est plus seule­ment réser­vée aux experts 

Démocratisation

L’in­for­ma­tion géo­gra­phique s’est démo­cra­ti­sée et n’est plus seule­ment réser­vée aux experts. Les ini­tia­tives réus­sies de car­to­gra­phie par­ti­ci­pa­tive témoignent de cette évo­lu­tion posi­tive. Des groupes indi­gènes d’A­mé­rique cen­trale ont déli­mi­té eux-mêmes leurs ter­ri­toires tra­di­tion­nels à par­tir d’i­mages satel­lites à haute réso­lu­tion. La tech­no­lo­gie devient com­pa­tible avec leur » cos­mo­vi­sion » de l’es­pace où ils vivent. C’est l’a­bou­tis­se­ment de l’u­ti­li­sa­tion de la géo-infor­ma­tion pour le déve­lop­pe­ment des plus pauvres.

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